DESINFORMATION sur les retraites

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

13 Septembre 2010, "Les invités de Mediapart"

Edition : Retraites, le grand débat

Gérard Filoche, inspecteur du travail, membre du Bureau national du Parti socialiste, ne fait pas dans la nuance : il frappe vigoureusement et démonte point par point l’intervention télévisée du Premier ministre sur les retraites, le 9 septembre dernier.

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extraits : :
"Dans l’émission « A vous de juger », le 9 septembre, François Fillon a répété pourquoi l’âge légal de la retraite devait passer de 60 à 62 ans, réforme « raisonnable et surtout incontournable ».
C’est hélas, encore,"le ton des plus grands médias qui ânonnent cela comme une
évidence.
Incontournable ? Il y a 2 ans à peine, même Sarkozy ne le croyait pas...Tout cela est pur mensonge : la réforme Sarkozy-Fillon-Woerth est la pire en Europe. Ils s’en sont d’ailleurs vantés à Bercy auprès de la presse économique, expliquant qu’ils faisaient cela pour garantir les créances de la France auprès des agences de notation et des banques mondiales".

Le Premier ministre s’est efforcé d’expliquer qu’elle « s’inscrit dans une continuité après celles de 1993 et de 2003 ».
Ce n’est même pas vrai : c’est une offensive d’ensemble cette fois, contre toutes les catégories du salariat, et qui vise à imposer des objectifs inatteignables (62 ans, 67 ans, 42 annuités) en sachant parfaitement qu’ils ne seront pas atteints et qu’en conséquence le seul résultat sera de baisser les droits et niveaux de retraites, donc d’économiser des dizaines de milliards de « salaires » continués... pour le seul profit des banques, fonds de pension, CAC 40.

Se voulant rassurant, il a d’ailleurs indiqué qu’aucune réforme n’était « définitive » et qu’il « faudra forcément réaliser des adaptations au cours de la mise en œuvre de cette réforme ». « Il faudra faire évoluer les choses », a-t-il précisé.
C’est clair puisque Fillon et ses amis refusent ce qu’ils appellent une « hausse des prélèvements obligatoires ». Ainsi écartent-ils un financement du « pic » de paiement des retraites prévu de 2016 à 2036 par la hausse des cotisations basées sur les salaires. Ils prétendent
mensongèrement que cela nuirait à notre « compétitivité », que c’est impossible, exclu.. alors que c’est la seule solution.

Interrogé sur le passage de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite, François Fillon a martelé qu’on ne pouvait pas « réussir à
équilibrer les régimes de retraite » sans cela.
C’est l’inverse puisque de moins en moins de salariés pourront atteindre les 62 ans avec tous leurs trimestres, et l’équilibre du
niveau des retraites en sera affecté... Des baisses de 20 à 40 % du niveau des retraites en résulteront, la misère sera de retour chez les
« vieux », on retourne vers le XIXe siècle...

Une condition, selon lui, indispensable, pour garantir la pérennité du système par répartition en vigueur en France, qui fait partie, a-t-il
rappelé, de « notre pacte républicain ».
C’est une hypocrisie totale : en affaiblissant le niveau des retraites, en rendant inatteignable le nombre d’annuités, il ouvre un champ aux assurances individuelles, complémentaires, aux retraites individualisées CONTRE la retraite par répartition. D’ailleurs les assurances se précipitent, organisent la crainte qu’il n’y ait « plus de retraite » et veulent placer leurs « produits financiers ». C’est ainsi qu’en mentant, Fillon aide objectivement, à la « capitalisation ». La baisse du niveau réel des retraites poussera certains à rechercher des relais ailleurs. Le « pacte républicain » de Fillon sera défait. Mais ceux qui marcheront dans sa combine, soit seuls en épargnant difficilement, soit sous la contrainte de leur employeur du moment, se feront rouler comme des millions de travailleurs anglo-saxons bafoués par Maxwell ou Enron : leur épargne finira dans les subprimes, les Hedges fund, les îles Caïman, rongée par l’inflation et par la spéculation.

