ACTES COLLOQUE "JEUNES", FIN(1)

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

FIN DES ACTES DU COLLOQUE "JEUNES, FORCE VIVRE DE NOTRE SOCIETE"
organise par le Conseil Regional le 6 juillet 2005

ACTES DU COLLOQUE "JEUNES ? FORCES VIVES DE NOTRE SOCIETE

suite de l’intervention de Emmanuelle SANTELLI, Chargee de recherche au CNRS, Groupe de recherche sur la socialisation, Universite Lyon 2.
En termes de parcours professionnel pour les jeunes qui sont sortis du systeme scolaire, soit les trois quart de l’echantillon, on repere trois situations au moment de l’enquete : plus de la moitie est active, 32% sont actifs inoccupes (en recherche d’emploi) et les autres sont inactifs. Parmi les actifs occupes, 73% sont ouvriers ou employes, 22% sont dans des professions intermediaires, 2,5% sont commercants ou independants, et 2,5% sont cadres ou de professions intellectuelles superieures. Par rapport a la moyenne nationale, on note une surrepresentation des ouvriers et des employes et une sous representation des cadres et des professions equivalentes. On remarque egalement qu’ils ont debute leur vie professionnelle tres majoritairement par des contrats de travail precaires courts, c’est-a-dire avec des CDD ou des contrats d’interim. Or, ils ne sont plus que 30% dans ce cas au moment de l’enquete. De la meme maniere, 12% etaient titulaires d’un CDI ou de la fonction publique pour leur premier emploi, pour 65% au moment de l’enquete.
Ainsi, on repere qu’une stabilisation du contrat de travail s’est opereedepuis leur premier emploi, de meme qu’une progression de la qualification professionnelle. En effet, sur ce deuxieme point, les ouvriers et les
employes representaient 87% des actifs occupes lors du premier emploi et 73% au moment de l’enquete. Ce sont ainsi des jeunes qui sont entres sur le
marche du travail en situation tres precaire par rapport au contrat de
travail et qui ont souvent eu pour premier poste des emplois pour lesquels
ils etaient surqualifies. Pour une partie d’entre eux, ils ont reussi au
fur et a mesure a se stabiliser par leur contrat de travail, et par une
certaine mobilite professionnelle qui leur a permis d’obtenir des emplois
plus en adequation avec leur qualification.
Les sans emplois sont dans deux cas sur trois des hommes. Ce sont plus
souvent des jeunes sans diplme ou avec un niveau inferieur au baccalaureat
(trois sur quatre). Ce sont egalement plus souvent des jeunes qui resident
dans le quartier. On retrouve la les variables discriminantes precedemment
decrites.
On identifie deux types de sans emploi : les chmeurs de longue duree, qui
sont des jeunes qui ont pu sortir du systeme scolaire depuis un an, deux
ans, voire huit ans, et qui n’ont jamais travaille, et les chmeurs
recurrents de courte duree qui travaillent regulierement, mais avec des
contrats precaires.

Sur l’ensemble des jeunes en situation de travailler maintenant, et non
plus seulement parmi les actifs occupes, 35% seulement sont en CDI. Le sexe
et le lieu de residence apparaissent egalement comme les variables les plus
discriminantes, de meme que le niveau de diplme et la position
professionnelle (les non diplmes et les ouvriers sont moins souvent que
les autres en CDI).

Bien evidemment, ces resultats sont a mettre en rapport avec le contexte
economique actuel et la fragilisation du marche du travail. On sait par
exemple que la part des entrants sur le marche du travail en contrat
precaire ne cesse de croitre ces quinze dernieres annees (la part des CDD a
ete multipliee par trois, la part des contrats d’interim par cinq, etc.).
Ces trajectoires s’inscrivent donc dans ce contexte precis.
Cette precarite economique ne saurait donc etre imputee aux seules
pratiques discriminatoires. En revanche, il semble bien que, dans un
contexte de precarite economique, ces pratiques discriminatoires sont
renforcees et provoquent une inegalite supplementaire. Car ces
discriminations sont presentes de differentes manieres, y compris aupres
des jeunes qui travaillent. Les trois secteurs d’activites les plus
massivement representes dans cette population sont d’ailleurs revelateurs
des proprietes qui caracterisent l’emploi de ces jeunes. Il y a d’abord les
secteurs ou ils sont peu visibles comme le telemarketing, la grande
distribution et la restauration rapide. Il y a aussi tous les secteurs dans
lesquels le rapport d’ethnicisation est particulierement fort, comme le
domaine du gardiennage, du nettoyage et du travail social, de meme que les
secteurs les plus penibles, les plus salissants, qui impliquent une plus
grande flexibilite et des conditions de travail plus difficiles
(gardiennage, services aux personnes). Il y a donc bien une discrimination
dans l’acces au travail d’abord, puis lorsque ces jeunes sont en emploi, ce
que revele notamment cette concentration dans quelques secteurs d’activites
particulierement difficiles.

Concernant la derniere categorie, celle des inactifs, on identifie deux
types de situations : d’une part des jeunes qui n’ont jamais travaille
depuis leur sortie de l’ecole et qui ne sont d’ailleurs generalement pas
inscrits dans des dispositifs d’insertion, et d’autre part des jeunes qui,
pour des raisons personnelles, sont exclus du monde du travail (maladies,
etc.), ou des femmes au foyer, ou qui sont en voie de se marier.

Pour conclure, une typologie des jeunes selon leur situation par rapport a
la stabilite ou a la precarite, au moment de l’enquete, peut etre proposee.
Celle-ci est issue des reponses apportees a plusieurs variables objectives
(statut d’activite, type de contrat de travail, nombre d’heures
travaillees, temps passe au chmage depuis la sortie de l’ecole, etc.).
Sur l’ensemble de ces jeunes, 20% d’entre eux sont en situation de grande
precarite. Il s’agit de jeunes qui n’ont jamais ou presque pas travaille.
17% sont en situation de precarite, c’est-a-dire que, meme s’ils
travaillent pour une partie d’entre eux, ils n’ont que des contrats de
travail precaires et/ou a temps partiels. 24% sont en situation de
stabilite precaire, c’est-a-dire que la majorite travaille, mais avec des
contrats de travail precaires reguliers. Enfin, 39% sont en situation de
stabilite (CDI ou titulaire de la fonction publique). On a donc globalement
une population qui se repartit entre un tiers de jeunes stables, un tiers
de jeunes en situation precaire, et un tiers en situation intermediaire
dont on peut penser qu’une partie evoluera vers plus de stabilite, et
qu’une autre partie rejoindra a l’inverse les jeunes les plus precaires.
Concernant les jeunes scolarises, on peut penser qu’une fois leurs etudes
terminees, ils iront plutot rejoindre les deux premieres categories
puisqu’ils sont plus diplmes.
Cette typologie souligne, une nouvelle fois, que les plus precaires sont la
encore les hommes et les jeunes qui habitent le quartier. Il y a donc un
clivage tres net entre ceux qui ont grandi et ont quitte le quartier, et
ceux qui y demeurent encore.

