LA FRANCE TRAVAILLE-T-ELLE TROP PEU ?

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

1.La France travaille - t- elle trop peu ? Faut-il s’attaquer aux 35 heures ? Une contraverse éclairée ...- 2. Chômage/emploi : le point

La France travaille - t- elle moins que la moyenne des pays de la zone euro ? Faut-il vraiment s’attaquer aux 35 heures ?

Ces deux questions ne sont pas nécessairement liées.
Mais les candidats de droite et d’extrême droite qui veulent "réformer" les 35 heures, s’appuient sur le présupposé suivant : la France travaille moins que la moyenne. Comme je n’ aime pas chausser de lunettes idéologiques (reflexe datant de mes années de fac.), je vais examiner - avec l’appui des chiffres de l’ OCDE et Eurostat - ces deux propositions.

Pour répondre à ces deux questions, il nous faut d’abord nous mettre d’accord sur la méthode d’approche et de calcul : ce n’est pas la théorie qui compte, mais bien
 la réalité de la durée effective du travail en France.

1.La France travaille t- elle moins que la moyenne ?

La durée légale du travail correspond officiellement à 1650 heures de travail chaque année. Mais c’est un chiffre théorique :
-à temps plein, certains travaillent plus : heures supplémentaires (rémunérées ou non comme les cadres au régime "4 jours" qui ont un temps supérieur du fait de très longues journées, ou régime d’équivalence dans les transports, salons de coiffure... avec un temps de présence supérieur au temps rémunéré).

 -mais certains, également, travaillent moins (congés maternité, accidents du travail...). La durée effective du travail est cependant plus élévée que la durée légale :...
Ajoutons, pour illustrer cette complexité du cadre salarial, que selon Raymond Torres, chef de la division Analyse des Politiques de l’Emploi à l’OCDE, il existe plus de trente types de contrats de travail en France.

Toutefois , une partie des salariés travaille à temps partiel.
Il y a en France 4 millions de salariés à temps partiels (17% des salariés), soit deux fois plus qu’il y a 20 ans. Ils travaillent 23 h en moyenne. La durée moyenne du travail est diminuée d’autant.

Du fait du travail à temps partiel, la durée du travail est ramenée à 1550 heures par an. Si l’on comptabilise l’absenteîsme, les pauses, on tombe à 1456 heures.
(cf eurostat, perspectives de l’emploi de l’ OCDE, données du Hors série n°72 d’alternatives économiques, en partenariat avec l’ Observatoire des Conjonctures Economiques-).
C ’est proche de la moyenne européenne, malgré les 35 heures.
(cf "perspectives de l’emploi de l’ OCDE")

2. Les 35 heures , l’emploi et la durée du travail :

- Rappelons d’abord que de 1998 à fin 2001, les trentes cinq heures ont été accompagnées de la création de 350 000 emplois, chiffres officiels de l’ INSEE et de la DARES. soit une augmentation de 6,8 % du volume des heures travaillées. Depuis 2002, il n’est que de 1% à 1,5%.
Les emplois crées grace à la réduction du temps de travail ont plus que compensé l’effet de la réduction du temps de travail.

-Durée du travail : les français commencent à travailler plus tard dans la vie, et arrêtent de travailler plus tôt.
Le chômage des jeunes et des personnes de plus de 55 ans est plus élevé que dans la moyenne européenne.

Par conséquent, pour augmenter la durée du travail, mieux vaudrait s’attaquer au chômage et au temps partiels contraints plutôt qu’aux 35 heures. CQFD ?

Marie Odile Novelli

En bref : la démographie au secours du chômage

Les chiffres du chômage et des créations d’emploi sont toujours sujet à controverse .
Ceci étant, de Juillet 2005 à Novembre 2006, en un an et demi, le chômage officiel a diminué : il est passé de 3,8 à 3,4 millions de chômeurs.
Cette diminution apparait en partie lié à l’activité économique.
Certes, il y a les chômeurs qui, découragés de chercher un emploi, ont été radiés. Mais les enquêtes ANPE envers ceux qui ont quitté les services publics de l’emploi montrent plutôt une recrudescence des embauches (170 000 emplois crées dans les services marchands) , témoins de l’activité économique des 5 trimestres . Ceci limite la portée des critiques sur "la magouille" des statistiques comme le rappelle alternatives économiques ( l’ Etat de l’économie 2007, n° special en partenariat avec l’ OCFCE).
Les emplois aidés auraient aussi joué un rôle non négligeable.

Mais surtout, la démocraphie aurait donné "un sérieux coup de pouce".
Entre 95 et 2004, il partait chaque année à la retraite un peu moins de 600 000 personnes, mais il entrait Près de 800 000 jeunes sur le marché du travail. Environ 150 000 personnes de plus chaque année.

En 2005-2005, pour la première fois depuis des decennies, il sort plus de personnes du marché du travail qu’il n’arrivent de nouveaux demandeurs ! 800 000 nouveaux retraités, et 760 000 nouveaux entrants....

Mais l’avenir n’est pas rose pour autant : si la France se donne pour objectif d’abaisser le taux de chômage à 4,5% en 2020 et que 50% des 55-65 ans aient un un emploi (au lieu des 40% actuellement),il nous faudrait, selon henri Sterndyniak, directeur du département mondialisation de l’ OFCE, une croissance d’au minimum 2,25 % par an. Soit une progression de l ’emploi de 0,65% par an.
Or, aujourd’hui, la croissance est de 1,6%/an...A moins que nous ne changions de systéme ?

M.O.Novelli