Citoyenneté : rôle des associations ?

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

QUAND LA SOCIETE S’EN MELE (2)..OU L’ON REPARLE DES "ENFANTS DE DON QUICHOTTE"... Hier, dans l’hémicycle du Conseil régional, j’accueillais, au nom de la région, les responsables et militants de la Féderation Nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale

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Quand la société s’en mêle (2) :

Hier, dans l’hémicycle du Conseil régional, j’accueillais, au nom de la région, les responsables et militants de la Féderation Nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS ) pour leurs assises régionales.
Etaient invités : l’ URIOPSS (union régionale des organismes privés sanitaires et sociaux), des militants, des travailleurs sociaux, des usagers, des conseillers régionaux...
La FNARS venait rendre compte de ses travaux sur l’exclusion.
Elle souhaitait également faire réagir différents représentants des conseillers régionaux de partis politiques de gauche et de droite républicaine ( sauf l’ UMP, qui n’avait délégué personne) sur différentes questions telles que le droit au logement opposable, la décentralisation, la concurrence négative induite par le nouveau code des marchés public...

La question de la médiatisation des "enfants de Don quichotte " est naturellement revenue sur la table.
Comme dans beaucoup d’associations sociales oeuvrant en France, certains militants supportent assez mal, en effet, la médiatisation soudaine dont ont bénéficié les "enfants de Don Quichotte" alors qu’elles mêmes font un travail bénevole indispensable depuis des années.
Les (hommes)/ femmes politiques présentes ( il y avait essentiellement des femmes ) avaient tendance à dire que les Don quichotte avaient joué un rôle utile de "conscientisation" du grand public. J’ avais dit à peu près la même chose il y a un mois...( Vertsrégion.MO.Novelli ])
Si les deux rôles ( celui de l’alerte, celui du travail de fond ) semblent complémentaires, il convient , néanmoins, d’admettre qu’ils n’ont médiatiquement ni le même prix, ni la même saveur.
Aux Don Quichotte la reconnaissance publique, la liesse de la victoire, les grandes idées...Aux associations, la mise en route concrète souvent laborieuse, le quotidien.
Mais c’est la FNARS qui a été chargée par le gouvernement de gérer "la sortie de crise" des SDF patronés par les "Enfants de Don Quichotte".
Certes, les Don Quichotte avaient mené une action avec courage et avec un certain panache. Mais après avoir gagné la guerre et signé la paix , c’est à dire la charte acceptée par les responsables politiques, les Don Quichotte qui le souhaitaient pouvaient passer à autre chose.
Par contre, l’essentiel, en terme opérationnel , restait à faire. Il fallait d’autres personnes, salariés et bénévoles , pour sortir de la crise, trouver des solutions concrètes, reloger les gens, les suivre ...
Cet Etat d’âme des militants associatifs est très partagé et n’est pas nouveau .
De nombreuses associations ou mouvements (il en va un peu de même des Verts) sont pris pris entre une double contrainte : d’une part le plus utile : transformer concrètement à petits pas la réalité chaque jour, soit par la gestion de structures (accueil d’urgence etc) soit par l’action politique concrète ( responsable de municipalité, de région etc...), et d’autre part le plus efficace sur le plan de la communication : débloquer le temps , l’énergie, l’argent nécessaires à l’efficacité médiatique .
Car la masse d’informations qui parvient aux medias est si grande, que ces derniers privilégient forcément le plus "médiatique".
Mais parce que l’interpellation sur les problèmes sociétaux est devenue un métier de specialiste mediatique, associations ou politiques , qui ont le sentiment d’échouer dans cette fonction, ont l’impression de perdre une part de leur identité ; même et surtout s’ils sont "compétents" dans leur action concrète. Or il n’est pas de politique publique nouvelle sans le préalable du repérage par la société de l’existence d’un problème. Et pour que ce problème soit perceptible, il faut l’interpellation de divers acteurs, relayée nationalement, pour alerter sur ce problème*.
Aujourd’hui cette fonction d’interpellation ne peut avoir lieu sans un relai des grands media nationaux.
Tout cela ne poserait pas trop de problème si derrière, le citoyen acquerrait aussi une vision correcte du temps et des moyens necessaires à la mise en oeuvre des choses,. Mais il est bien rare qu’il puisse avoir, via les media, une vision de la réalité, et de sa complexité.
Si la fonction d’interpellation devait se limiter aux coups mediatiques non suivis d’effets réelles et durables, la déception serait à la hauteur des reproches déjà adressées aux hommes et femmes politiques.
Et cela mettrait à mal l’engagement citoyen lui même.
Et que peut une société, lorsque chaque individu est livré au fatalisme absolu et n’exerce plus son devoir d’ingérence ?
L’acteur médiatique, ou mediatisé, doit donc informer honnétement de la complexité du réel et de la complémentarité des acteurs de l’ombre, sans le travail opérationnel et conceptuel desquels rien de solide n’existerait.
L’acteur politique aussi, doit avoir conscience de ces enjeux. S’il a appris à utiliser les media, sa responsabilité croit en proportion.

(*voir Pierre Muller et Jobert Muller l’analyse des politiques publique ed que" sais - je" et "Montchrestien" .)

Marie odile NOVELLI
Vice présidente du Conseil Régional Rhône Alpes
déléguée aux solidarités, à la politique de la vill eet au logement