Retraites : Manque l’audace économico-écologique
Modestes avancées du projet sur les retraites, et deux très grandes injustices /... LES MANIFESTATIONS PAR CONTRE OCCULTENT UN PEU CE FAIT : nous sommes plutôt avantagés au regard d’autres pays en Europe sur le plan des retraites. MAIS C’EST LA CRÉATION D’EMPLOIS QUI SERA DÉTERMINANTE.
Or, sur ce plan, et notamment concernant la conversion écologique de l’économie, la France est à la traine.
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Les manifestations d’aujourd’hui devraient mettre en lumière non pas les modestes avancées du projet sur les retraites, mais ses deux grandes injustices : le report des efforts de durée de côtisation sur les jeunes - qui ne parviennent pas à entrer sur le marché du travail- et les pré-retraités au chômage voire non indemnisés. Près d’une personne sur deux qui liquide sa retraite est déjà en situation de non travail.Ce qui reporte dans un avenir assez irrationnel et peu solidaire les problèmes. Pour ma part je ne puis accepter de me défausser sur les jeunes.
Il faudra bien intégrer la réalité, à savoir le nombre insuffisant d’années de cotisations - parfois impossible à rattraper - des jeunes qui ont travaillé tard (sans compter qu’il y a, concernant les étudiants, une absence de reconnaissance du travail intellectuel investi dans les études !).
De même que la question des petites retraites (dont celle des femmes qui se retrouvent seules). Et si l’on peut saluer l’amorce d’une prise en compte de la pénibilité, chacun sait qu’il faudra poursuivre le travail.
Enfin, notre système reste marqué par une grande rigidité.Le système à points progressif mis en place dans d’autres pays européens permettrait de partir quand on le veut, avec une retraite proportionnelle et juste, sans effets de seuils pénalisants.
Il parait donc donc exclu que cette réforme soit la dernière.
LES MANIFESTATIONS PAR CONTRE RISQUENT D’OCCULTER CE FAIT : concernant la démographie nous sommes plutôt, à l’inverse, avantagés au regard d’autres pays en Europe. Il faut le souligner : la France n’est pas en difficulté particulière sur le plan des retraites. MAIS C’EST LA CRÉATION D’EMPLOIS QUI SERA DÉTERMINANTE.
Or, sur ce plan, et notamment concernant la conversion écologique de l’économie, l’efficacité énergétique et les renouvelable, la France est à la traine.
[art. initial du 1.8.13 complété le 10.9]
Retraites : La situation de la France est loin d’être catastrophique. Mais il manque l’audace économico-écologique qui permettrait de créer des emplois.
En France les retraites augmenteront très peu
( 0, 5 % du PIB entre 2010 et 206 selon la commission européenne contre 2% en moyenne pour la zone Euro). Une chance.
Mais ces prévisions reposent sur une hypothèse de 0,2% par an de l’emploi et des heures travaillées. L’enjeu est plus que jamais la création d’emploi.
Or, sur ce plan, et notamment concernant l’efficacité énergétique, et les renouvelable, la France est à la traine.
Même si tout n’est pas négatif et qu’un consensus s’avère possible pour diminuer les consommation et des émissions de GES (sauf du côté d’EDF et d’ Areva : voir l’article d’alternatives économiques, Juin 2013) , les freins sont pesants.
Comme le dit Alain Grangean, qui préside le groupe d’experts sur la transition (CNDTE) : "le marasme économique actuel crispe tout le monde et renforce l’immobilisme actuel."
Il faudrait être capable de dégager des investissements productifs. Or une étude de l’INSEE confirme ce chiffre ahurissant : 80 % des profits continuent d’aller aux actionnaires !*
Il y a deux fois plus d’argent pour la finance que pour l’investissement.
Le chercheur Thomas Dallery pour qui la financiarisation de l’économie concerne toute l’ Europe, résume la situation en ces termes : "S’il s’agit de reconstituer les marges pour grossir la distribution de dividendes, on n’améliorera pas la qualité de notre appareil productif. (Alternatives économiques Juin 1203)
Distinguer dans la comptabilité les investissements d’avenir créateurs de richesses et d’emplois des investissements type "samu" qui ne préparent pas demain est une croisade dans les collectivités : je ne cesse à mon niveau de la mener. Diminuer la consommation énergétique dans le logement via la rénovation et le renouvelable diminue les charges des locataires mais aussi la facture d’importation d’énergie de la France (env. 70 Milliards d’euros/an, le montant de notre déficit commercial), et à investissement égal, crée 4 plus d’emplois que dans le secteur automobile.
Il s’agit là de mener une politique de relance par l’emploi et par les gisements d’économie réaffectés à l’ Etat et aux citoyens. Mais il reste difficile de faire bouger fortement les lignes. Que dire alors sur le plan national ! (la durée en France des ministres de l’écologie doit être la plus courte de tous, quel que soit le parti au pouvoir).
Par ailleurs, mener une politique de relance par la demande, créatrice d’emplois en redistribuant du pouvoir d’achat, suppose une réforme sociale et fiscale, fondée notamment sur l’analyse rationnelle Cout/ résultats en emplois des politiques fiscales menées ( par exemple, l’utilité ou non de la baisse de la TVA dans la restauration -cout : 2, 6 milliards d’euros, et au lieu des 40 000 emplois attendus, seuls 6 500 emplois crées. La TVA est d’ailleurs passée de 5, 5 à 7% dès 2011).
La répartition de ces heures travaillées et celle des richesses créées reste un vrai sujet politique qui distinguait jusqu’ici la gauche de la droite.
-Le temps de travail global par exemple a diminué en Allemagne, il n’est plus que de 30,3 heures hebdomadaires. La réforme Hartz (sous Schröder déjà !) a conduit à multiplier les petits boulots de 5 heures ou moins.
C’est ce qu’on appelle une répartition très inégale du temps de travail. * Et selon le DIW ( institut du travail allemand) 80 % des salariés ont perdu du pouvoir d’achat : seuls les revenus du capital ont progressé.
Les petits boulot sous payes ne valorisent pas le travail. De plus ils sont complétes en Allemagne comme en France par des aides sociales indispensables, qui ont un coût. Les conditions dégradées de travail en ont un autre, et non des moindres, si l’on en reste au seul aspect financier.
- Concernant la répartition des richesses, qui relèvent théoriquement des seuls pouvoirs nationaux (mais dans une économie ouverte cela est plus que théorique, c’est erroné), on touche là au serpent de mer de la réforme fiscale : portée par le parti PS (je n’ose parler des Verts compte tenu de leur poids politique ) mais guère par le président, elle est pourtant l’alpha de l’équité et de la redistribution.
Même le financement des retraites en dépend.
Et quid des sujets non résolus par la réforme Juppé- Fillon, tels que les petites retraites des femmes, des chômeurs longue durée ?
Réforme fiscale appuyée par une réforme bancaire et investissements réels dans la transition énergétique , autrement dit la mutation économique, tels sont les deux sujets majeurs aujourd’hui qu’une bonne partie de la France ne pardonnera pas à l’équipe au pouvoir et particulièrement au Président de ne pas avoir menés. Il est encore temps.
MO.N.
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*( revenus distribués par par les sociétés rapportés à l’excédent net d’exploitation plus revenus reçus, en %)
**OCDE 2011 : tandis que la France créait 2 millions d’emplois à temps plein de 2000 à 2010 l’ Allemagne créait 2 M d’emplois à temps partiel (de 18 h en moyenne soit infériuers à la France : 23h)