EPR Nucléaire, Flamanville (Novembre 2011)

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

EPR de Flamanville


Dans une interview au Monde Michel Sapin, député de l’Indre et collaborateur de François Hollande déclarait "Flamanville est en train de devenir un grand ratage industriel". Les projets en cours d’exécution en France et en Finlande accusent des retards considérables, en moyenne de 4 à 5 ans, et leur facture a tout bonnement doublé depuis toutes ces années (3 à 6 milliards d’euros environ).
Ce n’est pas tout : Après le scandale en Juin 2011 des intérimaires sous-traitants polonais, l’Autorité de Sûreté Nucléaire s’indigne à nouveau de la piètre qualité d’un ouvrage supposé être le réacteur le plus sûr au monde.L’ASN dénonce les fissures dans la dalle de béton sous le réacteur, défaut qu’elle qualifie d’ « anomalie significative de sûreté ».

Michèle Rivasi et Yannick Jadot, députés européens Europe Ecologie – Les Verts, jugent avec sévérité cet énième rebondissement dans le chantier de l’EPR,

tandis que Bernard Laponche, ainsi qu’ Adrien Saumier
dresse un bilan clairement défavorable du nucléaire.

Pour Michèle RIVASI, les faits parlent d’eux-mêmes : « Ces révélations arrivent deux jours après que le Premier Ministre F. Fillon nous annonce à Bugey que la France conservait une avance technologique dans le domaine nucléaire. Les failles dans la construction de l’EPR ne sont pas nouvelles, et EDF comme Areva mettent des bâtons dans les roues de l’ASN en permanence, allant jusqu’à refuser de transmettre des documents nécessaires à l’exercice de la mission de contrôle et de surveillance de l’ASN. Comment ne pas s’indigner de telles provocations alors que les Français attendent un renforcement des normes de sûreté ? Comment juger crédible des acteurs dont on dévoile chaque jour les pratiques scandaleuses, grappillant des euros pour le bonheur d’actionnaires avides de rentabilité, et ce au détriment de la sûreté ? Ces pratiques sont scandaleuses et doivent être lourdement sanctionnées. »

Pour Yannick Jado

Les défauts de construction s’ajoutent aux défauts d’architecture et de sûreté déjà révélés par les autorités françaises, britanniques et finlandaises de sûreté nucléaire. Les délais et les corrections se paient en milliards d’euros. Le gouvernement doit stopper cette gabegie.

Bernard Laponche et Benjamin Dessus (ancien chercheur au CNRS Economiste) viennent de publier " En finir avec le nucléaire".
Ce livre confirme que le coût d’abandon du nucléaire est équivalent au coût de la poursuite de la filière . Mais la différence c’est que si l’on sort du nucléaire, on réduit de façon importante le risque d’accident d’ici 2033 ou 2036. Et que l’on crée beaucoup plus d’emplois ( la filière écologiste - notamment dans le bâtiment -est très gourmande
en main d’œuvre.)

Pris sur Le BLOG DE BIX [Adrien Saumier]

Figurez-vous que j’ai eu un mal de chien à trouver des avantages au nucléaire ^_^ :

• pas d’émission de gaz à effet de serre,
• fonctionnement assuré avec peu de matière,
• prix du kWh relativement faible,
• relative indépendance énergétique.

La liste des inconvénients est autrement plus longue, je vous l’inflige :

• technologie lourde et extrêmement chère,
• la question des déchets n’est pas du tout réglée,
• les pollutions générées par la construction et le démantèlements des centrales, le transport de l’uranium, sont non négligeables,
• gros gâchis d’énergie (les 2/3 de l’énergie produite sont perdus en chaleur dans la centrale, 20 % de ce tiers partent dans le transport...),
• l’uranium n’est pas illimité, c’est un minéral qu’on importe (où est l’indépendance ?),
• en cas de grosse chaleur (comme en aout 2003) l’eau des fleuves est trop chaude pour refroidir la centrale,
• une centrale c’est ON / OFF, rien d’autre, on ne peut moduler sa production,
• enfin et ce n’est pas le moindre problème : les assurances refusent de prendre en charge les risques d’accident, car rien n’est prévisible ni estimable.

Un chiffre choc : l’EPR pourrait être remplacé par 7000 éoliennes. Combien d’emplois créés par 7000 éoliennes ? Quel gain dans la disparition de dizaines de kilomètres de lignes HT ?

Je me suis aidé du site officiel d’EDF, du livre d’Yves Cochet et Agnès Sinaï : Sauver la Terre, et un peu d’Électricité de force qui publie deux témoignages étranges, où un service public pousse à la consommation...

Mais à Flamanville, où EDF construit le tout premier réacteur nucléaire de nouvelle génération (le fameux EPR), le kilowattheure sera, c’est désormais certain, une denrée de luxe.

Un peu d’histoire. Lors du lancement du projet, en 2005, EDF tablait sur un EPR à 3 milliards d’euros, ce qui valorisait le mégawattheure (l’équivalent à 1.000 kilowattheures) à 43 euros. Six ans plus tard, le budget global a été revu à 6 milliards d’euros. A combien reviendra donc le courant produit par Flamanville 3 ?

Depuis fin 2008, EDF n’a publié aucune estimation officielle du prix prévisionnel de l’électricité. A l’époque, cependant, et alors que la facture de l’EPR était déjà revue à 4 milliards, l’électricien tablait sur un mégawattheure à 54,08 euros.
Tentons donc de faire nous-mêmes les comptes. Une chose est sûre : le coût de construction du réacteur constitue —et de loin— la partie la plus importante du prix du mégawattheure nucléaire. Fin 2008, Areva, constructeur d’EPR, tout comme le ministère de l’Ecologie, de l’énergie et du développement durable, l’évaluaient à un peu plus de 50% (52% pour Areva) du coût total du mégawattheure. Soit, à l’époque, environ 28 euros du mégawattheure. L’exploitation, la maintenance, le combustible, et les charges de démantèlement et de retraitement des déchets, revenaient donc à quelque 26 euros par Mw/h.

L’effet Fukushima

En appliquant une simple règle de trois, le renchérissement de 50% de la facture de la centrale ferait donc passer le prix du mégawattheure à 68,18 euros (42,18 pour la construction, 26 pour les autres coûts). Cette estimation est très prudente : elle suppose en effet qu’aucun autre coût n’a entre temps augmenté et que les dérapages de budget sont terminés.

Rien n’est moins sûr : ainsi, le coût de l’EPR finlandais, qui devrait fonctionner en 2013 —contre 2016 pour Flamanville, est désormais estimé à 6,6 milliards d’euros par le député Marc Goua. Un tel glissement supplémentaire des coûts de 10% (portant le prix d’un mégawattheure à 72 euros) sur les quatre années à venir n’a évidemment rien d’improbable.

D’autant que l’accident de Fukushima pourrait contraindre EDF à prévoir des mesures de sécurité supplémentaires. L’électricien a déjà rendu un rapport à l’ASN (autorité de sûreté nucléaire) sur les « évaluations complémentaires de sécurité sur son parc de production », et des instructions en la matière devraient être décidées fin 2011.

En s’en tenant aux éléments certains et vraisemblables, le prix du mégawattheure produit à Flamanville 3 pourrait donc avoisiner les 70 euros. Sans même parler des coûts que les mouvements anti-nucléaires jugent sous-évalués : coûts des primes d’assurance à acquitter pour couvrir un accident du type Fukushima, prix jugé sous-évalué du démantèlement des centrales et de la fin de vie des déchets nucléaires, coûts des investissement sécurité supplémentaires.