Ségolène/Jury citoyens : Point de vue d’une Verte (2006)

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Démocratie : Point de vue sur les jury Citoyens de Ségolène Royal

Les jury Citoyens de Ségolène Royal et la démocratie

Il ne m’ appartient pas de prendre position sur tel ou telle candidat(e) socialiste.

Par contre , en tant qu’Ecologiste, je suis fortement interpellée par la question de la démocratie et de la participation des citoyens à la vie publique.

A ce titre, je pense que le procès qui est fait à Ségolène Royale est un mauvais procès.
Faire croire que nous n’avons pas besoin d’améliorer notre système de répresentation politique, ni le lien des français avec la vie politique, est une erreur majeure.
Estimer que les français n’ont pas besoin de donner leur avis entre deux élections, qu’ils doivent se contenter "de gérer le quotidien et de jouer aux boules, ce qui a "aussi" sa grandeur " comme disait à peu près Debré-père (cité par Roland CAYROL " dans l’émission C’dans l’air du 31/10/06 sur la 5), c’est une conception rétrograde.
Je ne la partage pas.
Ségolène Royal s’est peut être mal exprimée, surtout lorsqu’elle a remplacé le terme de "jury citoyen" par celui de "jury populaire", mais ses petits camarades socialistes , emboitant le pas à l’ UMP, ont vraiment poussé le bouchon trop loin lorsqu’ils l’ont taxée de populisme.

La participation citoyenne, sous forme de budget participatif (à Berlin ou à Porto Allegre), sous forme de conférences de consensus ou de jury d’assise (cliquer)
dans les pays nordiques, et d’autres formes encore à inventer, sont un complément nécessaire à la vie démocratique aujourd’hui.

Notre pays étouffe parce que, d’une certaine manière, la classe politique française "confisque" le débat politique de manière restrictive.
Quels sont les citoyens vraiment représentés par un parti ? Une minorité.
Quelle est la représentativité des députés choisis au sein de ces mêmes partis ?
Mauvaise : presque pas de femmes,encore moins d’habitants des quartiers,une majorité d’hommes agées et fonctionnaires, et une minorité de partis (presque pas de VERTS).
Comment imaginer que tous les problèmes peuvent être résolus par un (ou deux) partis ?
Et comment les seuls partis pourraient ils avoir réponse à toutes les questions sociétales ?

Même en admettant que les partis ont d’excellents experts, les experts ne peuvent avoir raison tous seuls. Nous souffrons de ne pas prendre le temps de poser les problèmes de société , et de ne pas prendre le temps de réflechir ensemble avant d’apporter des réponses rapides sur les inégalités, les retraites, l’endettement de la France etc...
Les membres des gouvernements , en bons représentants de partis, n’ont de cesse de présenter "à l’arrache" des solutions techniques, forcément idéologiques et/ou démagogiques, et non consensuelles.

Gouverner la France ce ne peut pas être apporter les solutions toutes prêtes sur un plateau sans prendre le temps de faire un état des lieux, croisé, à plusieurs : élus, corps intermédiaires "représentatifs" , experts techniques, usagers (qui ont eux aussi une forme d’expertise).
Si on ne le fait pas, on ne peut pas créer de consensus.
Le diagnostic partagé, non idéologique, est le premier temps du consensus. Ensuite, il faut confronter les solutions.

Les solutions ne sont pas toutes égales, d’abord parce qu’elles ne sont pas uniquement techniques.
Elles sont des réponses à des grands objectifs de société, des principes, des valeurs, qui fondent la cohésion sociale.

Chez nous en France, on peut faire réference à la liberté, à l’égalité et à la fraternité.
Il faut aujourd’hui y rajouter le respect de la planète, au sens environnemental du terme, sans lequel il n’y a pas de vie possible sur terre, et l’équité des rapports Nord Sud, sans lesquels il ne peut y avoir ni justice ni paix ou sécurité.
C’est sur les valeurs qu’il faut faut faire campagne, parce que ce sont elles qui distinguent les partis.
Ensuite, beaucoup de choses, beaucoup plus qu’on ne croit, peuvent être débattues.

Gouverner la France, ce n’est pas avoir déjà réponse à tout, c’est savoir créer de la cohésion sociale nationale et internationale tout en gérant au mieux "la machine", les appareils d’ Etat.
Pour ma part, j’aurais tendance à écarter un(e) candidat (e)
qui prétend avoir réponse à tout car je ne le crois pas capable d’avoir une démarche démocratique suffisante.

Marie Odile NOVELLI