« Le coeur de la réforme, c’est l’allongement de la durée de travail, a-t-il martelé. Tous les autres pays européens ont augmenté l’âge
légal. Chez nos voisins, le débat, c’est de passer à 65, 66 ou 67. »
Là, c’est un mensonge éhonté. Une pure manipulation.
En Italie, en Espagne, en Allemagne, il faut 35 annuités et pas 40 ni 42 annuités comme il veut nous l’imposer en 2020... En Italie, en Espagne, les 67 ans sont envisagés pour 2027 et en Allemagne, c’est prévu en 2029 tandis que Fillon veut imposer cela en France en 2018.
Or en France, nous sommes mieux placés socialement et démographiquement. Car déjà les syndicats allemands constatent que le projet à 67 ans échoue : à l’heure actuelle seulement 21,5 % des salariés allemands travaillent au-delà de 60 ans, encore moins qu’en France, d’où le fait que les syndicats dénoncent cette orientation impossible et engagent la bataille contre l’éventuel passage à 67 ans qui n’aura peut-être jamais lieu. Pour qui le gouvernement nous prend-il en racontant de telles salades sur ce qui se passe en Europe ? Les différences sont telles en Europe que vouloir un même âge de retraite cela reviendrait à imposer la même température de chauffage entre Helsinki et l’Andalousie...

Si le cœur de la réforme, c’est d’allonger la durée du travail, c’est fichu d’avance. Car depuis la précédente loi Fillon de 2003, le nombre
d’annuités cotisées a diminué et non pas augmenté : il est passé de 37,5 annuités à 36,5 annuités, crise et chômage aidant. Dans la vie réelle, pas dans la propagande gouvernementale, pas dans les pseudos rapports fabriqués, pas sur TF1, les salariés travaillent en vérité en
MOYENNE un peu plus de 36 annuités (photographie du marché du travail INSEE, 2008). Vouloir leur imposer 41,5 annuités, c’est les faire sauter à la perche sans perche. Un tout petit nombre y parvient : moins de 40 %. Ceux-là, en effet, sont obligés, déjà, de travailler
plus, contre leur gré, pour obtenir tous leurs trimestres et partir sans décote et ils vont, comme cela a été dit, jusqu’à 61 ou 62 ans.
Mais plus de 60 % n’ont pas cette chance, pas ce choix, ils sont licenciés, inaptes, malades, chômeurs, en fin de droits, à partir de
55, 56, 57 ans...

Et comme nous avons 4,2 millions de chômeurs réels, 600 000 chômeurs à temps partiels forcés, trop de femmes à temps partiels subis (60 % des 85 % de femmes sur 3,6 millions concernés), trop de précaires, 23 % de jeunes au chômage, le moment n’est pas à « travailler plus » mais à travailler mieux, moins, pour travailler tous... Quand on pense que, paradoxalement, Fillon dépense aussi 2,2 milliards pour payer des heures supplémentaires à ceux des patrons qui en font faire et les déclarent...

« Les déficits se sont aggravés du fait de la démographie mais aussi de la crise économique », a-t-il poursuivi.
Quel aveu de manque de maîtrise du sujet et des contradictions de la propagande officielle ! Tantôt on nous dit que tout cela relève d’une
question clef : la démographie. Tantôt on nous dit que c’est « la crise économique »... C’est soit l’un, soit l’autre, il faut savoir !

Fillon est un incohérent total : n’est-il pas célèbre pour avoir déclaré que la France était « en faillite »... un an avant la crise ?
Alors qu’arrive-t-il depuis la crise, elle est en « super faillite » ? Que que veut dire ce catastrophisme ? En fait, ce n’est qu’un alarmisme artificiel pour justifier la rigueur... La France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal réparties, c’est cela le fond... Quant à la crise, qu’en dit Fillon ? qu’elle est « conjoncturelle » et qu’« on va en sortir », que le chômage recule !
Alors si c’est cela, il n’y a pas de problème pour nos retraites en 2020 ni en 2030... Si on fait reculer le chômage et que les cotisations
salariales retraites rentrent à nouveau (comme en 1998-2000) il n’y a plus de « trou » dans les caisses retraite !
Et aucun déficit, aucun, absolument aucun ne s’est aggravé du fait de la démographie : la démographie n’a rien à voir là-dedans ! Nous avons la meilleure démographie d’Europe, la plus favorable : Fillon mentait déjà à ce sujet avec un rapport Charpin qui sous-estimait largement le taux des naissances. Nous avons 850 000 naissances par an depuis l’an 2000, soit 8,5 millions de bébés et d’enfants en 10 ans, un record.
Ils pourront cotiser dans les années 20 et 30. D’ailleurs le COR a révisé les prévisions : 70 millions de Français au lieu de 65 en 2040,
682 000 retraites de moins que prévus en 2020.
Car l’allongement de l’espérance de vie n’est pas aussi élevé que Fillon le prétend : ce n’est que 0,6 trimestre par an à 60 ans, et non pas un trimestre. Et c’est fragile : l’an 2003 l’espérance de vie a reculé d’un mois, avec la seule canicule. La biologie du corps humain n’a pas changé entre 55 et 65 ans, la souffrance au travail y est pareille.

