Auvergne-Rhône-Alpes : L. Wauquiez imprime sa marque

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

La politique de communication, droitière et anti-écologiste, de Laurent Wauquiez

[ voir aussi http://www.monovelli.net/spip.php?article1401].

Élu sur une thématique sécuritaire avec un programme qui ne correspondait qu’en partie aux compétences régionales, le nouveau président imprime sa marque. Après quelques gestes symboliques (-10% des indemnités aux élus, l’installation de portiques de sécurité dans des lycées qui se révèlent peu praticables), il engage des actions à la stratégie claire.

D’abord, communiquer et frapper fortement les esprits, sans s’embarrasser de scrupules : il incrimine "la gestion criminelle" de ses prédécesseurs (sic) mais se garde bien de porter plainte car il perdrait son procès ; il n’hésite pas à attaquer les personnes en livrant des informations tronquées sur les dépenses de taxi comme s’il s’agissait d’utilisation personnelle, et en se gardant bien de comparer ces dépenses à celle de chauffeurs personnels , [voir article plus bas ] mais prend bien soin que ces informations ne soient pas fausses à 100% ; (lui même du reste n’hésitera pas 3 ans plus tard à acheter 16 berlines flambant neuves d’un tout autre prix *). Le but est de suggérer que les élus sont "tous pourris", sauf lui. Peu lui importe donc que cette reprise appuyée des thèses du FN mette à mal la cohésion sociale, que les attaques injustes soient blessantes, pourvu que certains medias lui offrent une caisse de résonance ! Ce fut le cas pour le Dauphiné Libéré à l’époque. [*https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/laurent-wauquiez-au-coeur-dune-polemique-a-cause-de-ses-voitures-flambant-neuves_439034]

Au delà, les nouveaux axes politiques de L. Wauquiez se dégagent  : moins d’écologie, de social, de démocratie, plus d’élitisme. Les associations en sont les premières victimes.

Dans le collimateur : le social
L. Wauquiez refuse de signer un plan de formation avec l’Etat pour les chômeurs, au risque de laisser au bord de la route 65 000 demandeurs d’emplois, mais attribue 50 000 € de subvention au syndicat étudiant UNI, syndicat très marqué à droite.
Il supprime des aides à l’insertion des jeunes en difficulté mais instaure une prime d’excellence pour les bacheliers ayant obtenu une mention "Très Bien" au bac.

Une conception toute personnelle de l’environnement
L. Wauquiez dit "Non" au Parc Naturel des Sources et Gorges de l’Allier mais "Oui" aux nouvelles autoroutes (+132M€ pour “l’autoroute bis” Lyon-Saint-Etienne). Il multiplie par 40 la subvention aux chasseurs, désormais chargés de l’éducation à l’environnement à la place de la FRAPNA contrainte de licencier. Il met fin au soutien à Mountain Wilderness pour les actions de protection de la montagne ainsi qu’aux subventions à l’agriculture durable, au profit de la FNSEA, syndicat défenseur des gros agriculteurs et de l’élevage intensif et qui devient animateur unique des dispositifs agricoles, ce qui a pour effet de retirer aussi aux structures associatives l’accès aux financements européens... Dans le même temps il débloque 10 M€ pour l’installation de canons à neige au lieu de préparer la diversification de l’activité économique des massifs.

Ces décisions sont souvent celles d’un homme seul, prises sans discussion avec sa propre majorité, et même sans critères préalables travaillés et votés par l’assemblée, comme l’adoption d’une subvention d’1,2 M€ à une entreprise auvergnate, filiale du géant minier Euramet, qui réalise pourtant un chiffre d’affaires consolidé de près de 4 milliards d’euros.

L’exécutif "probe" de L. Wauquiez n’est pas exempt de conflits d’intérêts, ni de clientélisme : ainsi le président de la commission montagne, Gilles Chabert, se voit confier le soin de piloter la politique montagne alors qu’il est président du Syndicat National des Moniteurs du Ski Français, ainsi que de l’Ecole de Ski Français (ESF). Pourquoi pas, mais nous craignons fort que la politique montagne se réduise à la multiplication des canons à neige.
Autre illustration : P. Chataignon, président de l’Association pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural et interviewé par Reporterre déclare : "ll y a aujourd’hui une mise sous tutelle de la politique agricole de la région par la FNSEA. Le nouveau conseil régional compte huit membres, ou anciens, de la FNSEA".
Un dernier exemple ? Le festival Jazz à Vienne voit sa subvention doubler, à 150 000 €. Il est vrai que son président, maire de Vienne, n’est autre que Thierry Kovacs président du droitier parti LR de l’Isère ...

Certes, le nouveau président de la région Région peut légitimement réorienter les politiques régionales, notamment en matière d’investissements utiles (TER), en cassant les décisions précédentes. On peut s’interroger néanmoins sur la brutalité de la méthode qui met des salariés au chômage, ainsi que sur le refus d’intervenir dans des champs qui relèvent pourtant des compétences des régions telles que la formation, et la transition énergétique.
La région Rhône-Alpes a bénéficié durant trente ans d’une dynamique réelle, fruit de l’entente suffisante entre des élus de bords différents soucieux de
l’avenir commun, de progrès social, économique et environnemental.

Cette dynamique collective est aujourd’hui mise à mal par des procédés agressifs peu respectueux des personnes, des accusations données en pâture qui dispensent de débattre sur le bien-fondé des nouvelles politiques menées.
Terre d’innovation, le conseil régional avait souvent "une longueur d’avance". Il avait inventé les Contrats de Développement Durable Rhône-Alpes, les éco-conditionnalités et autres dispositifs innovants contribuant à la participation des acteurs. Souhaitons qu’il ne nous conduise pas 30 ans en arrière.
Marie-Odile NOVELLI,
ex-conseillère régionale (Vice Présidente de la Région Rhône Alpes 2004-2016, déléguée à la Solidarité, à la Ville et au Logement ).


« Marie-Odile NOVELLI dans le top 3 des dépenses de taxis en 2015 » _____

La formule lancée par L. Wauquiez et reprise par le Dauphine Libéré le 25 septembre 2016, laisse entendre que l’argent public a été scandaleusement gaspillé .
La réalité, c’est que le recours aux taxis selon un marché public était un choix de gestion de la région, globalement moins onéreux et plus souple que l’achat et l’entretien des véhicules de fonction avec salaire des chauffeurs. L. Wauquiez et son exécutif, qui utilisent aujourd’hui exclusivement des voitures de fonction récentes avec chauffeur, se contentent de désigner à la vindicte "les dépenses de taxis".
Une tactique de combat politicien démagogique peu glorieuse !