Face a ces resultats, de nombreuses questions se posent et qui toutes
renvoient a : quelles alternatives pouvons-nous proposer a ces jeunes, les
plus en difficulte, et plus globalement pour leur offrir une plus grande
egalite de traitement ?
Toutes les comparaisons etablies au niveau national demontrent leur plus
grande vulnerabilite sur le marche du travail et les differentes formes de
discriminations subies. Neanmoins gardons-nous de considerer ces jeunes
comme une population homogene. A l’inverse, reconnaitre la diversite de ces
parcours doit aider a mieux cibler les interventions. "

Table Ronde
Avec Marie-Odile NOVELLI, Vice-presidente deleguee aux solidarites, a la
politique de la ville et au logement, Christiane DEMONTES, Vice-presidente
deleguee aux formations professionnelles, Marie-France VIEUX-MARCAUD, Vice-
presidente deleguee aux lycees et aux formations initiales, Katia PHILIPPE,
Conseillere deleguee de la Jeunesse

Marie-Odile NOVELLI

" Au-dela du fait que l’on ne peut nier, comme cela a ete souligne, la
diminution du rle de l’Etat comme animateur local et la mise en
concurrence dans le cadre des projets ANRU, un troisieme point merite
d’etre mentionne dans cette evolution. Les citoyens eux-memes vont patir de
cette situation dans la mesure ou, si le face-a-face s’accentue deja entre
les elus, il s’accentuera aussi entre les citoyens du fait de l’absence de
tiers. Or, il s’agit la d’un risque democratique que la Region devra
considerer, notamment en donnant a tous les acteurs qui le souhaitent les
elements de formation adequats pour leur permettre de participer au debat
public. Mais j’annonce d’ores et deja que quelles que soient les evolutions
a venir dans le champ de la politique de la ville, quelque chose
d’equivalent au contrat de ville est essentiel a maintenir du point de vue
de la Region. "

Marie-France VIEUX-MARCAUD
" Si l’on constate, a travers la recherche d’Emmanuelle Santelli, que les
jeunes des quartiers " politique de la ville " sont plus que les autres non
diplmes, et plutot ouvriers ou employes en contrats precaires lorsqu’ils
ont un travail, on constate egalement toute l’energie, la motivation et
l’intelligence de ces jeunes. Je privilegie d’ailleurs cette entree qui me
pousse a reaffirmer le rle essentiel de l’education dans leur parcours. On
l’a vu, les jeunes de ces quartiers qui sont scolarises ont plus de chances
de se stabiliser dans leur evolution professionnelle. Plusieurs partenaires
sont associes dans cette tache educative : l’Education nationale, mais
aussi les collectivites locales dont la Region. Celle-ci a d’ailleurs bien
compris cet enjeu auquel elle participe par l’intermediaire de plusieurs
dispositifs, par exemple la " carte M’ra ! " qui permet aux jeunes les plus
en difficulte d’acceder a la culture, mais aussi par la rehabilitation et
la reconstruction des lycees situes dans les quartiers qui en ont le plus
besoin. La question de l’orientation est egalement une question
fondamentale, tant elle est determinante pour des jeunes qui font preuve
d’un reel deficit d’information et d’education au choix de ce point de vue.
L’orientation doit etre integree a un projet de vie, et pour cela, il est
necessaire d’eduquer les jeunes a l’orientation. Il s’agit la d’un domaine
que la Region devra travailler dans la mesure ou il fait partie de ses
competences. "

Christiane DEMONTES
" Trois remarques s’imposent suite a ces differents exposes.
Tout d’abord, et meme s’il est indeniable que les jeunes des quartiers sont
plus en difficulte que les autres sur le plan de l’insertion
socioprofessionnelle, la precarite ne touche plus seulement ces quartiers
des lors qu’elle est definie comme le fait de ne pas avoir d’emploi ou
d’etre en contrat precaire. Il s’agit donc d’etre prudent et d’eviter les
stigmatisations qui peuvent parfois accentuer les difficultes rencontrees
par ces jeunes.
La plus grande segregation concerne aujourd’hui l’education et la
formation. En effet, si la politique de massification de l’enseignement a
reussi, celle de la democratisation a echoue. Les enfants et les jeunes
n’ont en effet pas tous les memes chances de reussite, comme le montre la
situation dans les quartiers " politique de la ville ". Or, il est de la
responsabilite des politiques publiques de creer les conditions de
reussite, dans ces secteurs y compris. L’exemple du lycee de Vaulx-en-Velin
est de ce point de vue une reussite. Apres sa creation qui ne faisait pas
l’unanimite, le taux de passage en seconde a augmente de 15% en deux ans.
De plus, comme en temoigne la convention

signee avec Sciences-Po Paris et le recrutement de certains eleves par
cette ecole, l’excellence existe aussi dans ce lycee. Le fait d’avoir des
etablissements scolaires a proximite favorise donc la poursuite d’etudes,
la reussite scolaire et l’insertion sociale et professionnelle.
Enfin, le troisieme point a souligner est la discrimination a l’embauche
qui pose de veritables enjeux d’egalite republicaine. De ce point de vue,
la Region developpe une politique volontariste. Les employeurs sont
incites, par le biais d’aides financieres, a recruter des jeunes qui
viennent de ces quartiers. De plus, des aides directes sont attribuees aux
jeunes eux-memes qui s’engagent a se former dans des metiers qui
rencontrent des besoins en main d’oeuvre qualifiee. "

Debat avec les participants

Le premier axe aborde a travers le debat engage avec l’ensemble des
participants est le suivant : quelles reponses peuvent etre apportees aux
differentes categories de jeunes presentes dans ces quartiers ? Comment
donner a ces jeunes la possibilite de sepanouir, de developper
positivement toutes les energies qui les caracterisent, de recouvrer la
confiance en eux necessaire pour mener leur vie future d’adulte ? Deux
pistes de reflexion sont developpees : d’une part l’acces au travail comme
prealable, indispensable a la mise en oeuvre de projets, a l’affirmation de
son identite, et d’autre part la question cruciale de l’orientation
scolaire et professionnelle.

