G.Aviaire, CAUSES CACHEES

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

LE ROLE CENTRAL DE l’INDUSTRIE DE LA VOLAILLE DANS LA CRISE DE LA GRIPPE AVIAIRE (ET LA PESTE AVIAIRE).

Le rle central de l’industrie de la volaille dans la crise de la grippe aviaire.

La faiblesse principale de la theorie des oiseaux migrateurs est que la diffusion geographique de la maladie ne correspond pas avec les itineraires et les saisons de migration. " Aucune espece n’emigre de Qinghai, en Chine, de l’Ouest vers l’Europe de l’Est, " indique le Dr Richard Thomas de BirdLife. " Le trace des cas de contamination suit les itineraires des routes principales et des voies de chemin de fer, pas les voies aeriennes. Et il est difficile d’expliquer l’absence de cas en Afrique, en Asie du Sud et du Sud-Est et en Australasie cet automne, si les oiseaux sauvages sont les porteurs primaires. "

GRAIN | Fevrier 2006

Communique de presse (2 mars 2006)

Ce n’est pas la volaille de basse-cour ou la volaille elevee en plein air qui alimente la vague actuelle de cas de grippe aviaire sevissant dans plusieurs endroits du monde. La souche mortelle H5N1 de la grippe aviaire est essentiellement un probleme de pratiques d’elevage de volaille industrielles
.
Son epicentre se trouve dans les fermes d’elevage industriel de Chine et d’Asie du sud-est et — alors que les oiseaux sauvages peuvent transporter la maladie, au moins sur de courtes distances — son vecteur principal est l’industrie avicole multinationale extremement automatisee qui envoie ses produits et les dechets de ses elevages autour du monde par une multitude de canaux. Les petits eleveurs de volaille et la diversite biologique ainsi que la securite alimentaire locale qu’ils soutiennent souffrent pourtant severement des retombees de cette crise. Et, pour aggraver les choses, les gouvernements et les organismes internationaux, suivant les hypotheses eronnees sur la maniere dont la maladie se repand et s’amplifie, continuent a prendre des mesures pour imposer le confinement et poussent a industrialiser davantage le secteur avicole. Dans la pratique, ceci signifie la fin de l’aviculture a petite echelle qui fournit la nourriture et les moyens d’existence a des centaines de millions de familles a travers le monde. Cet article apporte une nouvelle perspective sur l’histoire de la grippe aviaire qui conteste les hypotheses actuelles et remet les projecteurs la ou ils devraient etre : sur l’industrie multinationale de la volaille.

La grippe aviaire n’a vraiment rien de nouveau. Elle coexiste plutot paisiblement avec les oiseaux sauvages, les elevages de volaille a petite echelle et les marches de volaille vivante depuis des siecles. Mais la vague de souches extremement pathogenes de grippe aviaire qui a decime la volaille et tue des gens a travers la planete ces dix dernieres annees est sans precedent — comme l’est l’industrie multinationale avicole aujourd’hui.

Concentre de poulet

La transformation de la production de volaille en Asie ces dernieres decennies est stupefiante. Dans les pays d’Asie du sud-est ou la plupart des cas de grippe aviaire sont concentres — la Thailande, l’Indonesie, et le Viet Nam — la production a ete multipliee par 8 en seulement 30 ans, passant d’environ 300 000 tonnes de viande de poulet en 1971 a 2 440 000 tonnes en 2001. La production de poulet de la Chine a triple pendant les annees 90 pour passer a plus de 9 millions de tonnes par an. Pratiquement toute cette nouvelle production de volaille a ete produite dans des fermes industrielles concentrees a l’exterieur des villes principales et integrees dans les systemes de production transnationaux. [ 1] c’est l’endroit de reproduction ideal pour les souches hautement pathogenes de la grippe aviaire — comme la souche H5N1 menacant d’eclater en pandemie de grippe humaine. [ 2](...)

Neanmoins, les nombreux articles, rapports et documents de strategie sortant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la sante (OMS) et des organismes gouvernementaux competents contiennent a peine quelques bribes au sujet des implications de la volaille industrielle dans la crise de la grippe aviaire. Au lieu de cela, ils designent les basses-cours des fermes, avec des appels a des controles plus stricts sur leur fonctionnement et a une plus vaste " restructuration " du secteur avicole. Les grosses compagnies de l’industrie avicole essaient meme d’utiliser les cas de grippe aviaire comme " occasion " d’eliminer ce qui reste de la production de volaille a petite echelle. [ 3] " Nous ne pouvons pas controler les oiseaux migrateurs mais nous pouvons surement mettre toute notre energie a fermer definitivement autant d’elevages de volaille de ferme que possible " a declare Margaret Say, directrice du Conseil pour l’exportation des volailles et des oeufs des Etats-Unis pour l’Asie du Sud-Est.

