Crise économique et sociale et inégalités en Europe

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Crise économique et sociale et inégalités en Europe : en Grèce, comme France avec les retraites, les décideurs font le choix de remèdes inégalitaires. Entre classes sociales, mais aussi entre génerations.


Crise économique et sociale et inégalités en Europe :
en Grèce comme en France, le choix de remèdes inégalitaires ; entre classes sociales, et entre génerations.

Je conseille aussi : la lecture de l’article de Gadrey "une autre relance est possible"
cliquer

La crise de la Grèce montre toutes nos limites européennes, dans tous les domaines.

Les réponses attestent du manque d’imagination et d’ambition sociale des responsables politiques :
- pas de réference à l’avenir, à une transformation écologique de l’économie par exemple, à une meilleure répartition des richesses au plan national , à une régulation financière. Toutes choses jugées impossibles aujourd’hui, mais qui s’imposeraient si nous avions tout à perdre ou à gagner , comme après guerre !
- Les "marchés" et banques continuent de faire la loi avec la bénediction des politiques : sur les 120 Milliards de dette grecque, 50 Milliards sont détenus par les Banques Francaise, l’ Allemagne détient l’essentiel de la dette espagnole, et tous les pays européens sont interdépendants ls uns des autres, et tous dépendants des marchés .
Mais de réponse en terme de coordination des politques fiancières et économiques européenne, point.

La réponse grecque, comme le serait aujourdhui la réponse française, est de
diminuer les revenus des salariés pour payer garantir le paiement des intérêts annuels de la dette
qui s’élève à près de 13 milliards d’euros.
Risques évidents : la recession, l’augmentation de la pauvreté.
Le gouvernement n’a pas eu la volonté d’assurer une redistribution directe et efficace au profit de l’emploi et des faibles revenus, ni de contrôler l’efficacité de la dépense publique .
Est-ce inéluctable ?
Non ! Les pays nordiques ont un traitement bien moins inégal des populations.

En matière de retraites, le gouvernement français a une philosophie assez proche de celle de la grèce par rapport à sa populartion :

Les retraites et inégalités en France :

les deux pistes envisagées par le gouvernement, à savoir le recul de l’âge légal de liquidation de la retraite et l’allongement de la durée de cotisation, pèseront sur les plus fragiles et les plus précaires, et représenteront une baisse des pensions (déjà bien entamées depuis les 1ères réformes sous Balladur)

Le nerf de la guerre pour la réforme des retraites, c’est la proportion d’actifs qui financent la pension d’un retraité. En France, ce ratio est de 2,4 pour 1 (c’est en dessous de 2 pour 1 en Allemagne) souligne EclairEco. Comme il y a plus de naissances en France que dans les autres pays développés, la situation est moins catastrophique. Pas obligé donc de prendre des traitements de choc comme en Espagne où l’âge du départ à la retraite a pris 2 ans d’un claquement de doigts (de 65 à 67 ans).

Si l’on suit Guillaume Duval (cf alternatives économique 19 avril) ]Le COR n’est pas si alarmiste (Conseil d’orientation pour les retraites) :

Que dit-il en effet ? Deux choses. Tout d’abord, la crise a sérieusement dégradé à court terme, de l’ordre de 20 milliards d’euros, soit un point de produit intérieur brut (PIB), l’équilibre des systèmes de retraite. A vrai dire, ce n’est pas une surprise et c’est même plutôt une bonne nouvelle : on attend en effet des systèmes de protection sociale qu’ils jouent un rôle de « stabilisateur automatique » en période de crise. Comme leurs dépenses restent stables alors que leurs recettes, indexées sur l’activité, plongent, le déficit qui se creuse automatiquement soutient l’activité et contribue à éviter un enchaînement dépressif fatal. C’est évidemment un problème à terme, mais il faut chercher à le régler avec prudence, car une hausse brutale des prélèvements ou une baisse significative des dépenses pourraient casser la fragile reprise qui s’amorce tout juste.
Ce que dit ensuite le rapport du COR c’est que, sauf mesures nouvelles, ce déficit supplémentaire dû à la crise ne se résorbera que très lentement et viendra s’ajouter à celui que le COR avait déjà prévu précédemment. Alors qu’en 2007, le Conseil prévoyait un déficit des retraites de 1 % du PIB en 2020, celui-ci serait désormais compris entre 1,7 % et 2,1 % du PIB, selon les trois scénarios plus ou moins optimistes retenus pour la croissance d’ici là. De même, en 2030, on passerait de 1,6 % du PIB de déficit prévu antérieurement à une fourchette de 1,9 à 2,9 % du PIB. Ces déficits sont élevés mais il faut raison garder : les cotisations retraites pèsent actuellement 13 % du PIB, et les scénarios du COR sont fondés sur une stricte stabilité de ce pourcentage à l’avenir. Couvrir deux points de PIB de déficit, cela consiste à augmenter les recettes du système de retraite de 15 % d’ici 2020. C’est important, mais ce n’est pas non plus la mer à boire…