La question de la confiance en soi est tout d’abord fondamentale pour les
jeunes de ces quartiers, et en particulier pour la categorie de jeunes les
plus precaires. En effet, ce sont ces jeunes qui ont ete, dans le cadre de
la recherche menee par Emmanuelle Santelli, les plus difficiles a approcher
dans la mesure ou ils exprimaient une grande defiance vis-a-vis de
l’enquete. Or, il semble, au contact de l’ensemble des jeunes de ces
quartiers, que la possibilite d’affirmer ce " je " constitutif de son
identite passe avant tout par le fait de travailler. C’est par le travail
que le jeune peut echafauder des projets, quitter le quartier, decouvrir
d’autres references, avoir d’autres aspirations. L’acces au travail passe
en effet souvent par un depart du quartier, premiere rupture qui permettra
de passer a autre chose. Si cette voie est accessible pour une partie des
jeunes de ces quartiers qui acquerront un travail et evolueront dans un
parcours professionnel, la question se pose neanmoins fortement pour les
autres jeunes pour lesquels le chemin vers le monde du travail, et donc de
la confiance en soi, sera beaucoup plus long.
La question de l’orientation scolaire et professionnelle prend ici tout son
sens. Si, comme le laissent percevoir les enquetes menees aupres d’eux,
l’orientation constitue un probleme pour de nombreux jeunes, et pas
seulement pour les jeunes des quartiers " politique de la ville ", elle est
neanmoins plus cruciale pour ces jeunes-ci dans la mesure ou elle
determinera de maniere plus aigue leur avenir. En effet, s’il existe des
energies, des potentialites indeniables chez les jeunes de ces quartiers,
il est indispensable de permettre de les canaliser, ceci dans le cadre d’un
projet de vie qui passe par une bonne orientation scolaire et
professionnelle. La question est par exemple posee de l’orientation au
niveau du college et de la faiblesse des moyens qui lui sont octroyes, de
meme que l’articulation entre le college et le lycee.
Sur ces deux thematiques, la Region developpe d’ores et deja plusieurs
pistes de reponses. Concernant d’une part le fait de permettre aux jeunes
de ces quartiers de retrouver confiance, il s’agit de l’un des objectifs
qu’elle s’est donnee a travers notamment la volonte de reconcilier les
jeunes avec la chose publique, en tant qu’ils sont de veritables citoyens
qui doivent etre reconnus comme tels. Des rencontres sont pour cela
organisees avec des jeunes de toute la region Rhone-Alpes, afin de deceler
leurs besoins, leurs aspirations. Des ateliers de democratie participative
ont egalement ete organises, au cours desquels des propositions ont ete
emises, qui seront etudiees par la Region. Une Delegation Jeunesse en tant
que telle a ete creee, qui presentera son plan de mandat des l’automne.
Concernant d’autre part l’orientation scolaire et professionnelle, la
Region organise deja de l’information dans les colleges, des forums locaux
des metiers lors desquels les jeunes sont invites a experimenter
concretement ce que peuvent etre certains metiers. Sur ce point, il est
reconnu la necessite d’aller plus loin encore dans la mesure ou la
transmission des savoirs est moins assuree par la famille de nos jours et
ou les jeunes ont besoin de connaitre concretement un ensemble de metiers
dont plus de 80% sont tres opaques. Cette tache doit evidemment etre prise
en compte par plusieurs partenaires, incluant l’Education nationale, mais
aussi les collectivites locales dont la Region. Pour autant, c’est souvent
sur la question de l’education que la politique de la ville a jusque-la
rencontre le plus de difficultes a reunir des acteurs aussi divers que
necessaires. Il est donc, dans ce champ, des elements a approfondir encore.

Le second axe aborde au cours de ce debat est la question generale du
positionnement de la Region face au desengagement de l’Etat qui
n’intervient plus que dans les zones urbaines sensibles et qui ne joue plus
son rle d’animateur local.
Cette evolution, montree par Renaud Epstein, est tout d’abord definie comme
non pas une evolution qui s’amorce chemin faisant, mais comme un veritable
paradigme fonde sur un corps de doctrines etabli. Celui-ci se refere au new
public management, technique de management issue de l’introduction des
modes de gestion privee dans le champ des politiques publiques. Ce
mouvement a ete amorce en Australie, puis s’est diffuse a travers les
organisations internationales (OCDE, Union Europeenne). Il s’introduit en
France sous l’influence des politiques europeennes. Comme precedemment
decrit, on y passe d’une logique de moyens a une logique d’objectifs via
des outils tels que les appels a projets, la mise en concurrence des
acteurs, les agences, etc. Dans ce contexte en affirmation de la defaisance
de l’Etat, il est de fait necessaire pour les autres acteurs d’inventer de
nouvelles regles du jeu.
La Region n’echappe pas a ce type de questionnement. Suivra-t-elle l’Etat
dans sa volonte de prioriser les moyens aux seules zones urbaines
sensibles, ou plutot developpera-t-elle une politique de la ville autonome
pour compenser de maniere ciblee le desengagement de l’Etat ? Le deuxieme
volet se profile dans la mesure ou la Region intervient deja de fait sur
des sites non labellises " politique de la ville ". De plus, une demarche
de territorialisation est en cours de developpement, meme si une position
reste a prendre sur la question de l’equite ou non du zonage de la
politique de la ville. En tout cas, la Region se positionne comme garante
de l’equite territoriale, comme en ce qui concerne la question de l’habitat
sur laquelle elle travaille en partenariat avec l’Etat.

Atelier 1 : " Favoriser l’acces a l’emploi des jeunes des territoires
fragilises "

Anime par Myriam COMBET, Conseillere regionale, Vice-presidente de la
commission " politique de la ville et logement "
Rapporteure : Christiane PUTHOD, Conseillere deleguee a lemploi

" Comment les jeunes des territoires en contrat de ville entrent-ils dans
la vie active ? Nous l’avons vu ce matin avec l’intervention d’Emmanuelle
Santelli, on peut identifier trois categories qui representent chacune un
tiers de la population jeune du quartier etudie : les jeunes en situation
de stabilite, en situation de stabilite precaire et en situation de
precarite voire de grande precarite. Certains, bien sur, n’ont pas de
difficulte pour entrer dans la vie active, mais d’autres rencontrent de
nombreux echecs, soit parce qu’ils n’ont pas forcement une formation
adaptee, soit encore parce qu’ils n’ont pas acquis les competences
necessaires a l’entree dans l’emploi.
Dans cet atelier, nous souhaiterions, a partir d’une introduction par trois
experiences, travailler sur deux axes. D’une part, quels sont les freins a
l’insertion professionnelle et peut-on reperer des categories differentes
de situations ? Et d’autre part, quelles ameliorations sont aujourd’hui a
apporter aux politiques publiques a l’oeuvre ?
Pour nous aider dans la reflexion, nous avons trois experiences assez
differentes. La premiere traite de la question de la reussite a l’echelle
d’un territoire en produisant un diagnostic fin de la realite scolaire des
enfants et des jeunes avec Karine Lancement, Chef de projet, et Gerard
Deplette du Greffe 38. La seconde concerne l’accompagnement a la creation
d’emplois avec Gilles Rousselot et Eric Monte de l’Association Cap Berriat.
La derniere propose un autre mode de gestion de l’entreprise avec Henry
Cachau d’Elycoop Scop. "

Diagnostic intercommunal sur la reussite scolaire Nord Isere
Karine Lancement, Chef de Projet, et Gerard Deplette, GREFE 38

" Suite a la mise a jour de donnees statistiques preoccupantes sur le
territoire du Nord Isere - un quart des demandeurs d’emploi vient des sites
en contrat de ville, ces sites concentrent la part la plus importante de la
population sans diplme, l’entree dans la vie active se fait tres jeune -
les cinq communes constitutives du territoire se sont interrogees sur la
nature des freins, des obstacles a un parcours scolaire reussi qui
paraissait exclu pour ces populations. Un diagnostic a donc ete mene durant
deux ans, qui a mobilise plus de 350 acteurs, dont des parents d’eleves,
l’Education nationale, la CAF, le Conseil general, etc.