Les reactions de quelques scientifiques ne sont pas moins scandaleuses. Des chercheurs du Royaume-Uni recherchent des poulets transgeniques resistants a la grippe aviaire. " Une fois obtenue l’autorisation reglementaire, nous pensons que cela ne prendra que quatre a cinq ans pour multiplier assez de poulets et remplacer toute la popualtion du monde, " a declare Laurence Tiley, professeur de virologie moleculaire a l’universite de Cambridge. [ 4]

l’elevage a la ferme n’est pas un passe-temps futile pour les populations rurales. c’est le noeud de la securite alimentaire et des revenus agricoles pour des centaines de millions de pauvrex ruraux en Asie et ailleurs, fournissant un tiers des proteines consommees pour une famille rurale moyenne. [ 5] Presque toutes les familles rurales en Asie gardent au moins quelques poulets pour la viande, les oeufs et meme l’engrais et c’est souvent les seuls animaux d’elevage que les fermiers pauvres peuvent se permettre. La volaille est par consequent cruciale pour leurs methodes d’agriculture diversifiee, tout comme la diversite genetique de la volaille des petites fermes est cruciale a la survie a long terme de l’aviculture en general.

La FAO le sait. Avant la crise asiatique de la grippe aviaire, cette organisation vantait les avantages de la volaille de basse-cour pour les populations rurales pauvres et la biodiversite et avait lance des programmes pour l’encourager. [ 6] Mais aujourd’hui, avec la souche H5N1 aux portes de l’Europe de l’Ouest, il est plus commun d’entendre la FAO parler des risques de l’elevage de la volaille en basse-cour. c’est une erreur imprudente. En ce qui concerne la grippe aviaire, l’aviculture diversifiee de petite taille est la solution, pas le probleme.
(....)
il y a peu de preuves attestant que les oiseaux migrateurs portent et transmettent le virus H5N1 fortement pathogene. Apres recherche de la maladie chez des centaines de milliers d’oiseaux sauvages, les scientifiques n’ont que tres rarement identifie des oiseaux porteurs de la grippe aviaire sous une forme fortement pathogene. [ 12 ] Comme la FAO l’a enonce tres recemment en novembre 2005, " Jusqu’ici, un examen approfondi des oiseaux migrateurs cliniquement normaux dans les pays infectes n’a produit aucun resultat positif pour le virus H5N1. " [ 13 ] Presque tous les oiseaux sauvages qui ont ete testes positifs pour la maladie etaient morts et, dans la plupart des cas, ont ete trouves pres des elevages de volaille domestique infectes. Meme avec les cas actuels de H5N1 chez des oiseaux sauvages en Europe, les experts sont d’accord pour dire que ces oiseaux ont probablement contracte le virus dans la region de la Mer Noire, ou le virus H5N1 est bien etabli dans la volaille, et sont morts alors qu’ils se dirigeaient vers l’Ouest pour echapper aux conditions exceptionnellement froides dans le secteur.
Un incident connu cite a charge contre les oiseaux sauvages a ete un cas de contamination massive de H5N1 parmi des oies dans le lac Qinghai, en Chine du Nord. Une theorie a ete rapidement construite sur la facon dont le virus a ensuite ete transporte vers l’Ouest par les oiseaux migrateurs, au Kazakhstan, en Russie et meme enTurquie. Mais les organisations de defense des oiseaux, et notamment l’organisation BirdLife international, ont fait remarquer que beaucoup d’elevages de volaille se trouvaient autour du lac Qinghai. Elles ont egalement note qu’il y a une exploitation de pisciculture dans le secteur dont la FAO avait aide a la construction, et que les fientes de poulet sont frequemment employees comme nourriture et engrais dans les exploitations de pisciculture integree en Chine. [ 14 ] En outre, beaucoup de trains et routes relient la region du lac Qinghai aux secteurs ou la grippe aviaire s’est manifestee, comme de Lanzhou, origine de la volaille infectee qui a precedemment declenche l’apparition du virus H5N1 au Thibet, a 2 400 km de distance. [ 15 ] Cependant, aucun de ces scenarios differents n’a vraiment attire l’attention de la FAO ou des autres principales autorites internationales.

