Capitalisme et crise démocratique

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Notre crise politique revêt plusieures facettes : liée avant tout à l’impuissance du politique face au capitalisme mondial financiarisé, qui engendre des conséquences concrètes telles que crise fiscale, crise sociale et crise écologique planétaire, elle est aussi une crise de la démocratie et de nos institutions.
Il nous manque à la fois une bonne compréhension des problèmes, et une bonne gouvernance démocratique, que la 5eme république française et européenne n’est plus à même d’assurer.


BILLET
ETHIQUE, JUSTICE ET DEMOCRATIE EN POLITIQUE

« La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée, tant qu’il reste des progrès à accomplir. »
Pierre Mendès France.

La Politique est en crise, mais apparemment pas le concept de "République", cet héritage commun que se disputent aujourd’hui âprement les partis politiques : la Droite [qui se fait bientôt appeler "les Républicains"], la Gauche, et maintenant l’Extrême Droite -"nous sommes les seuls garants de la République"- affirme Madame Lepen... Aucun n’en a cependant la même définition.
Il nous manque à la fois une bonne compréhension des problèmes, et une bonne gouvernance démocratique, que la 5eme république française et européenne n’est plus à même d’assurer.

La compréhension des problèmes est une urgence. Mais ce qui manque le plus, ce n’est pas la production d’outils d’analyse pertinents, car ceux-ci existent : qu’il s’agisse par exemple du dernier livre de Naomi Klein , TOUT PEUT CHANGER, Capitalisme & changement climatique ou du livre "La crise Fiscale qui vient" de Brigitte Alepin ou même les interventions de Pascal Canfin et Eva Joly sur les paradis fiscaux ou encore du livre de Thomas Picketty sur le Capitalisme du 21ème siècle...
Ce qui manque, c’est une explicitation des problèmes par les grands acteurs politiques, comme le souhaitait Pièrre Mendes France.
On ne peut compter ni sur l’opposition de droite actuelle ni sur les sociaux démocrates français, ni sur les autres forces de gauche et écologistes [ pour des raisons qui tiennent à la fois à leur faiblesse électorale dans un système présidentiel et à leurs erreurs stratégiques, le choix du court termisme]. Si le FN progresse, c’est parce qu’il semble donner des gages sur ces deux plans : explications et solutions. Semble, dis- je, car les solutions sont à la fois économiquement irréalistes, et éthiquement inhumaines et trompeuses.

Mais expliquer les problèmes, gouverner et guider Démocratiquement, suppose une éthique forte et la conviction que « L’élément fondamental du système démocratique, c’est la vérité".…/… (P. Mendes France).
S’il n’y a pas d’honnêté de la part de ceux qui jouent un rôle dans les institutions, il ne peut y avoir de démocratie ! » (PMF) ..

Or, l’honnèteté absolue, c’est le contraire souvent de l’efficacité en politique : qu’on se remémore le très instructif film de Steven Spielberg, Abraham Lincoln, où l’on voit le président Lincoln retourner un à un les opposants à l’abolition de l’esclavage en usant de rapports de force (et pas seulement de conviction). Encore Lincoln était - il animé par des motivations sincères et humaines.
L’exercice du pouvoir est plus complexe et risqué car il requiert de concilier deux inconciliables : le sens de l’intérêt général, une éthique donc, et l’efficacité, qui elle n’a pas de limites.
La question institutionnelle devrait être de pouvoir placer ces limites. A ce titre elle nous concerne tous.
Voilà pourquoi la résolution de la Crise structurelle que nous vivons depuis plus de 10 ans suppose aussi une révolution institutionnelle, et plus encore, une révolution morale ou éthique, bref, une Révolution mentale. Qui ne sera pas faite par les politiques, en tous cas pas spontanément. Ceci est Notre responsabilité de Citoyen.

LA REPUBLIQUE, SES FINALITES, D’APRÈS PIERRE MENDES FRANCE

« La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’ inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée, tant qu’il reste des progrès à accomplir. »

« L’élément fondamental du système démocratique, c’est la vérité.…/…S’il n’y a pas d’honnêté de la part de ceux qui jouent un rôle dans les institutions, il ne peut y avoir de démocratie. »

« Que le pouvoir soit délégué pendant 5 ans à des hommes non contrôlés même s’ils ont été librement élus, ce n’est pas encore la Démocratie. La démocratie, c’est quelque chose qui doit se manifester de manière permanente »
…/… »par la permanence de la pression du peuple, par l’action des citoyens toujours exigeants pour que leurs décisions soient respectées ; et d’autre part, .. par mes reformes institutionnelles qui doivent permettre à ces pressions d’ s’exercer, de se faire jour là où se prennent les decisions, là où s’exercent les contrôles. »

« Une décision ne peut être prise valablement que si les chefs politiques ont exposé et représenté au pays les thèses entre lesquelles il est appelé à choisir ; il doivent faire apparaitre et comprendre les facteurs et ressorts durables qui s’offrent ; chacun soutient les solutions qui lui semblent les meilleures en fonction de son éthique personnelle, la discussion politique fait éclater les contradictions, les dissentiments ; loin de les redouter, l’homme politique les souligne au besoin pour faciliter l’arbitrage de l’opinion. »

( les grands discours républicains, le Cherche-midi éditeur)
Pierre Mendes France, Président du Conseil (1954 - 55) et artisan de la décolonisation.