"M.O. Novelli Dans le Top 3 des utilisateurs de Taxis" ? Au delà du démenti, réflexion sur l’information...
Au delà de la calomnie, qui est au départ le fait d’un "grand " élu LR patron de Région (voir http://www.vertsregion.org/spip.php?article1405], il est instructif d’examiner le processus d’information de nos sociétés actuelles. Et ses effets en terme de cohésion sociale. Comment la reprise d’un titre d’article par les moteurs de recherche (alors que les lecteurs n’ont pas accès à la totalité de l’article), peut fabriquer l’opinion ? A qui cela peut- il bien profiter, in fine ?
L’éthique selon Laurent Wauquiez, président du Conseil régional Auvergne R.alpes -
Voir aussi http://www.vertsregion.org/spip.php?{article1418
[et voir aussiCap21Wauquiez, https://www.facebook.com/video.php?v=1294936487207170 … et RCES https://www.youtube.com/watch?v=DfQ8uMYe9gk&feature=youtu.be]
La Fabrique de l’opinion
Calomniez, il en restera toujours quelque chose. Ce qui était uniquement vrai des grands personnages publics il y a 30 ans, peut désormais toucher pratiquement n’importe quel être humain, pour peu que son nom soit rendu public. C’est ce que la "magie" du net, des moteurs de recherche, combiné au capitalisme et à ses techniques, rend possible. Face à cela il n’y a aucun droit de réponse possible. Les effets sont garantis sur l’opinion publique. L’information du net, système marchand alimentée par les moteurs de recherche, vous renforcent que dans vos choix préferentiels. C’est confortable, mais entrave l’accès à une information complète, limite la réflexion, et le débat. Cette information du net filtrée par les moteurs de recherche fabrique une opinion de masse (ici, par exemple, le "tous pourris"). Confère le dernier livre du sociologue Gérald Bronner , La Démocratie des crédules" (PUF).
Mais qui cela sert- il ?
On le sait, les journalistes de la PQR (presse quotidienne régionale) sont responsables de leurs articles, mais la plupart du temps ne l’étaient pas des titres. Ces derniers appartenaient à ceux qui déterminent la stratégie commerciale du groupe. C’est moins vrai aujourd’hui où chaque journaliste ou presque prend plaisir à re-tweeter les titres, et contribue ainsi pleinement à la fabrique de l’opinion publique.
Seuls les gros titres, avec les images, comptent. Effet garanti. Mais au bénéfice de qui ?
Qui peut profiter de ce mépris de la dignité des personnes qui ne pourront jamais démentir vraiment une désinformation habile, comme la pratique L Wauquiez ? [ pour la mise au point sur cette desinformation, voir mon article précedent ].
Si cela profite aux "capitaines" LR possesseurs de Presse écrite régionale (qui ne vivent pas de la presse mais l’utilisent comme un moyen), cela ne profitera vraisemblablement pas au parti LR lui même ni à ses militants mais à un troisième parti (concurrent de "les Républicains").
Embarqués dans la contestation et la méfiance générale, les lecteurs de gros titres se rapprochent des diseurs de malaventure, fabricants de dé-cohésion. Mais comment leur en vouloir ? Il n’est plus de journalistes pour leur ouvrir les yeux. Et de toutes façons un article de presse ne pèse d’aucun poids face aux moteurs de recherche qui captent gros titres et images.
Gageons malheureusement que ceux qu’ils éliront demain n’auront pas pour objectif premier de garantir plus d’égalité ni plus de liberté. Nous sommes tous potentiellement perdants.
In fine, demeure la distinction entre riches et pauvres, qui aujourd’hui s’accroit.
Pour ceux qui, dans la politique ou les médias, continuent de considérer la vérité comme l’étalon, le défi est énorme. Que faire ? Dit Sylvie Kaufman, Journaliste au Monde.
"L’abandon de la vérité comme valeur de référence du discours politique est favorisé, relèvent les chercheurs, par deux phénomènes : la baisse de la crédibilité des experts et la montée des réseaux sociaux, qui multiplie et fragmente les sources d’information.
Le déclin de la parole des experts (et des journalistes) va de pair avec la révolte contre les élites, donnée fondamentale des campagnes électorales de 2016. Quant aux algorithmes utilisés sur Internet et les réseaux sociaux, ils ont abouti à la formation de « bulles cognitives », qui confinent les citoyens dans un environnement intellectuel et médiatique où tout le monde pense de la même manière, sans être confronté à des informations contradictoires. Il est donc de plus en plus difficile de réfuter les mensonges.
Pour ceux qui, dans la politique ou les médias, continuent de considérer la vérité comme l’étalon, le défi est énorme. Que faire ? Ignorer mensonges et transgressions, pour ne pas risquer de les légitimer ? Ou au contraire, accepter que l’on a changé de « logiciel », et les combattre ? Dans l’histoire comme en politique, fuir le combat n’a jamais assuré la victoire. Ça, ce n’est pas un mensonge. "
image : http://s2.lemde.fr/image/2014/06/20/24x24/1100512697_4_83a7_14032603198167-kauffmann-sylvie-editorialistes-2_17f5de4478d115c2b71c8033e49b6210.jpg
Sylvie Kauffmann
Journaliste au Monde