La faiblesse principale de la theorie des oiseaux migrateurs est que la diffusion geographique de la maladie ne correspond pas avec les itineraires et les saisons de migration. " Aucune espece n’emigre de Qinghai, en Chine, de l’Ouest vers l’Europe de l’Est, " indique le Dr Richard Thomas de BirdLife. " Le trace des cas de contamination suit les itineraires des routes principales et des voies de chemin de fer, pas les voies aeriennes. Et il est difficile d’expliquer l’absence de cas en Afrique, en Asie du Sud et du Sud-Est et en Australasie cet automne, si les oiseaux sauvages sont les porteurs primaires. " [ 16 ] Si les oiseaux migrateurs transmettent la maladie, pourquoi la grippe aviaire n’a-t-elle pas frappe les Philippines ou la Birmanie, et pourquoi a-t-elle ete confinee a quelques exploitations commerciales au Laos, quand chacun des trois pays est entoure par des pays infectes par la grippe aviaire ? Meme s’il est possible que les oiseaux migrateurs transportent la maladie, comme les cas recents en Europe le suggerent, il y a des vecteurs beaucoup plus significatifs de transmission qui devraient etre au centre de l’attention. Il n’y a simplement aucune bonne raison a fermer les ecoutilles et a obliger au confinement de la volaille.

Poulets de basse-cour : vecteurs ou victimes ?

Les groupes de defense des oiseaux nous ont aides a comprendre a quel point les oiseaux sauvages sont les victimes et non les vecteurs de la forme fortement pathogene de la grippe aviaire. [ 17 ] Les souches fortement pathogenes de la grippe aviaire se developpent dans la volaille, tres probablement dans la volaille exposee a des souches plus benignes qui vivent naturellement dans les populations sauvages d’oiseaux. Dans des exploitations d’elevage de volaille surpeuplees, le virus benin evolue rapidement vers des formes plus pathogenes et fortement transmissibles, capables de sauter les especes et de se propager de nouveau chez les oiseaux sauvages, qui sont sans defense contre la nouvelle souche. Dans ce sens, H5N1 est un virus de volaille tuant les oiseaux sauvages, et non le contraire. [ 18 ]

Le meme argument se tient pour la production de volaille a petite echelle. La grippe aviaire n’evolue pas vers des formes fortement pathogenes dans des elevages de volaille de basse-cour, ou la faible densite et la diversite genetique maintiennent la charge virale a des niveaux bas. Les volailles de basse-cour sont les victimes de souches de grippe aviaire qui leur sont apportees d’ailleurs.

Quand des fermes sont separees de la source de la grippe aviaire fortement pathogene, le virus semble s’eteindre ou evoluer vers une forme moins pathogene.

La FAO et l’Organisation mondiale pour la sante des animaux (OIE) signalent qu’il est prouve que le virus H5N1 s’adapte au poulet de village de la meme maniere qu’il s’est adapte aux canards domestiques et qu’il y a " de plus en plus de preuves que la survie du virus dans la volaille des petits exploitants depend de la reinfection des volatiles par l’exterieure ". [ 19 ] c’est dans les exploitations de volaille industrielles surpeuplees et confinees que la grippe aviaire, comme d’autres maladies, evolue rapidement et se developpe (voir encadre 1).

Encadre 1 : Les lecons de la maladie de Newcastle (peste aviaire)

Curieusement, dans toutes les discussions sur la grippe aviaire il est tres peu fait reference aux experiences analogues avec d’autres maladies. La maladie de Newcastle (peste aviaire) est deja devenue endemique dans la plupart des zones d’aviculture et la vaccination contre la maladie est devenue desormais une activite de routine pour les aviculteurs du monde.

Tout comme la grippe aviaire, Newcastle existe sous des formes pathogenes benignes et virulentes. Dans sa forme endemique, la maladie de Newcastle n’est pas vraiment un souci ; elle ne tue generalement que quelques poussins dans un groupe infecte et n’entraine qu’occasionnellement la mort a grande echelle, lorsque les oiseaux sont predisposes a la maladie.
Le virus devient un probleme majeur lorsqu’il entre dans les elevages industriels. Selon les chercheurs Alders et Spradbrow, " dans les grandes unites commerciales avicoles, le virus s’introduit dans les elevages par une faille dans la biosecurite [par la nourriture, les personnes, les oeufs, les vehicules], par l’introduction d’oiseaux infectes dans les fermes multi-ages, ou par voie aerienne provenant d’une propriete voisine. Une fois que quelques oiseaux sont infectes, la propagation aux autres volatiles se fera principalement par voie aerienne. De grands elevages produiront de grandes quantites de virus aeriens, qui peuvent se repandre vers les autres elevages avec les mouvements de l’air. " [ 20 ]

