Coups de Force sur les retraites
Coups de force sur les retraites !
Tandis que l’UMP au gouvernement s’active sur les retraites, censure "la rue" et l’assemblée nationale (notamment en imposant le vote bloqué au Sénat), Selon Médiapart, le frère du président vise le pactole du marché de la retraite complémentaire privée.
I. Au Sénat, le Gouvernement censure l’opposition (communiqué des Sénateurs Verts)
Jeudi 21 octobre à 16h30, le Ministre du Travail a déclaré qu’il n’était "pas justifié" d’étudier les 200 amendements de l’opposition restant en discussion au Sénat.
Quatorze amendements des Sénatrices et Sénateurs Verts seront donc rejetés en bloc, sans débat. Ces amendements proposaient une réforme des régimes des retraites des parlementaires, et le plafonnement des retraites chapeau. Ils demandaient une amélioration des droits à la retraite des femmes, des apprentis, des stagiaires, des étudiants, et des couples pacsés. Ils développaient d’autres mesures de financement des retraites, plus justes.
Les sénateurs ont adopté, vendredi 22 octobre, la réforme des retraites par 177 voix contre 153. La loi doit désormais passer lundi en commission mixte paritaire.
II. Retraite : la joint-venture des frères Sarkozy contre les régimes par répartition. Selon Médiapart, le frère du président vise le pactole du marché de la retraite complémentaire privée.
"Beaucoup de grands opérateurs privés intervenant dans le domaine de la protection sociale sont convaincus que la réforme, telle qu’elle se dessine, va conduire à l’asphyxie financière des grands régimes par répartition. Elle va donc être propice à l’éclosion de ces grands fonds de pension qui n’étaient pas encore parvenus à s’acclimater en France, à quelques rares exceptions près, comme Prefon, un fonds de capitalisation destiné à la fonction publique. Beaucoup de grands opérateurs privés, dont le groupe Malakoff Médéric, qui a pour délégué général un certain Guillaume... Sarkozy, le frère du chef de l’Etat.
Il ne s’agit pas que d’une coïncidence. Mais bien plutôt d’une stratégie concertée... en famille ! Guillaume Sarkozy a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. Et il a trouvé des alliés autrement plus puissants que lui, en l’occurrence la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras armé financier de l’Etat, et sa filiale la Caisse nationale de prévoyance (CNP).
Ensemble, tous ces partenaires vont créer, le 1er janvier prochain, une société commune qui rêve de rafler une bonne part du marché qui se profile. Cette société n’aurait jamais vu le jour sans l’appui de l’Elysée, ce qui montre bien le double jeu présidentiel.
L’histoire commence en 2006. A l’époque, Guillaume Sarkozy traverse une mauvaise passe. L’entreprise textile dont il était le PDG a piqué du nez, et il est éconduit de manière peu glorieuse des instances dirigeantes du Medef. De bonnes fées veillent pourtant sur lui. Il est parachuté à la tête du groupe Mederic, qui se rebaptisera quelque temps plus tard Malakoff Médéric. Il s’agit de l’un de ces organismes de retraite complémentaire financièrement très riches, qui se sont progressivement détachés de leur monde d’origine, celui du mouvement mutualiste et coopératif, pour muter à vive allure en de curieux ovnis financiers, contrôlés par personne : ni véritablement par leurs sociétaires ou cotisants, ni par les marchés financiers.
Pour Guillaume Sarkozy, c’est une aubaine. Le voilà soudainement délégué général d’un groupe financier peu connu du grand public mais financièrement puissant, et qui compte dans le microcosme du capitalisme parisien. C’est ainsi, au titre de la participation au capital que détient Médéric, que Guillaume Sarkozy fait son entrée en 2008 au conseil de surveillance du groupe Le Monde, conseil qu’il devrait quitter dans les semaines à venir après le bouclage du rachat du Monde.
C’est donc à cette époque que prend forme l’idée d’une association entre Médéric et la CDC, en vue de créer une « joint-venture », une co-entreprise si l’on préfère, dont l’ambition est de jouer un rôle majeur dans les années à venir sur le marché de la retraite complémentaire.
Pour Guillaume Sarkozy, il s’agit d’un coup formidable car c’est, à plus d’un titre, une alliance contre nature. La Caisse des dépôts est en effet le pilier auquel est adossé le système des retraites par répartition. C’est elle qui gère plusieurs caisses très importantes ainsi que le Fonds de réserve des retraites (FRR), que Lionel Jospin a créé et dont la droite n’a pas poursuivi la montée en puissance. La CDC joue donc là l’une de ses missions d’intérêt général majeures : assurer la solidité et la pérennité des régimes par répartition.