Films : "Tokyo !", "Entre les Murs", etc Oct.2008

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Pause appréciée du Week-end, après une semaine très dense, j’ ai vu "Tokyo !" - film de Bong Joon-ho, Leos Carax et Michel Gondry // "Rien que pour vos cheveux", de Dennis DUGAN...

J’ ai vu : "Tokyo !" - film de Bong Joon-ho, Leos Carax et Michel Gondry,
après avoir vu avec bonheur les semaines précedentes "Rien que pour vos cheveux", de Dennis DUGAN, et "Entre les murs", de Laurent Cantet ......

3 films remarquables, au destin varié puisque si " Entre les murs" a obtenu la palme d’or au festival de Cannes, les deux autres n’ont joui que d’une programmation confidentielle et brève sur Grenoble. C’est extrêmement dommage : je suis sûre qu’à Grenoble, ville où il y a énormément d’étudiants, de cadres et de gens curieux, il y avait un public pour cela...


J’ ai beaucoup aimé "Tokyo ! "
film de Bong Joon-ho, Leos Carax et Michel Gondry .

Ce film est au cinéma ce que les nouvelles et les contes sont à la littérature : des
petites pièces philosophiques qui donnent singulièrement à réfléchir ...
Mais ici, les "contes" sont écrits par 3 auteurs différents.

Tokyo, mégapole urbaine, est pour chacun des cinéastes un symbole du monde en crise :
Crise du capitalisme libéral d’abord (vécu par un couple embarqué dans les difficultés de la vie quotidienne avec Michel Gondry), où l’idéologie de l’efficacité décrète l’inutilité sociale de ceux qui ne sont pas suffisamment performants et n’ont donc pas de "valeur", et intériorisent dans leur chair, jusqu’à la métamorphose insolite(que je ne revèlerai pas), l’idée que les objets ont plus d’utilité que les humains ! .
Crise d’une société trop rationnelle, propre et normée, où le refoulé ("Merde") resurgit avec une violence baroque qui rêve de "tout faire péter" ."Mr merde," de Leos Carax, est un héros des égouts, déjanté, violent, repoussant, instinctif : l’instinct animal à l’état pur, libéré, à la course folle.

Crise d’une société repliée sur elle- même, hyperindividualiste, et qui vit dans le virtuel, enfin, avec Bong Joon-ho. Cette dernière séquence est saisissante, et peint les dérives des "hikikomori", qui vivent enfermés dans leur appartement, réduisant au strict minimum tout contact avec le monde extérieur, grâce aux commodités de la technique. L’ouverture surviendra in extremis avec l’amour, seule issue d’un monde en plein suicide, en pleine autodestruction "propre" et silencieuse.

Trois styles personnels, trois visions différentes mais complémentaires et cohérentes , sur un sujet unique.

Signe de la "justesse" de ce film , la réaction des spectateurs dans la salle où j’étais : saisis, ils ont laissé défiler tout le générique, au demeurant fort long , de ce film franco-germano-coréo-japonais, scotchés à leur siège, comme je l’étais.
Un film qui fait mouche.
M.O.N

J’ ai énormément aimé

"Rien que pour vos cheveux" :

Dennis DUGAN nous entraîne dans une farce parfaitement déjantée, burlesque, obcène et parodique... Une tranche de rire et de bonheur sur un sujet grave : les rapports entre Israeliens et palestiniens. Le rire autorise définitivement la distance critique. Il faut dire que l’action que le film ne se déroule pas à Gaza, mais aux States....
MO.N

J’ ai également beaucoup apprécié " Entre les murs, " de Laurent Cantet :

Certes, François Begaudeau est omniprésent, puisqu’il est à la fois l’auteur du livre adapté pour le film, et le personnage principal, puisqu’il joue ici son propre rôle de prof. ! ... Mais c’est probablement ce "cumul " des fonctions qui donne sa vraisemblance au film, et sa cohérence. L’éclairage social, nuancé, est traité sans excès, sans desespoir , ni romantisme, ni optimisme convenu. L’humain l’emporte toujours. Cela fait tellement "du bien", de voir un film qui n’est pas manichéen, qui ne dramatise pas le problème social, mais ne masque pas non plus les difficultés !

MO.N