c’est dans ce contexte que la maladie peut muter dans une forme hautement pathogene et decimer des elevages entiers. En 1998, la maladie s’est declenchee en Australie, tuant 10 000 poulets et a mene a l’abattage de 100 000 autres. Ce cas de contamination a pris les autorites au depourvu, tant les stricts controles sanitaires avaient apparemment tenu le pays a l’abri des souches hautement pathogenes depuis 60 ans.

" Nous avions pense qu’elle avait ete introduite de l’etranger ", a declare Jeff Fairbrother, le Directeur executif de la Federation australienne de la viande de volaille. Cependant, les recherches ulterieures menees par des virologistes ont montre que la souche endemique s’etait introduite dans l’elevage industriel et avait mute sous une forme virulente. [ 21 ]

Les Autorites australiennes n’ont pas repondu en s’attaquant aux volailles ou aux oiseaux sauvages potentiellement porteurs de la maladie et elles ne se sont pas contentees des declarations des industriels portant sur la " biosecurite " de leurs exploitations. Elles ont rendu la vaccination obligatoire pour les fermes possedant 500 volailles et plus. qu’en est-il des volailles de basse-cour ? Selon les brochures d’information du gouvernement sur les foyers d’epidemie :

" Non. Une forme tres benigne de virus de la peste aviaire est presente dans tous les Etats. Ce qui signifie que la souche ne peut muter en une forme virulente ; elle ne constitue donc aucune menace pour les oiseaux. Les foyers de maladie existant sur le continent entre 1998 et 2002 ont ete provoques par la mutation d’une souche endemique benigne (connue sous le nom de virus V4) en une souche virulente du virus. Tous les preuves disponibles montrent que, pour qu’une telle mutation se fasse, il faut un grand nombre d’oiseaux dans une petite zone pour " generer " le processus de mutation du virus. En termes simples, un petit nombre d’oiseaux ne peut pas generer assez de virus pour declencher le processus de mutation. " [ 22 ]

Ce sont les liens entre la production familiale et le systeme industriel de production de volaille — dans les deux sens — qui sont si problematiques. Les cours de ferme ou basses-cours peuvent agir comme des reservoirs, comme la FAO le dit, hebergeant la grippe aviaire hors d’atteinte des autorites jusqu’a ce qu’elle reussisse a penetrer par la suite dans des exploitations intensives de volaille. La, la maladie se developpe et peut evoluer vers des formes plus fortement pathogenes pouvant potentiellement se transmettre entre les humains. [ 23 ] Les basses-cours sont egalement souvent intimement liees au systeme industriel, par les marches, les intrants (comme les poussins d’un jour et l’alimentation) et meme par les services veterinaires. l’occasion est toujours la pour que la grippe aviaire fortement pathogene passe du systeme industriel aux elevages de volaille a petite echelle ou vice-versa.

Pourquoi le Laos est-il une exception ?

La raison principale pour laquelle le Laos n’a pas souffert des manifestations generalisees de grippe aviaire comme ses voisins est qu’il n’y a presque aucun contact entre les elevages de volaille a petite echelle, qui produisent presque tout l’approvisionnement domestique de volaille, et ses exploitations commerciales, qui sont integrees a des compagnies etrangeres de volaille. Selon le ministere de l’agriculture des Etats-Unis :

La production de volaille au Laos est principalement une production de petits paysans, qui elevent des especes locales de poulets eleves en plein air a cte de leurs habitations, pour la viande et les oeufs, la plupart du temps consommes par la famille ou vendus localement pour en tirer un revenu... Un village moyen a autour de 350 poulets, canards, dindes et cailles eleves en petites basses-cours dispersees parmi les maisons du village ou il y a environ 78 familles, et ou ce sont les femmes qui sont principalements responsables des elevages. Des canards, des dindes, et les cailles sont egalement eleves, avec quelques oies en quantite negligeable dispersees dans le pays. Les quelques exploitations commerciales du pays (moins de 100 au total, dont 89 situees pres de Vientiane) approvisionnent les zones metropolitaines avoisinantes. ... La biosecurite et l’utilisation de la technologie sont minimales, avec peu de soins veterinaires disponibles que ce soit de la part du prive ou du gouvernement. [ 24 ]

