J’ai lu Littérature Historique "L’heure des châtiments" de J.Kessel
"L’heure des châtiments" de J. Kessel, à la fois un document historique et une épopée...
Je recommande La lecture du livre du journaliste Joseph Kessel :
"L’heure des châtiments."
Bon, il ne date pas d’hier , c’est vrai. Mais quel style. Et quel sujet : Il s’agit de reportages sur la période 1938- 1945. L’âge des catacombes commence avec la guerre d’Espagne, et se termine après la 2ème avec le procès du Maréchal Pétain.
Quel sens de l’ Epopée , de la scène vécue et du résumé historique ! Le tout avec les commentaires du journaliste qui assiste à la scène, et dans le même temps jette un regard a postériori sur ces épisodes noirs ; bref délivre émotions, analyses et philosophie éthique personnelles .
Une sorte de conte historique journalistique.
Extraits :
"Madrid tomba. Il y avait une deuxième dictature en Europe".
Ou encore :
" Qu’on imagine un port en feu , la nuit, couvert par dessus le mur des flammes d’un moutonnement énorme de fumée noire et visqueuse. Qu’on imagine l’ébranlement des explosions, les forts de la ville tirant sur les colonnes allemandes et les batteries allemendes tirant dans les rues, sur la rive, et les fleurs pourpres des fusées dans le ciel. Et déjà, les bruits saccadés des mitrailleuses.
Qu’on imagine encore un chenal étroit (... )et, au milieu de cette sorte d’hallucination, dans l’ombre trompeuse d’un faux jour traversé de reflets sanglants, (..) cherchant à accoster pour emmener la masse humaine casquée et silencieuse...(...), qu’on imagine tout cela et l’on aura une faible vision de ce que fût le suprème départ de Dunkerque, le dernier épisode d’une entreprise (...) qui, racontée quelques jours auparavant, eût semblé surhumaine ou insensée.
Et pourtant, j’en voyais l’achèvement.
(...) A bord du "Branlebas", un projectile a éclaté en l’air, fauché 25 hommes.
-On se fout de la souffrance, dit un des matelots qui a la jambe tranchée. Comment va le bateau ? Comment vont les copains ?
Et l’autre, qui a 25 ans, l’épine dorsale traversée, le ventre atteint,trouve en lui la force de monter à son poste de combat.
Je pensai à tout cela au fond de l’enfer et à cause de cela l’enfer paraissait supportable.
En relisant ces lignes, je me dis : c’est curieux comme ces extraits peuvent sembler emphatiques... Et pourtant il y a bien eu toutes ces horreurs, il n’y a pas si longtemps.
J’y vois deux raisons : C’est à la fois loin de nous en terme de vécu, mais aussi, c’est un peu étranger à nous même, étranger à la forme de dépression que vit notre époque. Comme si nous n’étions plus capable de sentir fortement les douleurs et les joies....
Qulques lignes encore, pour finir :
"Ainsi le jour est venu.
Le monde l’attendait. Les hommes le savait promis, inévitable, à leur espérance. Mais au sein de cette certitude, on sentait une incrédulité obscure.
Tant de journées et tant de journées, tant de nuits et tant de nuit à vivre, à penser, dans la guerre." (...) . Et cette habitude horrible de l’horreur poussée en chacun comme un double.
Les enfants nés au mois de septembre de l’année 1939 ont aujourd’hui près de six ans.
Mais le jour est venu où les homme d’Europe, brûlés par toutes les foudres de l’Apocalypse et incapables de compter leurs morts sans nombre, vont pouvoir se réveiller et s’endormir et ne pas se demander : quel ami, quelle citée, quelle nation a, ce soir ou ce matin, cessé d’être ?".
1945 : l’accusé était Maréchal de France( JK assiste aux audiences pour France soir)
"Ce n’est pas la gêne physique , ce n’est pas la chaleur gluante qui font regretter que soit si exigüe la salle où est jugé Philippe Pétain (...). C’est qu’un procès monumentale prenne, à cause des dimensions mesquines de l’enceinte où il se déroule, figure de pauvre drame bourgeois.
Le Marechal Pétain. Puis De Gaulle.
Je me dis : où en étions nous, alors, en France, de notre recours à l’homme providentiel, de notre "identification amoureuse, de notre "soumission volontaire" dont nous entretient
Myriam Revault d’Allonnes, dans son ouvrage "pourquoi nous n’aimons pas la démocratie ?"
... Sans commentaires.
MO.N
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