Le diagnostic a revele les points suivants.
Tout d’abord, la concentration de parcours scolaires chaotiques des la
maternelle jusqu’a l’age de 16 ans et plus est liee a des inegalites
territoriales fortes d’une part en terme de moyens humains pour le reperage
des enfants en difficulte des le premier age et l’elaboration de reponses
adaptees, et d’autre part en termes de turn-over des equipes enseignantes
(30% de renouvellement annuel).
On a egalement repere une arrivee de familles de plus en plus en situation
de precarite, de meme qu’un determinisme tres present en matiere
d’orientation. Certains lycees professionnels accueillent parmi leur public
65% de familles dites defavorisees selon les criteres de l’Education
nationale, et le taux de familles issues de l’immigration peut etre
multiplie par trois entre le college et le lycee professionnel.
Le manque de qualification de niveau V ou l’existence massive de
qualifications non adaptees aux besoins du marche du travail actuel a
egalement fait l’objet d’un constat alarmant. Un decalage de reactivite des
institutions de formation a egalement ete repere. 122 jeunes qui avaient
trouve un maitre d’apprentissage et qui s’etaient inscrits en CFA s’y sont
vus refuser l’acces par manque de place.
Enfin, le taux de decrochage scolaire entre 16 et 20 ans sur ce territoire
a ete identifie comme superieur de 4 points au niveau departemental.
Ce diagnostic a debouche sur la mise en place d’un programme pluriannuel
2005/2009 pour favoriser la reussite scolaire en Nord Isere avec pour
principal enjeu de mobiliser et de coordonner au mieux toutes les
competences et les moyens de l’ensemble des acteurs educatifs du
territoire. Il comporte les actions suivantes.
Il developpe tout d’abord la communication et favorise la diffusion des
experiences reussies qui existent dans le Nord Isere. Il travaille a la
mise en reseau d’acteurs a travers l’elaboration d’outils de communication
mais aussi d’espaces d’echanges, de rencontres.
Certaines actions visent egalement a ameliorer la scolarisation des enfants
du voyage non francophones.
D’autres renforcent la place accordee aux parents, en les accompagnant
notamment dans leur rle educatif. Des initiatives visent egalement a
developper les relations entre les parents et les institutions.
Certaines actions ont aussi pour but de favoriser la sortie des plus de 16
ans du systeme scolaire avec un diplme adapte aux besoins du marche du
travail. C’est le cas des actions de valorisation de certaines filieres
professionnelles, de la mise en place d’un reseau d’entreprises
accueillantes pour reduire la discrimination a la realisation d’un stage,
etc.....
Des cellules de veille educative, nommees reseaux d’acteurs pour la
reussite scolaire, ont egalement ete mises en place dans les cinq communes
ayant pour objectif de prevenir et de lutter de maniere precoce contre
l’echec scolaire. Il s’agit d’un reseau d’alerte pluri partenarial
susceptible de reduire le decrochage scolaire par le traitement et la
resolution concertee de problemes identifies chez des enfants
en difficulte. L’un des principes fondateurs est d’affirmer que les parents
sont les principaux educateurs de leurs enfants et de les integrer comme
partenaires privilegies de la reussite de leur parcours.
Ainsi, l’ensemble du programme d’actions comporte une double detente :
d’une part un traitement individuel des enfants et des jeunes identifies
par les acteurs de terrain comme ayant des difficultes (reperage, analyse
collective des difficultes, signature d’un contrat avec l’enfant, la
famille, la Mairie, etc.), et d’autre part une intervention sur le contexte
et le systeme d’acteurs pour le rendre coherent et concerte. "

De l’initiative jeunes a la creation d’emploi
Gilles ROUSSELOT et Eric MONTE, Association Cap Berriat

" Ce projet associatif est ne de la volonte de favoriser la citoyennete des
jeunes en les rendant notamment acteurs de leur projet. Il s’agit d’une
approche empirique : association de quartier socioculturelle traditionnelle
qui eprouvait des relations parfois difficiles avec les jeunes, nous avons
souhaite rompre avec l’offre de services que nous apportions pour s’appuyer
sur la capacite des jeunes a faire et a reagir par eux-memes. C’est ainsi
que nous avons evolue vers une structure de soutien aux porteurs de projets
qui a immediatement rencontre une forte demande de la part des jeunes. Et
l’on a constate de fait combien les initiatives des jeunes sont
interessantes des lors qu’elles sont ecoutees et accompagnees dans leur
realisation. Les impacts sont en effet evidents dans le domaine de
l’insertion (une mise en valeur du jeune par lui-meme), du developpement
local car son action produit des services et du lien social, de la creation
d’activites et d’emplois, de l’engagement citoyen.

Nos principes de travail sont les suivants.
Tout d’abord, nous nous adaptons au temps et aux besoins des jeunes. Ce
sont eux qui nous sollicitent pour le soutien a la mise en oeuvre et au
developpement d’une idee dont ils sont porteurs. Ce qui necessite d’abord
un temps d’ecoute du jeune et une aide a la reformulation de son idee, puis
un temps d’etude de faisabilite de son projet, suivi d’une recherche de
solutions puis d’un accompagnement a sa realisation concrete.
Un second principe vise a faire comprendre aux jeunes qu’une aide a
l’emploi n’est pas une subvention de fonctionnement, mais une aide au
demarrage qu’il sera necessaire de perenniser par d’autres moyens.
Nous insistons egalement sur l’importance du travail en reseau, de moments
d’echanges entre les porteurs de projet pour leur permettre a la fois de
mutualiser leurs moyens (locaux, experiences, etc....), de relativiser leurs
difficultes personnelles, de partager leurs reussites.
Enfin, nous les incitons a mener un travail aupres des institutions
partenaires pour favoriser leur integration au droit commun.
Une enquete nous a permis de mesurer les resultats de notre action. Elle a
concerne une cinquantaine de projets menes en 2003 (soit environ un
cinquieme du nombre de projets soutenus annuellement).
Les chances de succes sont d’abord plus importantes si le projet est fonde
sur une demarche et un engagement collectif.
On repere egalement une majorite de petites structures, qu’il s’agisse de
structures fonctionnant avec des salaries ou des benevoles.
En termes de creation de richesse, il apparait qu’un tiers des structures
sont en deficit, que 42% sont en situation de stabilite, et que 22% sont
excedentaires. Elles fonctionnent globalement avec une part tres importante
de subventions sur projets et d’aides a l’emploi, meme si elles ont une
part de recettes propres.
En termes d’emplois, 157 personnes travaillent (dont 41 permanents,
37 vacataires et 79 intermittents).
Les secteurs d’intervention sont tres ouverts et ne sont pas principalement
axes sur les centres d’interet propre a chaque porteur de projet. Ils
touchent largement a l’ensemble du developpement local. 1669 actions
concernant 88 personnes sont menees, dans des domaines aussi varies que les
sports et les loisirs, les activites culturelles ou artistiques, des cours
et des stages, etc.
Enfin, ces projets favorisent la pratique de la citoyennete en tant qu’ils
sont souvent issus d’une dynamique collective et qu’une partie des jeunes
s’implique dans la vie publique, voire au-dela.

Les freins identifies concernent d’abord le fait que les politiques de
droit commun interviennent sur de la reconduction et ne prennent donc pas
le relais des politiques d’experimentation, ce qui pose la question de la
perennite de ces structures. De plus, les aides publiques paraissent peu en
phase avec le temps des jeunes qui est souvent plus court et exigeant en
termes de reactivite. On a egalement repere que la plupart des equipements
traditionnels se trouvaient en difficulte pour apprehender des demarches
autonomes de jeunes qui agissent la plupart du temps en dehors du cadre des
equipements. Enfin, beaucoup d’initiatives et d’actions sont deja en place
a l’echelle de notre territoire, qui laissent parfois peu de place a
l’experimentation et l’innovation.

