J’ AI APPRECIE LE FILM "SICKO "

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

J’ ai beaucoup aimé "Sicko", de Michael Moore...film engagé, plaidoyer vibrant (parfois drôle) pour une politique humaine de santé aux Etats Unis, dont le ton n’est pas aussi polémique que le précédent film de M. Moore.

J ’ai beaucoup aimé

Sicko, de Michael Moore.

Sicko (qui vient de "sick" -malade- avec une contamination de "psycho"-tique), signifie "malade et fou" en argot americain .
Sicko est une dénonciation forte, poignante, du système de santé américain. Mais avant tout, c’est un film ; le film d’un humaniste vraiment sincère.
 Ce n’est pas vraiment un "docu", au sens strict du terme. Les comparaisons avec les systèmes de santé canadiens, anglais, français, quoiqu’ interessantes, sont assez peu objectives, car Michael Moore nous restitue des témoignages vécus, donc non exempts d’erreurs ou d’idéalisme (notamment ceux des américains vivant en France ). Lui même du reste ne prend pas la peine d’évoquer le système "medicare" (reservé aux plus démunis aux EU), sensé être connu, pour se centrer exclusivement sur les Américains sans couverture sociale...
Et il attaque fort : un américain désargenté, ayant perdu ses deux doigts dans un accident de scie , est contraint de choisir de se faire greffer l’annulaire, la greffe du majeur étant trop chère. Il enchaine les exemples de même nature...
L’enjeu, pour M. Moore, n’est pas celui d’un documentaire circonstancié, même si la palette comparative qu’il nous livre en nous entrainant dans différents pays d’ Europe, donne quand même à réfléchir : ainsi, on note au passage que même Mme Tatcher n’ a pas osé toucher à la gratuité des soins en grande Bretagne ("cela aurait entrainé une révolution"), et on mesure que les Anglais mettent en place, avec quelque audace, un système de rémunération au mérite et au résultat. "Moi, je suis davantage payé quand mes patients fument moins, et quand leur taux de cholestérol diminue..." dit en substance un médecin du service public anglais. Exemple illustratif de l’écart qui existe entre une tradition préventive de la médecine, comme en Grande Bretagne, avec néanmoins un souci de rationalisation de la dépense, et une une tradition curative, comme en France.
L’enjeu essentiel pour M. Moore, c’est clair, est la dénonciation profonde, passionnée, du système américain, par ceux là même qui en souffrent le plus ;
Une dénonciation qui nous étreint et nous inquiète, comme une menace de ce qui pourrait atteindre nos sociétés occidentales.
Car les questions posées par M Moore sont essentielles : est ce que seuls les plus riches peuvent être soignés ? Peut-on, comme aux états unis, refuser de prendre en charge une personne malade en sachant qu’elle va mourir ? "Que sommes nous devenus ", interroge t- il souvent...
47 millions d’Américains n’ont aucune couverture sociale, et de nombreux autres qui en ont une se heurtent à des clauses qui ne permettent que des prises en charge partielles. Les assurances privées n’ont de cesse de trouver des pretextes pour ne pas rembourser ou ne pas autoriser un traitement. Leurs juristes trouvent toujours des failles, et les médecins ont l’obligation de résultats gestionnaires (au moins 10% de refus, par ex) !
L’hypocrisie atteint son comble lorsque Michael Moore nous présente des "héros" du 11 Septembre, sauveteurs aux poumons brûlés, certes encensés , mais complètement abandonnés par la société américaine parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour se soigner.

Le film de Michael Moore n’est cependant pas dénué d’humour grinçant, burlesque, ni de provocation :
il n’hésite pas à trainer ces héros de l’Amérique malades et abandonnés par leur patrie, chez l’ennemi intime, symbolique : Cuba.
Ils trouveront là soins gratuits et de qualité. Ils trouveront au moins là, la liberté de vivre !
La charge du film est donc sévère.
Et elle est profondément nécessaire. Le reste, comme on dit, n’est que littérature.

Marie Odile NOVELLI