Intervention au congrès des mutuelles...
PROTECTION SOCIALE, LES MUTUELLES DE FRANCE SE MOBILISENT : Echanges intéressants au Congrès national de la fédération des Mutuelles de France, lors duquel je représentais la région Rhône Alpes.
Echanges intéressants au Congrès national de la fédération des Mutuelles de France, lors duquel je représentais la région Rhône Alpes.
Les mutuelles de France s’engagent au plan sociétal ! C’est une évolution importante. Malgré la diversit&é de leurs approches, elles ont bien compris l’enjeu de "desolidarisation" qui pèse aujourd’hui sur notre avenir.
Voici le discours que j’ ai prononcé à cette occasion ;
Séance inaugurale,
Congrès national de la fédération des Mutuelles de France
Mercredi 14 novembre octobre 2007 à 9h00
Alpexpo - Grenoble
Intervention de Marie-Odile NOVELLI
Vice-Présidente du Conseil régional
déléguée au Logement,
à la politique de la Ville et à la Solidarité
Monsieur le Président des Mutuelles de France Réseau santé,M. Berthon),
Monsieur le Président de la Fédération des Mutuelles de France (M. Panzani),
Monsieur le secrétaire général,
Madame, Monsieur,
Je vous prie d’abord d’excuser M. Philipp, vice-président de la Région délégué à la santé et aux sports,
Vous le savez, le législateur a confié à l’Etat le financement des dépenses en matière de soin, aux Départements les questions liées au vieillissement et à l’action sanitaire et sociale, laissant simplement aux Régions l’organisation des formations sanitaires et sociales.
Pour autant, l’importante question de la santé et de l’intervention des acteurs, publics et privé, en matière de santé dépasse nettement la simple question des découpages institutionnels.
Je m’exprimerais donc d’abord comme élue-citoyenne avant de vous faire part de l’intervention de la Région Rhône-Alpes dans ce domaine.
La question immédiate qui fait débat et celle de la mise en place des franchises médicales, avec un double enjeu portant sur le principe de justice et sur l’objectif d’efficacité.
Depuis des décennies, le principe en vigueur est globalement double : mutualisation avec redistribution des bien-portant vers les malades, et des plus riches vers les plus pauvres.
L’instauration des franchises tend à instaurer un système où les malades doivent gérer entre eux une forme de pénurie, à moins que le système mutualiste compense les réductions.
certes, le système dont nous héritons n’est pas idéal. L’idée suivant laquelle « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ces besoins » trouve des limites : le coût des besoins est supérieur aux recette des cotisations.
Il y a d’autres principes de justice possibles :
on peut imaginer une politique financée par une ficalité redistributive, on peut aussi imaginer une politique axée sur la prévention.
Surtout, un politique de santé plus efficace et moins coûteuse est envisageable.
60 % des dépenses sont consacrées à soigner 12 % des malades qui souffrent d’affections de longue durée. Et le nombre de ces malades a progressé de 74% en 10 ans.
La crise du financement de la santé est donc davantage due à l’augmentation des maladies chroniques et moins à l’irresponsabilité des assurés.
Je suis donc convaincue qu’il faut passer d’un système de soin très lié à l’industrie pharmaceutique à un système de santé qui intègre véritablement la question de la prévention.
Je reprends ma casquette de vice-Présidente de la Région.
En effet, à la différence du système de soin qui est confié à une série d’acteurs précis pour des missions bien définies, un système intégrant la prévention comprend bien d’autres acteurs.
La prévention consiste à réduire les risques et à accroître les bonnes pratiques de santé.
C’est à chaque individu dans sa propre vie, à chaque entreprise dans son système de production, à chaque collectivité dans les programmes qu’elle conduit, d’identifier les impacts possibles sur la santé.
C’est une responsabilisation à la fois collective et individuelle.
Cet axe, la Région Rhône-Alpes essaie de le développre depuis 2004. La question est pilotée non seulement par le vice-président en charge de la santé mais aussi la vice-présidente déléguée à l’environnement, Mme Blanchard.
Une série de mesures ont été adoptées telles que l’interdiction de fumer dans les TER, de mesures pour lutter contre l’obésité auprès des lycéens…
Toutes les délégations (sport, éducation etc) sont invitées à identifier l’impact de leur action en matière de santé pour améliorer la situation.
Ainsi, en tant que vice-présidente déléguée aux solidarités, à la politique de la ville et à l’habitat, les objectifs de la délégation sont a priori éloignés des questions de santé. Pourtant, dans le cadre de la généralisation de la qualité environnementale dans le bâti, nous avons abordé la question de la qualité sanitaire des matériaux. Il reste beaucoup à faire mais mon équipe et moi-mêmeavons mis en place des aides financières à la performance énergétique et à la qualité des matériaux mais aussi des actions de formation sur ces questions ;
Un Plan Santé-Environnement est en cours de mise en œuvre qui comporte trois volets :
- connaître et observer, avec par exemple des études sur les cancers de la thyroïde chez les enfants
- informer et expliquer avec par exemple une plateforme méthodologique pour les lanceurs d’alerte
- aider et protéger en constituant des réseaux d’acteurs.
Dans ce cadre, la Région Rhône-Alpes développe un partenariat avec l’Union des Mutuelles de France autour de la souffrance au travail. Il s’agit de mettre en place un réseau régional d’accueil et de prévention de la souffrance au travail pour mieux connaître le phénomène, le prévenir et le prendre en charge.
Je souligne que la question de la souffrance au travail est aussi une opportunité pour appréhender le travail comme un lieu d’épanouissement… ce qui serait une revendication interessante et un vrai bouleversement.
Je terminerais par un clin d’œil :
Les mutuelles sont ces objets juridiques et économiques non identifiés quelque peu bizarres. Ce sont bien des personnes privées mais elles n’ont pas de but lucratif. Elles interviennent dans un secteur en concurrence avec des entreprises mais elles sont régies par un principe démocratique (1 adhérent = 1 voix). Elles se reconnaissent dans le principe de solidarité et ne sélectionnent pas selon la santé des adhérents.
Bref, ces organisations où se mêlent un objectif de solidarité et des moyens d’efficcité , ne sont pas dans l’air d’une époque ou soit l’on fait du social soit de l’argent mais rarement les deux.
Pourtant, le gouvernement qui instaure les franchises, ce gouvernement qui glorifie le monde de l’entreprise, qui subventionne le maintien des plus riches sur le territoire national (car c’est bien le sens du bouclier fiscal) au nom de la compétitivité économique -et qui au passage fait porter le poids de la compensation sur les mutuelles, est aussi un gouvernement qui reconnaît par la même la performance économique des mutuelles.
je pense donc qu’il ne pourrra pas faire moins que de les considérer comme un des fleurons de l’économie nationale, fut-elle sociale et solidaire.