« Si on disait qu’on ne peut plus payer les retraites ou baisser le prix des pensions, il y aurait beaucoup plus de monde dans les rues ».
(Fillon)
Quel culot. Les millions de manifestants ne sont pas des idiots, ni des sous-citoyens qui ne se rendent pas compte des réalités que M.
Fillon devrait péniblement leur communiquer. Ils manifestent justement parce que M. Fillon veut baisser leur retraite et qu’ils comprennent la manœuvre.

Le président de la République est-il le « patron de la réforme des retraites » ? « Bien sûr, comment pourrait-il en être autrement ? a
répondu le Premier ministre. Le président est élu par les Français et décide. »
Mais ce président-là a une particularité, entre autres, c’est que dans sa campagne pour être élu, il a expressément promis de « ne pas
toucher à la retraite à 60 ans ». C’est donc que c’est un menteur et que cela ne devait pas lui paraître si décisif que cela, ni si urgent , il y a un an ou deux... Serait-ce la crise économique qui l’a fait se renier ainsi ? Si oui, c e n’est pas la démographie, car aucun argument nouveau n’a surgi !

« Ce sera le système le plus généreux en Europe en termes de prise en compte de la pénibilité. Mais désigner des catégories reviendrait à recréer des régimes spéciaux ».
Fillon frise carrément l’insulte pour des millions de salariés dans ce propos. Ce qu’il propose est pire que partout en Europe. Il « offre »
depuis le 9 septembre de baisser à 10 % le taux d’incapacité à reconnaître pour avoir droit à la retraite à 60 ans (au lieu de 20 %
le 20 juin), il offre 30 000 « places » correspondant à ce taux (au lieu de 10 000) . Il définit la pénibilité selon trois critères :
1) Port de charges et souffrances dans les gestes et postures : mais dans ce cas, il y a plus de 5 millions de salariés concernés, 85 % des
maladies professionnelles sont des TMS, pas 30 000. (Sans compter que dans le code du travail « recodifié », la limite du port des charges à 25 kg a sauté le 1er mai 2008)
2) Exposition à des atmosphères, produits cancérigènes, toxiques : mais en France le taux de reconnaissance de cancers d’origine professionnels est un des plus bas, des plus sous-estimé d’Europe. On en a probablement entre 50 et 70 000 pas 30 000. Il y a 100 000 morts par l’amiante, pas 30 000.
3) Soumission à des horaires atypiques contraignants (travail posté, travail de nuit, cycles horaires irréguliers). Mais ça concerne 1 travailleur sur 5, soit près de 5 millions, le travail de nuit a augmenté, le travail posté aussi, on en meurt plus tôt, toutes les études le montrent. Et Fillon ose dire que c’est « généreux » de prévoir « 30 000 » réformés du travail vers 60 ans ?

« Nicolas Sarkozy a notamment proposé d’abaisser à 10% le taux d’incapacité permettant aux salariés effectuant un travail pénible de continuer à partir à la retraite à 60 ans, contre 20 % dans le texte actuel, et souhaité des accords de branche pour aménager leur fin de
carrière ». (Fillon)
Ni Sarkozy, ni Fillon ne connaissent le travail réel dans la vie réelle, pour 6 millions d’employés, 9 millions d’ouvriers, 5 millions de catégories « intermédiaires » (Insee) 3,5 millions de cadres... Le salariat, 92 % de la population active, souffre au travail. Et le patronat refuse des accords de branche alors que dans le bâtiment la retraite devrait être à 55 ans et pas à 60 ans... Pareil pour les 850 000 chauffeurs, ou les 350 000 nettoyeurs, les 3,6 millions de travailleurs de nuit...

« Quant à ceux qui commencent à travailler à 18 ans, l’injustice était la même quand le départ à la retraite était fixé à 60 ans. En 2003, quand on commençait à travailler à 14 ans, on partait à la retraite au même âge que celui qui a commencé plus tard. » (Fillon)
Bah oui, mais alors le seul « progrès » serait de les faire partir quand ils ont cotisé les annuités réclamées officiellement pour tout le monde. Prenons comme référence les annuités réellement faites, en moyenne par l’ensemble des salariés, si c’est 36, c’est 36, si c’est
38, c’est 38...