En d’autres termes, le Laos abonde en poulets eleves en plein air, meles aux canards, aux cailles, aux dindes et aux oiseaux sauvages. Ce sont principalement des poulets indigenes, qui couvrent plus de 90% de la production totale de volaille du Laos. Si l’elevage en plein air et les oiseaux migrateurs sont responsables de la propagation de la grippe aviaire, on devrait s’attendre a ce que la maladie fasse rage a travers le pays. Ceci ne s’est pas produit. En fait, les basses-cours familiales du pays ont ete a peine touchees.

Selon le meme rapport du Ministere de l’Agriculture des Etats-Unis :

Un total de 45 cas de contamination ont ete confirmes, avec 42 cas qui se sont produit dans des entreprises commerciales (fermes d’elevage et de ponte), dont 38 a Vientiane, la capitale et principale ville du Laos. Cinq autres cas de contamination se sont manifestes dans la province de Savannakhet (dans une ferme produisant des oeufs et dans de peits elevages) et deux autres dans la province de Champasak (dans des productions d’oeufs). Les petits proprietaires qui ont trouve la grippe aviaire dans leurs elevages etaient localises pres d’elevages commerciaux atteints par la maladie.

Le Laos a efficacement enraye la maladie en fermant la frontiere a la volaille de Thailande et en eliminant les poulets dans les exploitations commerciales. Ils ont ete moins concernes par la maladie se repandant a partir des fermes affectees parce que, a la difference de la Thailande et du Viet Nam, les petits paysans au Laos ne se fournissent pas aupres des grandes compagnies en poussins de un jour et en alimentation pour la volaille. Et, en dehors de la capitale, la volaille est produite et consommee localement. La production de volaille est egalement plus dispersee au Laos. Elle est moins dense, moins integree et moins homogene — caracteristiques qui empechent la propagation de la grippe aviaire et son evolution vers des formes plus pathogenes.

l’experience du Laos suggere que la clef de la protection de la volaille elevee en basse-cour et des personnes contre la grippe aviaire est de les proteger contre la volaille industrielle et ses produits derives. Cela est relativement facile a faire dans un pays comme le Laos ou il y a peu de fermes industrielles, peu d’utilisation d’intrants exterieurs et essentiellement des systemes alimentaires locaux. Il est beaucoup plus difficile d’extirper le systeme industriel du systeme de production de volaille a petite echelle en Thailande, en Indonesie ou en Chine, ou les deux systemes sont tres intimement lies par la geographie, les marches et la production. Dans ces pays, la " restructuration " de la production de volaille par des moyens qui soutiennent les petites exploitations exige un changement de direction a 180 degres pour s’ecarter d’une production industrielle intensive, integree et globalisee. Ce n’est pas, cependant, ce que la FAO et les gouvernements ont a l’esprit quand elles parlent de " restructuration ".

" Restructurer " la production de volaille

Derriere l’attaque contre les elevages de volaille en basse-cour, il y a un programme plus sinistre. Sur la premiere page de la Strategie globale pour le controle progressif de la grippe aviaire de la FAO et de l’OIE, on peut lire :

Il devient egalement de plus en plus evident que beaucoup de reservoirs de l’infection peuvent etre trouves dans le monde en voie de developpement, en particulier parmi les animaux d’elevage des zones a faibles revenus ; c’est a dire parmi les ruraux pauvres. Ceci entraine des risques serieux pour le secteur des animaux d’elevage, qui est confronte a une demande en expansion rapide de proteines animales alimentaires dans beaucoup de pays en voie de developpement, liee a l’urbanisation croissante, a l’augmentation des revenus disponibles, et qui fait passer l’alimentation d’une alimentation a base de feculents a une alimentation a base de proteines. Il y a la des opportunites considerables pour la croissance economique, en particulier dans les zones rurales, a tirer de ce processus, communement appele ’Revolution de l’elevage’.

qu’est devenu le soutien apporte de longue par la FAO a l’aviculture diversifiee ? Cette organisation est soudainement preoccupee par la protection de l’industrialisation de la production de volaille (par exemple la " revolution de l’elevage ") contre les risques venus de l’aviculture a petite echelle. Elle a meme commence a parler ouvertement d’une industrie de la volaille restructuree du futur en Asie qui aura :