L’Abbé Pierre et le logement pour tous

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

A l’heure où la cause du logement pour tous parait à nouveau menacée, j’étais ce samedi à Lyon pour l’inauguration de la plaque commemorative "ABBÉ PIERRE" né Henri Grouès à Lyon, où je représentais la région.

Alors que la cause du logement pour tous parait toujours menacée, malgré les annonces (cliquer ), Lyon rendait justice aux mal logés par l’intermédiaire de l’ Abbe Pierre ce samedi...


(fresque lyon)

J’étais donc ce samedi à Lyon pour l’inauguration de la plaque commemorative "ABBÉ PIERRE" où je représentais la région.
A l’image de Henri Grouès, cette cérémonie réunissait des représentants de communautés religieuses et confessionnelles variées, de laics, d’Emmaüs France, des représentants d’institutions publiques (J.Louis Touraine pour la Ville de Lyon et Alberic de Lavernée pour le Conseil general), la famille Grouès... ainsi que les anciens élèves du collèe et lycée, et Monseigneur Barbarin, Cardinal et archevèque de Lyon ( qui a eu la gentillesse de me remercier pour mon discours)...
(la plaque 10 r.Ste Hélène)

Voici mon intervention :

INAUGURATION DE LA PLAQUE COMMÉMORATIVE "ABBÉ PIERRE"

samedi 13 décembre 2008-
16h00-18h30

Lycée Saint Marc - 10 rue Ste Hélène - 69002 LYON

Intervention de Marie-Odile NOVELLI

Vice-Présidente du Conseil régional déléguée au logement, au foncier
à la politique de la Ville et à la solidarité

"Henri Grouès, né à Lyon, devenu Abbé Pierre, à la fois Résistant, prêtre et député, chrétien et socialiste, est sans doute la personnalité la plus riche d’engagements. D’engagements profonds et complexes : souvent provocateur - sa parole a parfois heurté les convenances- il affirme son attachement au pape. Fils de famille, il renonce à ses biens et défend les faibles. C’est un combattant, mais avant tout un militant acharné de l’humanité , qui refuse tout cynisme et propose toujours à l’autre une perspective honorable...

Ces multiples facettes, et son combat sans relâche pour la justice sociale, en ont fait la personnalité préférée des français.

La figure à laquelle je souhaite plus particulièrement rendre hommage est celle de l’homme proche des pauvres, et qui donne l’espoir de résoudre le difficile problème de la pauvreté.

L’Abbé Pierre, n’a cessé de mettre en lumière la pauvreté - celle que l’on ne veut pas voir- il n’a cessé d’attirer sur elle l’attention, et d’appeler chacun, avec une énergie communicative, à dépasser l’égoïsme, le confort et la paresse...

Il l’a fait sans séparer la parole et l’action. Il ne se contentait pas d’exhorter à agir : il agissait autant qu’il interpellait.

Dès l’après-guerre, il loue une grande maison sur ses indemnités de député pour loger les sans-abris, récolte des fonds pour construire des logements, accueille les personnes les plus en difficultés et leur offre la perspective d’un travail puis d’un toit dans le cadre des Compagnons d’Emmaüs .

Son interpellation , qui a commencé avec l’appel sur radio-Luxembourg en 1954 , s’est poursuivie tout au long de sa vie avec la même force et la même efficacité : plusieurs milliers de personnes étaient mobilisées en 2006 à l’Assemblée nationale pour défendre l’arcicle 55 de la loi SRU.

Mais sa plus grande force est peut-être sa capacité à changer le regard sur les pauvres.
il a montré que les compagnons d’Emmaüs sont des personnes qui peuvent rendre service et récolter des fonds par leur travail , qui peuvent aider les personnes plus en difficulté. Que ces personnes sont démunies financièrement mais riches d’humanité.

Et en ces temps de crise, économique, financière , son message revet une singulièrement acuité.
Nous vivons une crise de civilisation. Notre monde "dit civilisé" ou "développé" dépense matériellement et financièrement des sommes considérables pour satisfaire des besoins morbides.
"Ces budgets du mal vivre", comme l’appelle Patrick Viveret, sont considérables : en effet, selon une étude du Programme des Nations-Unies pour Développement qui a aujourd’hui une dizaine d’années (1998), plus de 400 Milliards de dollars sont consacrés aux drogues et stupéfiants, plus de 400 Milliards de dollars pour la publicité -qui est une autre forme d’addiction, qui substitue aux besoins de l’Etre le succédanné de l’Avoir,
et plus de 800 Mds de dollars sont consacrés à l’armement, violence qui érige la guerre comme préalable illusoire à la paix...

Il suffirait, pourtant, selon la même étude, de 40 Milliards de dollars pour pourvoir aux besoins humains fondamentaux : besoins en eau potable, besoins en aliments et soins de base, et besoins en logement....

Alors.... alors laissons nous gagner par l’interpellation d’Henri Grouès , Abbé Pierre ; celui -ci nous exhorte à un sursaut de la conscience, à une "insurréction de la bonté" ; il nous exhorte à agir : "il ne faut surtout pas attendre - dit il- d’être parfait pour commencer à faire quelque chose de bien ».
Cela est vrai pour les individus, comme pour les institutions."

MO.N