Les conditions de reussite que l’on a pu identifier sont tout d’abord
l’existence d’aides publiques adaptees a l’emergence des initiatives des
jeunes. C’etait par exemple le cas des emplois jeunes, et ce sera peut-etre
le cas des emplois tremplins. Les animations de proximite s’averent
importantes pour inciter les jeunes et les accompagner pour qu’ils
s’engagent dans leur projet. Le temps est une donnee importante dans
l’accompagnement des jeunes dans la mesure ou il peut s’agir d’un temps
tres long (parfois plus d’un an). Il est exigeant en souplesse et en
disponibilite. La communication autour des actions engagees s’avere
egalement importante. Enfin, une ouverture sur le droit commun favoriserait
evidemment le developpement et la perennite des actions engagees. "

Une solution possible pour entreprendre autrement : la cooperative
d’entrepreneurs
Henry CACHAU, Gerant d’Elycoop Scop

" Elycoop est une cooperative d’entrepreneurs qui existe depuis deux ans et
qui est implantee a Bron, dans un secteur " politique de la ville ", le
quartier de Parilly. Cette implantation est nee de deux constats. D’une
part, la creation d’activites s’averait parfois difficile, voire non
souhaitable (en termes de prise de risques notamment), pour des personnes
qui etaient pourtant potentiellement porteuses de projets economiques.
L’objectif etait donc de creer un lieu qui puisse permettre le test, le
demarrage d’une activite, tout autant que la formation de l’entrepreneur.
D’autre part, un certain nombre d’entre eux ne souhaitaient pas etre seuls
pour s’engager dans la creation d’une activite. Il s’agissait donc aussi de
creer un lieu collectif et cooperatif dans la realisation d’activites.
Nous avons donc propose la creation d’une SARL Scop, c’est-a-dire d’une
societe qui se situe dans le champ de l’economie, mais de l’economie
sociale : en effet, les salaries sont majoritaires parmi les associes et
chaque associe possede une voix.

Notre structure accompagne les porteurs de projet dans la definition et la
mise en oeuvre de leur activite. Elle constitue aussi le support juridique
de l’activite lorsque celle-ci s’est developpee : c’est elle qui facture
s’il y a des ventes, et l’entrepreneur beneficie d’un contrat de travail
avec la Scop qui depend du chiffre d’affaires genere par l’activite. La
structure comporte donc un double volet : elle offre un accompagnement
certain (formation, mutualisation des moyens, locaux commerciaux communs,
etc.) ainsi qu’un portage juridique synonyme d’un engagement fort (la
cooperative est par exemple responsable devant les clients et les
administrations partenaires).
Aujourd’hui, une quarantaine d’activites sont en exercice, c’est-a-dire
qu’elles sont en mesure de facturer et que les entrepreneurs beneficient
d’un contrat de travail. De plus, une trentaine de projets sont en phase de
demarrage ou d’accompagnement.

Le financement de la structure est assure par une part des benefices
realises par les activites. Cependant, comme l’objectif ne se limite pas a
soutenir seulement les activites qui marchent, mais egalement de s’ouvrir a
des activites qui demarrent, elle beneficie egalement d’aides publiques.
La structure s’autofinance donc a 80% et beneficie de 20% de financements
publics, essentiellement de la part du Conseil general.

Au niveau du quartier, la structure a permis la creation d’une pepiniere
d’entreprises constituee d’une dizaine de bureaux. De plus, notre
implantation a Parilly a, selon les acteurs locaux, contribue a sa
redynamisation et a la revalorisation de son image. Neanmoins, on ne
s’adresse pas en priorite aux habitants de ce quartier car on est sur une
demarche de creation d’entreprises qui necessite du pre requis en terme
d’experience professionnelle ou de maitrise de connaissance. La structure
n’a pas le potentiel suffisant pour travailler aujourd’hui a cette tache.
Elle permet cependant, par l’acces aise a ses bureaux, de faciliter le
contact entre certains habitants et des structures comme la Chambre de
Commerce et d’Industrie vers laquelle ils ne se deplaceraient pas
spontanement. "

Debat avec les participants

Au-dela de travailler des solutions a l’interieur des quartiers, de
construire dans les quartiers, la question se pose des moyens a mettre en
oeuvre pour permettre aux jeunes de ces secteurs de trouver reellement un
emploi.

Une premiere voie developpee par les participants reside dans l’association
pleine et entiere des entreprises a cette demarche. En tant que
pourvoyeuses d’emplois, les entreprises sont evidemment des partenaires
incontournables et il apparait necessaire de developper des outils qui
puissent permettre de les associer vraiment. De plus, un travail de
proximite avec les entreprises permettraient sans doute egalement de
modifier les representations qu’elles peuvent se faire des jeunes issus des
quartiers en difficulte, representations qui jouent souvent comme une
entrave forte a leur embauche.
L’association de chefs d’entreprises ou de responsables du recrutement,
le developpement d’incitations financieres ou fiscales pour l’emploi de
jeunes issus de ces quartiers, la mise en place de quotas tels qu’ils
peuvent etre pratiques aux Etats-Unis (sur des criteres ethniques par
exemple), le developpement des clauses d’insertion dans le cadre des
marches publics sont autant de pistes envisagees a travers ce debat.
Concernant les clauses d’insertion, des blocages sont evoques avec les
organisations consulaires ou la Capeb : blocages reels ou demarches qui ne
sont pas toujours bien expliquees aux entreprises qui auraient peut-etre
besoin d’un soutien plus prononce pour faciliter leur mise en oeuvre ? La
question reste en suspend.
Enfin, il est note que l’outil de la cooperative d’entreprises peut
egalement etre, dans des cas bien specifiques, utilise par les acteurs de
l’insertion par l’economie. En effet, il existe des experiences reussies
(comme a Grenoble), certes tres exigeantes en temps et en disponibilite,
mais qui ont permis a des personnes tres eloignees de l’emploi, de monter
un projet ou de trouver un emploi.

Une seconde voie, indissociable de la premiere, consiste a travailler, avec
les jeunes de ces quartiers, les representations qu’ils ont des metiers et
des conditions de travail, tout autant que la reponse aux exigences que
peut avoir une entreprise quant a leur comportement (assiduite,
ponctualite, etc.). En effet, cela pourra leur permettre de rester dans
l’entreprise qu’ils quittent souvent soit parce qu’ils n’acceptent pas les
conditions de travail, soit parce qu’ils ne repondent pas immediatement aux
exigences des employeurs. Au-dela de la formation, la sensibilisation a ce
que sont par exemple les metiers du batiment, ou encore le tutorat en
entreprise sont evoquees comme des pistes d’actions possibles pour
faciliter l’insertion de ces jeunes dans l’entreprise.

