EDUCATION/ La France à la peine
Enquête PISA 2009 : la France a des résultats très moyens et très inégalitaires
Enquête PISA 2009 : la France a des résultats très moyens et très inégalitaires.
Eric Charbonnier, expert à la direction éducation de l’OCDE commente et analyse les résultats PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves)
Extraits choisis
(l’étudiant http://www.letudiant.fr/actualite/resultats-de-l-enquete-pisa-2010-par-l-ocde/enquete-pisa-2009-les-eleves-francais-sont-moyens.html)
Ni dans les meilleurs, ni dans les pires, les élèves français de 15 ans se situent au même niveau que la moyenne des pays de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique). Quel est le principal enseignement de l’enquête PISA pour la France ?
La situation apparaît de plus en plus dichotomique. L’écart se creuse entre les très bons et les très mauvais élèves. Les élèves moyens sont de moins en moins nombreux. En « compréhension de l’écrit », la proportion de jeunes qui n’ont pas le niveau 2 [élèves en grande difficulté scolaire et qui ont peu de chance d’aller jusqu’au bac, NDRL] est passée de 15 à 20 % entre 2000 et 2009. Les performances en maths ont également diminué de façon inquiétante depuis 2000. La France passe du groupe des pays forts à celui des pays dans la moyenne. S’il y a 10 ans, elle était au-dessus de l’Allemagne, la Pologne et le Portugal, elle est aujourd’hui au même niveau.
L’écart se creuse également entre les filles et les garçons.
En France, les filles ont l’équivalent d’une année d’études d’avance (39 points de plus) sur les garçons. Là encore, cet écart se creuse. Mais le phénomène est constaté partout. C’est aussi un problème en Finlande, pays souvent pris en exemple pour la réussite scolaire, où l’on enregistre une différence de 55 points. Les filles sont meilleures en lecture, les garçons en maths. On retrouve cette différence plus tard, dans le supérieur.
D’une manière générale, les pays nordiques, la Finlande mise à part, ne sont pas aussi performants qu’on le dit…
Non, et il ne faut pas chercher forcément à copier un modèle d’éducation. Les élèves ont peu d’heures de cours en Finlande, alors qu’ils en ont beaucoup aux Pays-Bas, or ces deux pays obtiennent de bons résultats. En revanche, tous ceux qui réussissent bien sont ceux qui luttent contre l’échec scolaire. Cela passe par un enseignement en petit groupe en Finlande, du soutien aux Pays-Bas. En France, on a choisi de faire redoubler les élèves. Ce n’est pas une bonne solution.
En France, le milieu socio-économique a un grand impact sur les performances…
En effet, les inégalités sociales sont fortes en France et influent beaucoup sur les résultats des élèves, contrairement à ce qui se passe dans des pays comme la Corée. Malgré tout, la France reste dans la moyenne des pays de l’OCDE. Cela signifie que les élèves des milieux favorisés tirent l’ensemble vers le haut et permettent à la France de se maintenir. Ce qui n’est pas le cas en Autriche ou en République tchèque où même les élèves des milieux favorisés ne réussissent pas bien. Cela signifie également qu’il faut axer les efforts sur les aides aux élèves des milieux défavorisés.
Selon les données de l’OCDE datant aussi de l’année 2006, la France se caractérise pour l’enseignement primaire par un coût salarial par élève ( 1625 dollars) nettement plus faible que dans la moyenne de l’OCDE : elle est en 25° position pour 30 pays. L’écart par rapport à cette moyenne ( c’est à dire 637 dollars ) s’explique par des facteurs de sens divergent : un salaire des enseignants plus faible ( - 256 dollars ), un temps d’enseignement assuré par les enseignants plus élevé ( - 257 dollars ), une taille des classes plus importante ( - 394 dollars ), et, en sens inverse, un temps d’instruction des élèves plus long ( + 270 dollars ) ».
Au collège, le coût salarial par élève en France ( 2392 dollars ) reste encore inférieur à la moyenne de l’OCDE : la France se situe en 22° position. Ici encore, ce coût moins élevé ( écart de – 526 dollars ) s’explique par un salaire des enseignants plus faible ( - 347 dollars ) et par une taille des classes plus importante ( - 803 dollars ) ; en revanche, le temps d’instruction des élèves est plus élevé que dans la moyenne de l’OCDE ( + 315 euros ), et le temps d’enseignement des enseignants est moins élevé ( + 310 euros ) ».