Dette, la France en Faillite ?

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Dette publique : la France est-elle en faillite ?

Dette publique : la France est-elle en faillite ?

LEMONDE.FR | 03.01.06 | 17h08Mis à jour le 11.01.06 | 17h12

(Pour en savoir plus : voir rapport officiel MICHEL PEBEREAU,
Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.)

"Et non, ce n’est malheureusement pas un gag. C’est bien une dette de plus de 1000 milliards d’euros que la France, à l’instar de beaucoup d’autres pays, a accumulé au cours des années. Ce chiffre est tellement hallucinant qu’il faut le comparer à d’autres pour en prendre la mesure :
De nos jours, les experts de tous bords préfèrent le comparer au PIB, le produit intérieur brut : Fin 2004, la dette publique était l’équivalent de 65% des ressources produites en France (Non, il n’y a toujours pas de coquille dans ce document). Si on regarde les valeurs brutes, sans en déduire les augmentations du PIB, c’est pire. La dette représente aujourd’hui 4 fois le buget annuel de l’état !
Chaque année, la dette coûte environ 50 milliards d’euros : C’est l’équivalent de 20% du budget de l’état, soit 89% de l’impôt sur le revenu ou encore 140% de l’impôt sur les sociétés qui sert à payer les intérêts de la dette nationale. Pas la dette, hein ! Juste les intérêts. Malgré les avertissements répétés de Bruxelles, et des taux d’intérêts qui ont rarement été aussi bas, les choses empirent chaque année. Mais selon la formule consacrée, jusque là, tout va bien
Si on ramène ce chiffre à la population française, à la naissance, un petit français doit donc déjà 18 000 € à différents "investisseurs" ! Ça commence mal pour lui, mais on ne va pas lui confisquer sa tétine enfin, pour le moment Après tout, je m’en fous, j’ai pas de mômes. Ça m’est égal que les futures générations passent leurs vies à rembourser les délires de leurs ancêtres. J’espère que vous aussi, vous en profitez bien, hein ! Par ce que ça serait quand même assez comique de leur imposer ça pour des prunes. "
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Rompre avec la facilité de la dette publique,
Pour des finances publiques au service de notre croissance économique et de notre cohésion sociale,
MICHEL PEBEREAU.
Rapports officiels,
Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie
La situation financière de la France est très préoccupante. En 25 ans, la dette des administrations publiques a été multipliée par 5, pour atteindre désormais plus de 1 100 milliards d’euros. Le rapport de la Commission sur la dette publique présidée par Michel Pébereau offre une analyse saisissante des causes de cette situation et des risques qu’elle fait peser sur l’ensemble de l’économie française. S’appuyant sur une commission pluraliste, représentant tous les horizons politiques, le rapport dresse un tableau lucide des failles de l’appareil administratif français et de nos pratiques politiques et collectives qui ont abouti à accumuler les déficits publics depuis 25 ans. Il démontre le caractère désormais insoutenable de l’endettement public de la France, qui expose notre pays à un risque croissant d’asphyxie financière. Le rapport s’accompagne de 20 préconisations pour rompre très rapidement avec la facilité de la dette publique et doter les pouvoirs publics des capacités d’action nécessaires pour renforcer nos perspectives de croissance et de cohésion sociale....
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EXTRAITS DU POINT DE VUE DE FITOUSSI

"La dette publique américaine est, en proportion du revenu national, au même niveau que la dette publique française. La dette publique moyenne des pays de la zone euro est supérieure à la dette publique française. Et je ne sache pas que, par exemple, cette évolution de la dette publique ait nui aux intérêts américains, ni à la croissance économique, ni aux revenus du secteur privé

Je ne veux pas dire que toute dépense publique est légitime, le problème doit être plutôt posé en termes d’efficacité des dépenses publiques, de productivité des services rendus par l’Etat, plutôt qu’en termes de niveau d’endettement.
l’Etat ayant toujours le même âge ce qui équivaut à dire que l’Etat vit éternellement , n’a en réalité pas les mêmes contraintes de solvabilité qu’un agent privé Or un agent privé s’endette. Par exemple pour l’acquisition d’un logement ou la crétion d’une entreprise. L’erreur que l’on commet généralement est de considérer l’Etat comme un ménage. Un ménage doit avoir remboursé l’ensemble de son endettement avant sa mort, si je puis dire. Alors que l’Etat peut ne jamais rembourser. Cela ne signifie pas qu’il est insolvable, cela signifie simplement qu’il peut maintenir constant son niveau d’endettement.
Le secteur privé a besoin de détenir des titres de la dette publique pour des raisons de sécurité Les portefeuilles financiers des agents économiques sont constitués de titres plus ou moins risqués : des actions, des obligations sur les entreprises publiques et des titres de la dette publique. Or les titres de la dette publique sont les actifs les moins risqués. Il n’est donc absolument pas souhaitable que l’endettement d’un Etat soit nul."

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Ce qui a caractérisé cette période en France, mais aussi dans les autres pays de l’OCDE, c’est une baisse de l’investissement public en proportion du PIB. Ce qui a conduit en tout cas dans la zone euro à l’augmentation de la dette, ce sont deux éléments : le premier, c’est le niveau des taux d’intérêt qui a été trop élevé en moyenne dans les années 1990 ; le second, c’est le chômage de masse.
Car il faut comprendre que la plus grande partie des dépenses de l’Etat représente des dépenses de protection sociale. Et ces dépenses de protection sociale elles-mêmes ne sont pas toutes à proprement parler des dépenses. Par exemple les retraites, la santé, les allocations-chômage. Donc on voit bien que par la médiation du chômage, ces dépenses ne pouvaient qu’augmenter. Un chômage de masse signifie moins de cotisants, moins de personnes imposables, en même temps qu’une augmentation nécessaire des dépenses de transfert, car on ne peut pas laisser les populations sans aucunes ressources.

fin de l’extrait