"We feed the World", film à voir

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Pour comprendre en une heure 35 mn, de manière synthétique et concrète, comment notre système agricole subventionné détruit les exploitations agricoles des pays du Sud, et dénature profondément et irrémédiablement la qualité de notre notre propre production alimentaire en Europe, rien ne vaut le film de Erwin Wagenhofer...

We feed the World, un film de l’ autrichien Erwin Wagenhofer, actuellement sur les écrans.

Pour comprendre en une heure 35 mn de manière synthétique, comment notre système agricole subventionné détruit les exploitations agricoles du Sud, et dénature profondément et irrémédiablement la qualité de notre notre propre production alimentaire en Europe, rien ne vaut le film de Erwin Wagenhofer..
Un documentaire sans complaisance, mais également sans commentaires spécialement appuyés, qui donne à voir, tout simplement, via différentes interviews d’acteurs clés, notre réalité en matière de production alimentaire européenne et mondiale.

"We feed the world " (le marché de l’alimentation, traduit par "le marché de la faim") est le slogan de Pionner, premier producteur mondial de semences. Après un reportage saisissant sur le gaspillage de pain à Vienne, le film s’attarde en Roumanie, pays agricole encore traditionnel aux produits savoureux, mais menacé par l’industrialisation et la production de semences hybrides. Les aubergines roumaines "modernes" issues de telles semences sont jolies à regarder mais sans saveur et, comme les productions OGM, incapables de se reproduire .
Voilà le début d’un cercle vicieux (dans lequel est déjà installée l’Europe de L’ Ouest) qui renchérit irrémédiablement le cout de la production agricole, et rend les agriculteurs dépendants des semenciers. Impossible de s’en sortir sans aides de l’ Etat ou de l’ Europe. A qui bénéficie ce surcoùt ? Non pas au "consommateur", mais à quelques grandes firmes qui ne pensent qu’au profit de leurs actionnaires. Celles ci s’approprient le vivant pour faire de l’argent. L’interview du responsable de Nestlé, à la fin du film, concernant la vente de l’eau est surréaliste, je n’en dit pas plus pour vous la laisser découvrir.

Mais il y a plus :
Notre système de subventions à l’agriculture européenne fait que nos productions agricoles ne sont pas vendues à leur véritable coùt dans les pays du Sud. Les tomates industrielles européennes sont ainsi vendues trois fois moins cher à Dakar que les tomates sénégalaises. Incapables de resister (travailler 18h /jour n’y suffirait pas) ; les Sénégalais menacés de famine émigrent en Europe où ils reçoivent l’accueil que vous connaissez.

Alors que l’agriculture actuelle pourrait nourrir 12 millards de personnes, on meurt de faim au Brésil, en Afrique, en Inde....La foret amazonnienne est détruite pour y planter du soja afin de nourrir nos cheptel européens, alors que nous mangeons déjà trop de viandes (de mauvaise viandes industrielle, mauvaises pour notre santé mais aussi pour la planète : l’elevage intensif est gros producteur de gaz à effet de serre !)
 

Vendues en dessous de leur couts rels, notamment en ce qui concerne le transport (à peine 1% du prix de vente des tomates ) les productions agricoles en Europe sont encouragées à se "promener", à effectuer des km inutiles, et à s’industrialiser : il faut voir les images de la production massive d’oeufs et de poulets en Autriche, "objets alimentaires " poussés en 24 jours à peine, pour mesurer dans quelle aberration nous sommes tombés.
On a beau connaitre ces informations (les Verts défendent l’agriculture biologique et condamnent la Politique agricole commune -la PAC-depuis qu’ils existent ), la réalité montrée par les reportages fait froid dans le dos.
 Et ce n’est pas la PAC défendue par Chirac et l’ UMP qui peut améliorer les choses...

Marie Odile NOVELLI