Les Verts et l’économie

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Les Verts sont ils "contre le développement économique ?

Les Verts sont ils "contre le développement économique " ?

La question peut surprendre, mais elle est néanmoins parfois posée par certains de nos interlocuteurs. Les Verts, parce qu’ils essaient d’être vigilants par rapports aux risques sociétaux et environnementaux, seraient " contre " l’économie ?

C’est un vaste sujet que l’on ne peut pas expédier de quelques lignes rapides ou définitives. Je serais tentée d’abord de dire : quelle économie ? (Cf article l’économie est plurielle lire )
.

Mais pour aller à l’essentiel, je développerai 3 séries d’arguments.

I. Il me faut d’abord rappeler que les Verts sont les principaux promoteurs, parmi les partis politiques, du développement local, y compris par le développement de liens entre université et industrie.
- Les Verts sont promoteurs de l’innovation industrielle, et parfois les seuls pour ce qui concerne les énergies renouvelables, alors même que leur taux de croissance potentiel est parmi les plus élevé.
- Les Verts se battent pour que leurs collègues d’autres partis élus dans les collectivités locales anticipent les mutations industrielles, promeuvent les reconversions gàce aux potentiels d’innovation "durable".
Chez les Verts, les références à l’emploi sont omniprésentes lorsqu’il s’agit de promouvoir des technologies propres ou des reconversions anticipées.
Deux exemples rapides :
Au Conseil Régional Rhône Alpes, ma collègue Verte Hélène Blanchard chargée de l’environnement développe des aides à la production-reconversion "propre"(Verte) pour les TPE et l’artisanat, et je suis moi même en train de mettre en place une politique d’ appui ( financier, méthodologique, technique) au développement de la qualité environnementale du Bâtiment à usage social (habitat). Un secteur en pleine croissance.
Souvent, les partis plus classiques de droite et de gauche dont on dit qu’ils sont "eux,pour" l’économie, sont plus attachés à conserver l’existant même s’il n’est pas à terme économiquement et écologiquement viable qu’à aider activement aux mutations necessaires ! Un peu trop souvent oublieux des technologies propres ou écologiques, beaucoup d’élus classiques ont encore tendance à sous-estimer les impacts sociétaux et environnementaux négatifs.Or, ça n’est pas parce quelque chose est complexe qu’il faut refuser d’avancer...
Le rapport de l’économiste britanique Stern montre du reste que l’inaction face au réchauffement climatique est économiquement extrèmement pénalisant (cf article sur ce site).

II. Les Verts sont aussi les principaux promoteurs de l’ Economie sociale et solidaire, telles que les Scop.
Ces dernières constituent des formes coopératives d’économies bien développées dans des pays tels que l’Espagne, et sont une alternative à l’actionniariat des fonds de pension , donc une alternative aux délocalisations . Dans les Conseils régionaux en France, les Verts ont souvent en charge cette responsabilité. En PACA, C’est même un élu Vert qui est chargé de la responsabilité du développement économique dans son intégralité, des entreprises à l’économie solidaire. En Rhône Alpes, le dispositif d’aide à la reprise d’entreprises émane du groupe de travail présidé par un élu Vert. En tant que Vice présidente à la politique de la Ville,je soutiens pour ma part des (micro) crédits pour les entrepreneurs issus des quartiers en difficulté. Ailleurs, des Verts ont exceptionnellement en charge les finances ( dans des collectivités au départ réputées ingérables,endettées, telles que la région Picardie, avec un budget "planté") et ils s’en sortent plutôt très bien. Les Verts sont notamment vigilants face aux aides apportées aux entreprises privées sur fonds publics.

III. C’est concernant les rapports entre entreprises et environnement que les clivages sont effectivement les plus nombreux, entre les écologistes et la droite, mais aussi entre les écologistes et la gauche classique.