De ce point de vue, la Region a mis en place, comme evoque ce matin,
des contrats d’acces et de retour a l’emploi durable. La formation et la
qualification du jeune sont assurees en echange d’une embauche en contrat a
duree indeterminee. Il s’agit donc bien d’offrir des perspectives a long
terme a ces jeunes. La question se pose aujourd’hui de savoir ou l’on en
est exactement par rapport a ce dispositif. Celui-ci est-il connu par les
acteurs ? Est-il suffisamment utilise ? Est-il efficace pour les
entreprises ? Il semblerait qu’aujourd’hui, 2000 contrats de ce type soient
signes annuellement, pour un objectif fixe, d’ici les prochaines annees, a
5000 contrats annuels.

La question des emplois jeunes qui avaient beneficie aux quartiers, a la
fois par le type d’emplois developpes qui s’averaient particulierement
utiles et par l’embauche de jeunes precisement issus de ces quartiers, est
egalement posee. La Region a mis en place les emplois tremplins. La encore,
ce dispositif est-il suffisamment connu par les acteurs ? D’une maniere
plus generale, l’idee developpee par la Region est de se rapprocher des
territoires, niveau particulierement pertinent pour l’analyse des besoins.
Sur la question de l’emploi notamment, des diagnostics devraient permettre
d’analyser les besoins, les difficultes a traiter et d’elaborer des
solutions adaptees. Sur la question de l’adaptation des formations aux
besoins des employeurs, il est demande aux acteurs de terrain de faire
remonter a la Region les differents constats de decalage qu’ils ont pu
faire a leur niveau.

Atelier 2 : " Structures et actions pour les 16 - 30 ans hors dispositif "

Anime par Marianne ORY, Conseillere regionale, Presidente de la commission
" politique de la ville et logement "
Rapporteure : Marie-France VIEUX-MARCAUD, Vice-presidente deleguee aux
lycees et aux formations professionnelles

" Emmanuelle Santelli a bien montre qu’il y a un certain nombre de jeunes
qui se trouvent dans ce que certains auteurs nomment " la Galere ". Ces
jeunes vivent dans l’instant, imaginent difficilement un avenir et sont
bien souvent engages dans des conduites dangereuses pour eux-memes ou pour
autrui. Ils passent generalement entre les " mailles du filet " des
dispositifs d’insertion sociale et professionnelle.
Dans cet atelier, nous souhaitons pouvoir aborder clairement cette question
des jeunes en errance, parfois avec de grosses difficultes psychologiques,
en situation de rupture familiale. Pourquoi passent-ils au travers des
dispositifs ? Comment les prendre en compte dans nos politiques publiques ?
Quels types d’intervention seraient adaptes ? Peut-on reperer differentes
categories de jeunes ou differentes categories de situations ?
Pour nous aider dans cette reflexion, trois experiences vont nous etre
presentees. La premiere, avec Guy Dubrez du GREP (Groupe pour l’emploi des
probationnaires), aborde le travail d’insertion professionnelle avec des
jeunes sous main de justice. La seconde est un espace d’accueil de jeunes
autour de differents aspects : emploi, sante (etc.) avec Jacques Losson du
Semaphore de Mulhouse. La troisieme met en scene des etudiants qui
interviennent comme benevoles dans des missions locales aupres de jeunes en
insertion, avec Marion Sessiecq de L’AFEV (l’Association de la fondation
etudiante pour la ville). "

L’insertion professionnelle des jeunes places sous main de justice
Guy DUBREZ, Directeur du GREP (Groupe pour l’emploi des probationnaires)

" Le GREP est une association qui a une vingtaine d’annees aujourd’hui et
qui s’est donnee comme objectif principal de favoriser le reclassement
socioprofessionnel des personnes placees sous main de justice, c’est-a-dire
des personnes ayant fait l’objet d’une peine privative de liberte. Cette
association a ete creee par un juge d’application des peines et par
quelques travailleurs sociaux (des conseillers d’insertion et de probation)
qui ont souhaite donner du sens a leur mission en soutenant ces personnes
dans leur demarche de reinsertion.
Reservee d’abord aux condamnes en milieu ouvert, puis a tous les condamnes
originaires du Rhne (c’est-a-dire y compris les condamnes en prison),
l’action du GREP repond a trois interets convergents. Tout d’abord celui de
la victime qui doit pouvoir etre indemnisee, ce qui necessite souvent pour
le condamne de travailler. Puis l’interet du systeme penitencier en
general, le cout journalier de l’incarceration s’elevant entre 50 et
60 euros par jour. Et enfin l’interet du condamne lui-meme qui peut
recouvrer dignite et socialisation par l’intermediaire du travail.
La presence immediate d’entreprises impliquees dans ce projet est egalement
une caracteristique forte de l’action du GREP. Celui-ci a en effet
immediatement draine un certain nombre de patrons d’entreprises issus d’une
tradition militante particulierement marquee a Lyon.
Le GREP est donc un outil au service de l’institution judiciaire qui
constitue sa principale raison d’etre. On se situe dans du " cousu main "
qui le distingue fortement du droit commun en matiere d’emploi.
L’un des points forts et des objectifs poursuivis par l’association est de
pouvoir constituer une plate-forme qui regroupe sur le meme lieu une
structure d’accueil, une structure d’orientation, un centre de formation et
une structure d’acces a l’emploi. L’orientation se fait dans le cadre de
partenariats etroits avec l’ANPE qui est associee au travail sur le projet
professionnel de la personne, et avec les Missions Locales qui sont
sollicitees pour l’integration de jeunes dans des actions de formation. Le
centre de formation permet par exemple la realisation de stages d’immersion
en entreprises d’une duree de deux mois. L’acces a l’emploi se fait grace a
un partenariat avec les entreprises d’insertion (elements moteurs de
l’insertion pour ces publics), certaines associations ou entreprises du
travail temporaire d’insertion. Il se fait egalement grace a un partenariat
avec d’autres entreprises en direction desquelles le GREP mene des actions
de sensibilisation (organisation de visites de prison pour des chefs
d’entreprises, diners-debats autour des problematiques justice/travail,
etc....). L’acces a l’emploi est aussi permis par la mise en oeuvre d’actions
d’accompagnement telles que la designation et la sensibilisation d’un
tuteur, la mise en place d’un livret de suivi, etc.
Au total, 160 entreprises sont partenaires du GREP, dont 37% appartiennent
au secteur du BTP et 29% a l’industrie (laboratoires, metallurgie, grande
distribution, etc.).

Le public pris en compte par l’action du GREP est constitue pour 65% de
jeunes de moins de 30 ans et, pour pres de la moitie, de jeunes de 18 a 25
ans. Sur 500 personnes accueillies annuellement, 200 ont en effet entre 18
et 25 ans[6]. Ils sont tous domiciles dans le Rhne. Ils sont, pour la
majorite, reperes en detention. Une petite minorite se presente dans le
cadre d’une mise a l’epreuve. Ils s’engagent a se former ou a travailler,
en echange de quoi ils peuvent beneficier d’un amenagement de leur peine.
Parmi les moins de 25 ans, 92% sont des hommes, celibataires a 84%. Ils
sont de nationalite francaise a 91%. Ils sont, officiellement du moins,
domicilies ou heberges par leur famille.
Ces jeunes cumulent globalement les handicaps. 21% rencontrent des
problemes de sante (toxicomanie, troubles psychologiques, etc.). Cette
part, fondee sur leurs declarations, est sans doute sous-estimee. 77% n’ont
pas de diplme. 55% n’ont jamais travaille. 27% seulement ont le permis de
conduire. Ils sont principalement domicilies a Lyon, notamment dans les
structures d’hebergement d’urgence, puis a Vaulx-en-Velin, Villeurbanne,
etc.