On a accepté le départ anticipé pour ceux qui ont commencé à travailler à 14, 15 et 16 ans. Aujourd’hui, cette mesure est étendue aux personnes qui ont commencé à 17 ans. 100 000 Français pourront bénéficier de l’extension à 17 ans. Si on va plus loin, l’équilibre
financier du système par répartition n’est plus assuré.
Baratin. Car avec les périodes de chômage, les retraites calculées sur 25 années sont substantiellement abaissées. Maintenant la droite a
fait que des apprentis ont le droit de commencer à 14 ans, et de travailler le dimanche et la nuit à partir de 15 ans (pendant trois ans et entre 25 et 85 % du Smic). Un tout petit, trop petit nombre de salariés bénéficient de ce qui n’est que justice. Les femmes qui ont des carrières interrompues, et des salaires plus bas de 27 % sont les plus lésées par ce système de calcul, même quand elles ont commencé tôt.

« Nous avons augmenté la fiscalité sur les Français les plus aisés pour financer les retraites. Le bouclier fiscal ne s’appliquera pas
sur cette augmentation ». Le gouvernement préconise « une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital », précisant que cette contribution « ne donnera pas droit à restitution au titre du bouclier fiscal ». « Par conséquent, certains
contribuables seront amenés à verser plus de la moitié de leurs revenus au Trésor public, contrairement à ce que prévoit le bouclier fiscal. Nous avons aussi augmenté la taxation des stock-options ». Fillon
Peanuts. Des cacahuètes. D’ailleurs Fillon ne dit rien, reste vague à la télévision. Sur les mesures prises et ce qu’elles sont censées rapporter. Alors que 110 milliards de recettes en moins, de cadeaux fiscaux ont endetté la France depuis six ans. Il faut interdire les stocks option, imposer un revenu maxima à 20 fois le Smic, supprimer le scandaleux bouclier fiscal, rétablir des tranches progressives de l’impôt direct sur les fortunes et les sociétés, soumettre l’intéressement et la participation aux cotisations sociales.

« Les socialistes imaginent qu’ils vont prélever plus des 2/3 des stock-options. Mais alors, il n’y en aura plus. » Fillon
C’est vrai, mais c’est tant mieux. Tous les revenus salariaux et assimilés doivent être soumis à cotisation, c’est la principale garantie de la pérennité de notre système de retraite par répartition. 90 % de notre système de retraite repose là-dessus, C’est du solide. Bien mieux que n’importe quelle épargne. Les cotisations vont EN DIRECT de ceux qui travaillent et cotisent à ceux qui sont en retraite : pas de captation ni de spéculation possible.
Mais notre niveau de prélèvements obligatoires est parmi les plus élevés en Europe. Les charges qui pèsent sur les entreprises sont déjà lourdes. On ne peut pas aller plus loin. (Fillon)
C’est non argumenté, non étayé, non chiffré. D’abord c’est archi-faux, tout le monde le sait et l’a répété, nous sommes dans la moyenne
européenne (Cf. « Salariés, si vous saviez... ») De même que nous sommes dans la moyenne européenne en matière de salaires et en matière de durée du travail (idem). Et cela ne veut rien dire : en Europe, les pays qui ont la durée du travail la plus longue sont les plus pauvres. Idem pour les salaires. Par contre nous avons le taux de productivité horaire le plus élevé au monde. Quand Fillon dit aussi que tout cela c’est la faute à la retraite à 60 ans en 1982 et aux 35 h en 2000, il ment donc. (Il prétend aussi que « la défaite en 1940 est due au Front populaire »...).

La vérité : les cotisations sociales sont des prélèvements volontaires, pas « obligatoires ». Ce ne sont pas des « charges ». Le mot « charges » n’existe pas ni dans le code du travail, ni dans le code de la sécurité sociale... Il s’agit d’une mutualisation d’une part des salaires, pas d’un impôt. Les cotisations sont mises dans un pot commun et redistribuées à chacun selon ses besoins. Ce n’est pas une charge, mais un bonheur. La différence est substantielle : l’impôt n’est pas pré affecté, les cotisations le sont, et à la seule protection sociale.