- En effet, les écologistes sont "regardant" sur la qualité, ils estiment qu’on ne peut pas produire n’importe quoi, à n’importe quel prix. Pourquoi ne comptabiliserait on pas les pollutions liées aux activités ? Est- il normal de polluer "gratuitement" l’eau, l’air, les sols (même si des efforts notables ont été faits depuis 30 ans, souvent gràce à l’europe, parlement où les verts sont plus nombreux qu’ailleurs ) ?
Est ce les Verts, ou les institutions, qui sont "en retard" ?
Les Verts, en tous cas les élus Verts, n’ont jamais demandé la fermeture brusque et définitive d’entreprises polluantes. Les Verts demandent par contre que l’on cesse de fermer les yeux, que l’on anticipe les reconversions économiques,que l’on réduise les risques et que l’on accompagne tout de suite, sans les remettre éternellement à plus tard, les mutations économiques, en impliquant les salariés .


- Il en va de même pour les entreprises innovantes dont l’activité est liée à de nouveaux risques :

ainsi, en amont, MINATEC à Grenoble constitue bien un secteur dont les risques à venir sont mal connus, mal appréhendés, mal maîtrisés mais potentiellement très importants. Aucune activité nouvelle n’est dénuée de risques. En France, le débat sur les nanotechnologies a du retard. Pour qu’il ait lieu, il faut parfois appuyer fortement sur la sonnette d’alarme. Il a fallu les excès de OGN** pour qu’il soit amorcé vraiment et il a fallu qu’ au Conseil régional, où nous sommes élus depuis deux ans, nous votions contre les subventions à MINATEC.
Il faut signaler que les Verts ne sont absolument pas contre la recherche, et n’ont pas "demandé" la fermeture de MINATEC ce qui leur vaut du reste de solides inimitiés du côté de OGN**.
Nous pensons qu’il nous faut reflechir le plus intelligemment possible sur ces questions. Le contraire serait irresponsable. Les micro-technologies sont certes utiles, et l’infiniment petit (nano)peut sans doute s’avérer techniquement prodigieux. Mais pas sans risques ! Il y a aussi des scientifiques pour le reconnaitre ! Le rapport de la CIA, dont le résumé vient de paraitre en poche, évoque du reste certains des risques liés aux nanobiotechnologies cliquer
Le voeu adopté à la dernière session à notre demande va dans ce sens (voir à la fin de l’article).

Concernant les risques liés aux nouvelles technologies telles que les nanotech, je renvoie simplement sans aucune polémique à l’avis du Comité de Prévention et de la Précaution sollicité en décembre par le Ministre de l’Écologie et du Développement durable  :
ecologie.gouv.fr


"Il ressort de l’analyse que les nanoparticules, du fait de leur très petite taille, peuvent susciter une réaction biologique et présenter un danger. Néanmoins, il n’existe pas actuellement suffisamment de données ni de méthodologies adaptées pour évaluer les risques pour la santé de l’homme. Compte tenu de ce constat, le CPP émet quatre séries de recommandations :
-recenser les nanoparticules issues des nanotechnologies et les filières de production ;
-produire de nouvelles connaissances ;
-adopter dès maintenant des mesures de précaution ;
-enfin, mettre en place une réflexion sociétale plus large et mieux appréhender l’évaluation des bénéfices et des risques engendrés par le développement de ces nanotechnologies. "

Marie Odile NOVELLI

*le CPP, crée en 1996, placé auprès du ministre chargé de l’environnement, composé d’une vingtaine de personnalités scientifiques reconnues pour leur compétence dans les domaines de l’environnement et de la santé. Il est présidé par le Professeur Alain GRIMFELD. Les membres du du Comité de Prévention et de la Précaution ont examiné les conséquences sanitaires possibles de la production de particules de taille nanométrique et les moyens existants pour organiser la vigilance collective et appréhender les risques.

** OGN : "Opposition Grenobloise aux Nécrotechnologies". Cité dans d’autres articles sur ce site.
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Voeu (extrait) :
Au vu des attendus précédents, la région Rhône-Alpes :
organisera dans les prochains mois un débat contradictoire et ouvert sur la question de l’impact des nanotechnologies ;
soutiendra les initiatives visant à créer une agence internationale de la production de nanoprojets et de leur mise en oeuvre dans une perspective de protection de l’homme et de son environnement
encouragera la création d’un pôle de recherche sur le thème " société- progrès- risque " lié à l’application des découvertes scientifiques, finance par des fonds publics, apte par sa production scientifique à animer le débat public citoyen sur les relations
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En savoir plus :
www.vivagora.org