Sur 200 jeunes annuellement suivis, une cinquantaine a d’autres problemes
prioritaires a regler telles que des difficultes liees a la sante, au
logement, etc. Sur les 150 jeunes restant, 104 jeunes ont participe a des
actions d’insertion et 58 ont accede a l’emploi dans nos structures
partenaires. Parmi ces jeunes, 8% ont recidive, contre une moyenne
classique de 55%. Enfin, une centaine de peines ont beneficie d’un
amenagement en 2004. Le GREP est en voie d’essaimage sur deux autres
departements aujourd’hui : l’Ain et la Loire qui vont tous deux accueillir
un centre de detention dans les annees a venir et qui sont d’ores et deja
sensibilises aux questions preventives relatives a l’incarceration. Le GREP
est pour cela soutenu par la Region, la Prefecture de Region dans le cadre
du Fonds Social Europeen et de la Politique de la Ville. "

Un espace jeunes : le Semaphore de Mulhouse
Jacques LOSSON, Directeur

" L’espace jeunes " le Semaphore " situe a Mulhouse est une association
creee il y a une quinzaine d’annees. Du fait de l’etoffement des missions
qui lui ont ete confiees par ses differents partenaires, elle est passee de
6 a 60 salaries aujourd’hui. Le budget du Semaphore s’eleve a trois
millions d’euros. Il releve a 30% de l’Etat, a 30% des EPCI, a 20% du Fonds
Social Europeen, a 16% du Conseil regional et a 4% du Conseil general.
Trois sites composent le Semaphore, tous situes en centre-ville. Deux
points sont soulignes comme participant a l’originalite de la structure.
D’une part, en integrant des le depart la Mission Locale et le Bureau
d’Information Jeunesse, la structure a souhaite immediatement lier le
Ministere de l’emploi et celui de la Jeunesse et des Sports. D’autre part,
par le biais d’un espace vitrine d’informations en direction des jeunes par
rapport a differents sujets (emploi, formation, mais aussi loisirs, sante,
etc.), la structure s’adresse a tous les jeunes, et pas uniquement aux
jeunes en difficulte (elle comporte par exemple un relais UCPA). Elle
temoigne donc d’une volonte forte d’ouverture. Plusieurs espaces se sont
progressivement constitues au sein du Semaphore. Nous en detaillerons ici
quelques-uns.

L’espace multimedia est un espace qui permet un acces Internet par
l’intermediaire d’une vingtaine d’ordinateurs. Il est frequente par 50 a
60% de jeunes en recherche d’emploi. Quatre animateurs sont presents et
soutiennent les utilisateurs dans leur recherche d’emploi (traitement de
texte, techniques de recherche d’emploi, etc.). Un travail est mene en
partenariat avec les associations de quartiers, les ecoles, et notamment
les ecoles et les centres aeres des quartiers " politique de la ville ",
des instituts pour handicapes, des personnes en insertion, etc. Des actions
de formation (illettrisme, apprentissage du francais) sont organisees.
Deux autres espaces sont dedies aux jeunes les plus en difficulte qui
possedent l’ensemble des caracteristiques mises en evidence par Emmanuelle
Santelli : la Mission Locale et l’ecole de la deuxieme chance.
La Mission Locale accueille chaque annee 1600 jeunes. Ce chiffre connait
une forte augmentation depuis 2000 ou 900 jeunes l’avaient frequentee. On
observe egalement, a mesure que le marche de l’emploi se tend, l’arrivee
d’un public plus diplme. Alors que l’on travaille traditionnellement avec
des jeunes possedant un niveau de formation VI et V bis, notre structure
s’ouvre de fait aujourd’hui a des jeunes au niveau V et IV, voire au-dela.
Afin de repondre aux besoins des jeunes en matiere de sante, un espace a
ete cree. Il propose par exemple une mutuelle a ceux qui n’en ont pas.
Une experience a egalement ete menee avec un medecin psychiatre autour des
problemes specifiques des jeunes en partenariat avec d’autres
professionnels en lien avec la jeunesse, autour de la thematique de la
schizophrenie, etc.
L’ecole de la deuxieme chance est un organisme de formation cree en mars
2000. Il accueille des jeunes de 16 a 22 ans tres en difficulte sur le plan
de l’insertion. Aucun d’eux ne possede un diplme. Tous sont en rupture
avec le systeme scolaire. Tous rencontrent des problemes peripheriques
egalement consequents. Ceux-ci se voient proposer un parcours de formation
d’une duree de quatre a cinq mois. Ce parcours debute par une premiere
phase qui a pour objectif de redonner confiance a ces jeunes qui ont tous
connu l’echec scolaire. Ceci se fait par le biais d’ateliers (d’ecriture,
de theatre, de percussion, de peinture, etc.) auxquels participent les
jeunes. Ces ateliers sont assures par des professionnels des disciplines
qu’ils recouvrent. Des moyens importants permettent ainsi de proposer des
activites de qualite, ce qui est apparu comme fondamental pour les jeunes.
La deuxieme phase consiste a travailler avec eux sur la notion de projet
professionnel. Il s’agit de les mettre en situation de travail. On
s’apercoit alors qu’ils ont une perception souvent decalee de ce qu’est le
travail. La demarche vise donc, par l’alternance, a recadrer leurs
perceptions avec la realite. Enfin, la troisieme phase consiste a
accompagner les jeunes soit directement en entreprises, soit dans des
structures d’insertion dont est souligne ici le rle fondamental. Un
referent de la structure accompagne donc chaque jeune dans l’entreprise, ce
qui permet a la fois de rassurer le partenaire de l’action et de constituer
un fil directeur pour le jeune accompagne.

Plusieurs enjeux sont evoques pour la structure. Tout d’abord comment faire
en sorte qu’une structure telle que le Semaphore, qui compte aujourd’hui
une soixantaine de salaries, ne devienne pas une institution dont on
imagine qu’elle serait moins en capacite de repondre de facon reactive et
adaptee aux besoins des jeunes ? Puis, comment faire evoluer l’ecole de la
deuxieme chance pour qu’elle puisse prendre en compte des jeunes de 16/17
ans ? Et enfin, comment gerer au mieux en interne la cohesion d’une
structure aussi diversifiee sur le plan des projets ? "

Etudiants et jeunes en insertion : accompagnement a la vie sociale
Marion Sessiecq, Chargee de mission AFEV

" L’AFEV (Association de la fondation etudiante pour la ville) existe en
Rhone-Alpes depuis 8 ans et au niveau national depuis 14 ans. Elle vise la
mobilisation d’etudiants benevoles sur des actions d’accompagnement
educatif pour des publics en difficultes socioprofessionnelles ou scolaires
- enfants, adolescents ou jeunes adultes. L’AFEV est ainsi presente sur des
territoires ou coexistent un bassin universitaire et des quartiers en
difficulte. Si historiquement, l’action a debute sur l’accompagnement a la
scolarite, l’AFEV a diversifie son action a partir de 1998, date a laquelle
elle s’est implantee en Rhone-Alpes, pour engager des actions dans les
domaines de la prevention, de la sante, de l’insertion, de l’illettrisme.
Les publics se sont donc egalement diversifies.