C’est ce « matelas » de protection sociale (les sommes prélevées sont supérieures à l’impôt) que Fillon trouve trop élevé et qu’il s’efforce
de rogner sans cesse, ce matelas qui nous a relativement protégé contre la crise, il faut le renforcer dans l’intérêt de nos retraites et de notre Sécu, et non pas l’affaiblir.

« Faire appel au capital, c’est exposer nos concitoyens à avoir des baisses de pensions (sic) » a argumenté Fillon en excluant de suspendre le bouclier fiscal.
Incompréhensible. Soit il critique là l’insécurité des fonds de pension. Soit il protége le capital de toute participation pour les retraites : mais selon nous, la meilleure et la plus simple façon de taxer le capital avec une sécurité pour nos concitoyens, c’est d’augmenter les salaires et de baisser les profits, rétablissant un indispensable partage des richesses qui a sauté toute ces dernières années.

« Notre souci c’est qu’il reste des hommes et des femmes qui continuent à investir dans notre pays » Fillon
Mais nous sommes un des premiers pays au monde importateur de capitaux ! Et c’est parce que nous avons encore des services publics, un niveau d’éducation élevé, des routes, des voies ferrées, des infrastructures collectives, des écoles, des hôpitaux, une protection sociale qui assure un certaine ambiance de vie, etc... Quant aux non-patriotes qui veulent partir spéculer ailleurs, qu’ils partent ou qu’ils paient l’impôt républicain progressif à taux plein comme tout le monde...

« L’emploi des seniors est un défi très important, admet François Fillon. Les entreprises doivent mieux organiser les fins de carrière. Les plus âgés apportent des compétences. Des aides à l’embauche ont été prévues pour les plus de 55 ans. Il faut reconnaître que l’emploi des seniors s’est amélioré ces dernières années ».
C’est encore totalement faux. Les entreprises ont signé des « accords » pour garder les seniors, mais ne les respectent pas du tout. Elles
licencient en dépit de cela à partir de 55 ans. Deux salariés sur trois ne travaillent plus avant 60 ans.Et la loi Villepin (avril 2006) prévoyant d’autoriser deux fois 18 mois de CDD pour les seniors n’a (fort heureusement) été suivie d’aucun effet...

« On ne peut pas demander au système de retraites de corriger toutes les inégalités », a poursuivi François Fillon.
Si, on peut imposer que les retraites, qui sont un « salaire continué », ne soient pas inférieures au Smic, qu’elles soient indexées sur les salariés ! Cela protégerait les « vieux » issus des salariés modestes, de la misère. Et notamment les femmes ! Fillon s’est aussi lourdement trompé sur les retraites médianes (qui sont d’environ 1050 euros) et moyennes (environ 1320 euros) comme sur les salaires (médians à
environ 1470 euros et moyens à 1750 euros).

Les femmes ont des carrières souvent plus hachées ! « La question des femmes va se poser de moins en moins, car les jeunes femmes tendent à avoir la même durée de cotisation que les hommes », répond François Fillon qui ajoute qu’« il y a beaucoup de mesures qui permettent déjà d’améliorer la situation des femmes ».
N’importe quoi ! Il faudrait un article spécifique pour démonter ce grossier mensonge. (Lire Christiane Marty d’Attac, notamment). Les
femmes, ont toutes catégories confondues, en moyenne, des salaires plus bas de 27 % que celui des hommes.Il suffit de faire une loi imposant aux entreprises de régulariser en un délai d’un an sous peine de lourdes astreintes financières, et cela peut être corrigé en amont
des retraites, et imposer des retraites qui ne soient pas inférieures au Smic fera le reste.

L’Etat « donne deux années de cotisations supplémentaires par enfant. On prend aussi en compte les indemnités journalières des congés
maternités dans le calcul des pensions ». Fillon
Encore heureux car les congés maternité sont du « temps de travail effectif » (Fillon ne doit pas le savoir... comme les employeurs qui
fraudent là-dessus) et l’Etat a justement failli annuler les cotisations par enfant, les inquiétudes ne sont pas levées à ce sujet.

« Il faut dire la vérité : si l’on ne travaille pas plus longtemps, on ne cotisera pas plus, et c’est tout le système qui sera en péril. »

Au contraire, il faut travailler mieux, moins, tous, et les retraites seront équilibrées par les salaires et les cotisations. Chaque jour le
gouvernement ment, chaque fois rétablissons la vérité.

Gérard Filoche

Auteur, avec Jean-Jacques Cavigné, d’ « Une vraie retraite à 60 ans, c’est possible » 18,90 euros, Ed.JC Gawsevitch