Inégalités generationelles :

La France est l’un des pays d’Europe où les inégalités entre générations sont les plus visibles. Les plus jeunes y sont confrontés à de graves difficultés d’intégration.

Et nous n’évoquerons pas la crise de l’enseignement, avec le projet de loi sur la suppression des allocations familiales pour les absenteistes scolaires, qui ne tient compte ni des expérimentations d’autres pays, ni même d’études plus fouillées conduites par l’UMP...
Ni même des Stagiaires en péril. Les stagiaires de Génération précaire, qui poussent un coup de gueule.
Il y a trois ans, leur collectif avait obtenu péniblement la rémunération des stages de plus de trois mois. Le site Droit-finances en précise les modalités. Ils s’aperçoivent aujourd’hui que ces avantages très relatifs sont peu à peu rognés, notamment dans le secteur social : "Les stagiaires (au nombre de 1,2 million, en progression de 50 % entre 2005 et 2008) ne sont pourtant gratifiés que de 417 euros, soit moins que le seuil de pauvreté ou que l’ex-RMI. C’était déjà trop pour ces médecins libéraux (!) ou ces structures d’accueil du secteur social qui ont, du coup, coupé le robinet des offres de stages... et fait chanter leurs étudiants : ’pas de stage, pas de diplôme’."

Entretien avec Louis Chauvel , professeur à l’Institut d’études politiques de Paris.
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1244&id_mot=29

Extrait court du hors-série "Générations" du magazine Alternatives Economiques.

L’évolution des inégalités intergénérationnelles que l’on observe en France est-elle l’expression locale d’une dynamique commune à l’ensemble des pays développés ?
Quelles sont les difficultés communes que rencontrent les nouvelles générations dans les pays développés ?

L’explosion du coût du logement au cours des deux dernières décennies est un phénomène presque universel.
A l’opposé, nous trouvons le modèle nordique, dont la logique est à peu près antinomique. La référence centrale n’est pas le marché, mais le bien commun, public, qui doit être le mieux partagé possible entre les contemporains, mais aussi avec les générations futures. Un progrès social qui ne serait à l’évidence pas durable (comme un lourd endettement de consommation ou de fonctionnement et non d’investissement, par exemple) y serait illégitime. Ce sont des sociétés très égalitaires marquées par une volonté de formation de haut niveau de l’ensemble de la population tout au long de la vie. D’une façon générale, les réponses des politiques publiques aux risques de chômage des jeunes y sont très vives : elles sont garantes d’un idéal de welfare fondé avant tout sur l’emploi. L’objectif est ici aussi que tout jeune trouve sa place et qu’il puisse en changer, s’il le souhaite, en retournant à l’université.

Par rapport à la France, il y a là de nombreux paradoxes : malgré le haut niveau d’éducation de la population, en Suède, dès l’âge de 17 ans, la moitié de la population a reçu un salaire au cours de l’année, alors qu’en France, il faut attendre l’âge de 20 ans pour connaître le même niveau et 23 ans en Grèce. Symétriquement, au sein de la population masculine, dès l’âge de 57 ans, la moitié des Français est hors de la sphère salariale, et il faut attendre 66 ans pour voir le même niveau de "retraite pleine" ; dans les pays nordiques, l’égalitarisme et le plein-emploi des juniors et des seniors est une cible centrale du développement.