Le premier principe d’intervention, quelles que soient les actions menees,
est celui du benevolat. Le second principe est le partenariat : les
etudiants interviennent toujours en partenariat avec les structures en
place, et non en concurrence ou en substitution a leur action.
Les etablissements scolaires, les structures d’insertion, les equipements
culturels, la PJJ, les Missions Locales, les Centres medicopsycho-
pedagogiques (etc.) sont nos partenaires privilegies. Au niveau
institutionnel, nous beneficions d’une convention pluriannuelle avec le
Ministere de l’Education nationale, la DIV, la CAF, le FASILD, le CNOUS,
les collectivites territoriales, etc.

Concernant les actions liees a l’insertion des jeunes, elles concernent un
public qui a entre 16 et 25 ans, generalement sorti du systeme scolaire
sans qualification, en situation d’insertion sociale et professionnelle, et
residant dans les quartiers " politique de la ville ". La Region Rhne-
Alpes a constitue le laboratoire de l’AFEV pour experimenter ce nouveau
mode d’intervention puisqu’elle etait, en 2000, la seule region dans
laquelle des actions d’insertion etaient mises en place. Aujourd’hui,
quatre autres regions les ont developpees : l’Ile-de-France, le Midi-
Pyrenees, l’Aquitaine et le Nord-Pas-de-Calais. En Rhone-Alpes, ces actions
existent principalement dans le departement du Rhne, a Lyon et dans
l’agglomeration, mais aussi dans les departements de la Drme, de l’Isere
et de la Savoie.

Les particularites de l’intervention de l’AFEV, qui vient en complement de
l’action ordinaire des institutions, sont les suivantes. Elle propose un
accompagnement benevole dans le cadre d’une relation privilegiee entre un
etudiant accompagnateur et une personne accompagnee. Il s’agit d’une
relation de proximite forte qui permet d’offrir du " cousu main " a la
personne soutenue. A travers cette relation, l’objectif vise est de
favoriser sa comprehension de son environnement socioculturel, de
stabiliser son processus d’insertion et de contribuer a lui faire gagner en
autonomie. L’objectif globalement poursuivi etant toujours de mettre en
confiance le jeune, tant il est note par l’ensemble des acteurs qu’il
s’agit d’un preliminaire indispensable a restaurer. Trois axes principaux
guident l’action de l’AFEV : la transmission d’elements de formation
complementaires au niveau scolaire initial (renfort des savoirs, mise en
confiance), la transmission d’apports methodologiques (travail sur l’oral
et l’ecrit, etc.), la decouverte de l’environnement du jeune (aide a la
manipulation d’Internet, aide aux deplacements urbains pour se rendre a un
entretien d’embauche, etc.).

L’une des particularites de l’intervention de l’AFEV est qu’elle met en
relation un etudiant plutot en voie de reussite et d’insertion avec un
jeune en difficulte. Des echanges et des liens enrichissants se creent
entre eux, fondamentaux en terme d’apprentissage du lien social et de la
solidarite. "

Debat entre les participants

Le debat avec les participants s’est oriente autour de deux principaux
axes. D’une part, la question de l’articulation des dispositifs promus par
les politiques publiques avec les caracteristiques et les besoins des
territoires. D’autre part, la question des moyens et des methodes a
developper pour aller vers des publics jeunes qui sont en dehors des
dispositifs mis en place.

Tout d’abord, comment faire en sorte que les priorites d’un dispositif de
droit commun puisse s’articuler au mieux avec les besoins d’un territoire
particulier ? La prise en charge de nouvelles competences par les
collectivites territoriales leur confere une marge de manoeuvre dont elles
ne beneficiaient pas auparavant. Ceci constitue, meme si les moyens
transferes ne sont pas encore a hauteur de ces nouvelles competences, une
opportunite forte d’intervention. Dans ce cadre, des strategies
d’intervention territoriales peuvent etre elaborees, qui permettent, des
lors qu’elles ont ete definies un peu en amont de la mise en place des
dispositifs, d’engager une certaine articulation entre dispositif et
territoire. C’est ce qu’a fait par exemple le Pays de l’agglomeration
mulhousienne juste avant la creation des Maisons de l’emploi par le Plan de
cohesion sociale, en reunissant l’ensemble des acteurs concernes par la
question de l’emploi (ANPE, Assedic, Chambres consulaires, Agence
d’urbanisme, etc.) et en definissant une strategie territoriale. De fait,
une certaine coherence est reperee sur le territoire et des liens se nouent
progressivement entre les differents partenaires. De meme, dans le cadre
des Contrats territoriaux de developpement de la Region Rhone-Alpes, un
maillage se met en place entre les acteurs.

D’autre part, comment reperer d’abord, puis aller vers et prendre en compte
les jeunes qui sont hors dispositif, qui ne frequentent aucune structure ?
L’ensemble des acteurs participants s’accorde d’ores et deja sur le fait
que ces jeunes sont relativement bien identifies par les differentes
structures du territoire. Le probleme principal ne reside donc pas dans
leur identification, mais plutot dans les moyens a mettre en oeuvre pour les
integrer aux dispositifs, aux actions proposes.
En preambule a cette question, il est d’abord precise, comme principe de
realite a integrer, qu’il y aura toujours des jeunes qui n’iront pas vers
les structures, ou qui y viendront tres ponctuellement et s’en echapperont
ensuite, parce qu’ils n’en ont pas le souhait, ce qui, en outre, fait
partie de leurs droits.

Neanmoins, plusieurs pistes sont proposees pour tenter de favoriser la
prise en compte de ces jeunes.

La premiere proposition consiste a saisir au mieux les opportunites
offertes par des moments cles pour etablir un contact avec ces jeunes.
L’Education nationale et le Semaphore se saisissent par exemple du temps
fort de la rentree de septembre, et convoquent, dans le cadre d’ateliers
collectifs d’orientation, l’ensemble des jeunes qui sont sans etablissement
d’affectation pour la rentree. L’an dernier, sur 280 jeunes reperes, 80 ne
sont pas venus, 100 ont rejoint un etablissement scolaire, et 100 restent
sans solution. Ce sont ces derniers avec lesquels le Semaphore tente de
travailler. Cette occasion constitue donc un temps et un lieu de reperage
interessant et pertinent pour etablir un lien avec ces jeunes et leur
proposer de participer a des actions. De ce point de vue d’ailleurs, les
etablissements scolaires, dans le cadre des Missions generales d’insertion,
connaissent tres bien les eleves sans affectation et constituent a ce titre
des partenaires indispensables pour entrer en contact avec ces jeunes. Le
GREP se saisit egalement d’un temps ou il peut aller vers un public pour
partie captif a qui des actions de reinsertion sont proposees.

La seconde proposition generale vise a considerer d’abord le jeune, son
individu, ses caracteristiques, ses difficultes et ses atouts propres pour
l’accompagner dans sa realisation.

Pour cela, un premier moyen pourrait consister, pour la Region, a favoriser
les actions transversales dans le cadre des contrats de ville en inventant
par exemple un systeme de majoration, plutot qu’uniquement les