MUNICIPALES GRENOBLE : situation politique

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Propos sur La situation politique grenobloise , Par Claude Jacquier

Propos sur La situation politique grenobloise


Par Claude Jacquier
Petite chronique silencieuse d’un siphonné de la cuvette et de la planète : Il était une fois, en mars,.la réinvention du politique ?

 
Il était une fois au sortir des années cinquante (1950 !) plusieurs listes qui s’affrontaient au premier tour d’une élection municipale dans une grande ville française. La liste du maire sortant de droite, gaulliste-MRP, affrontait alors deux prétendantes de gauche. La liste du maire sortant fût mise en ballotage et, à la surprise des médias, la jeune liste de gauche, citoyenne, plus novatrice, ayant milité notamment pour un service public de l’eau de qualité, arriva en tête de l’opposition devançant celle d’un parti de gauche (le parti communiste) alors dominant dans la commune et dans l’agglomération. Que croyez-vous qu’il arriva entre les deux tours ? La loi interdisant alors les fusions de second tour, la liste de la gauche traditionnelle se retira, non sans mal d’ailleurs, au profit des novateurs mieux placés. Au second tour, cette liste citoyenne l’emporta.

 
Cela se passait les 14 et 21 mars 1965 à Grenoble donnant ainsi le coup d’envoi d’un renouveau des manières de faire de la politique au niveau local et national. C’était, bien sûr, en d’autres temps…, il y a 49 ans, un jubilé. C’était le temps de l’innovation. C’était surtout le temps d’autres mœurs et d’autres pratiques où le respect des engagements et des promesses étaient encore des valeurs républicaines ! Il était une fois.

 
En 2014, les choses sont apparemment bien différentes à Grenoble à la veille du second tour des municipales. La liste sortante n’est plus de droite ! En fait, elle se dit de gauche ! Mais l’est-elle encore vraiment ? Après avoir, en 2008, « éliminé » les écologistes, trop regardants et trop exigeants sur le mode de gestion municipale, n’a-t-elle pas fait alliance avec le Modem et plus grave avec d’anciens élus compagnons d’un maire jadis condamné pour corruption pour s’être enrichi en privatisant le bien commun de l’eau. Ironie de l’histoire, l’eau est ce joyau d’une importance stratégique, hérité de l’équipe municipale de 1965 conduite par Hubert Dubedout. Arrivée en seconde position le 23 mars 2014, derrière la liste citoyenne, de gauche et écologiste, les sortants ont refusé sa main tendue pour un rassemblement élargi, bafouant ainsi les consignes nationales et, surtout, les valeurs républicaines ! Elle se voit privée désormais de son étiquette PS par les instances parisiennes. Que reste-t-il désormais à cette liste qui s’intitule divers gauche comme possibilités pour gagner le second tour ? Solliciter l’électorat « socialiste » abstentionniste de plus en plus incrédule et déboussolé par le manque de résultats (chômage) et par les dernières péripéties people-judiciaires nationales ? Plus surement, elle peut essayer de siphonner les voix des listes centristes et de droite qui ne peuvent se maintenir au second tour ? Il est vrai que, enfin « débarrassée » du logo PS, s’intitulant désormais divers gauche, elle peut donner le change. La concurrence va donc être rude entre cette liste PS dé-labellisée et les deux listes de droite et d’extrême-droite restées en piste pour se partager les dépouilles des listes du centre-droit disparues entre les deux tours. Le risque est grand aussi d’un marché de dupes avec le vote utilitariste d’électeurs jouant contre leur camp et se livrant à des « combinazione » pour des lendemains qui, assurément, déchanteront.

 
Toutes ces tambouilles de fond de cuvette sont bien compliquées à comprendre pour le citoyen comme d’ailleurs pour celui qui ne l’est plus (non inscrit, abstentionniste) ou qui n’a jamais pu l’être (étrangers non communautaires qui n’ont pas le droit de vote même s’ils contribuent fiscalement et par leurs compétences au bien commun). Dans mon quartier, au Village Olympique, qui vote traditionnellement socialiste, la participation qui était de plus de 70% à la fin des années soixante-dix a chuté à 42,8% en 2008 et à.33,9 en 2014. Un effondrement de la crédulité citoyenne ! Seulement 13% (592 personnes) de la population en âge de voter (4500 environ) s’exprime désormais ! Peut-on continuer ainsi avec un scrutin quasiment censitaire à l’heure où nous devons mobiliser toutes les énergies pour faire face aux défis ?
 

Que sont désormais devenus à Grenoble, cet intérêt général et surtout, ce bien commun à l’origine de ce beau nom de commune ? Dans ce monde complexe, largement ouvert sur la planète, soumis à de multiples enjeux et devant faire face à de multiples défis, l’intérêt bien compris de chacun devrait être de coopérer avec l’autre afin de retrouver les voies d’un développement plus soutenable pour toutes les générations actuelles et futures, d’où qu’elles viennent. Il y a urgence à le faire, non pas à l’échelle d’une Métropole dominatrice déjà dépassée avant que d’être, mais à celle de la région rurbaine grenobloise, vallées et montagnes, urbain et rural, dans ce Territoire RUrbain Soutenable en Transition (TRUST = confiance) du sud Isère, le nord étant inexorablement placé dans l’orbite lyonnaise.

 
C’est à cette échelle qu’il est possible de s’engager vers un autre modèle économique, social et environnemental, s’inscrivant pleinement dans les chaînes de valeurs planétaires, garant de la vie et de la dignité de toutes les populations et surtout des personnes les plus fragiles éloignées des services. Car, ne nous y trompons pas, les multiples échecs des conférences internationales sur notre sécurité collective (défis climatiques, menaces économiques, déclin démographique européen, grands programmes mobilisateurs, réformes nécessaires des institutions, etc.) nous placent devant une responsabilité : celle de nous adapter localement à ces mutations et à mettre tout en œuvre au quotidien, à hauteur des femmes et des hommes, pour faire face à des situations menaçantes. La transition, c’est maintenant ! Elle repose sur l’initiative individuelle, collective et communautaire (le bien commun). Elle nécessite des innovations et donc, surtout, des innovatrices et des innovateurs. On ne les forme, ni par décret, ni on ne les achète sur le marché. Libérons les énergies de cette région rurbaine qui est trop une Métropole racrapotée au pied des montagnes. Grenoble ne doit pas redevenir « ce quartier général de la petitesse » que critiquait Stendhal.dans les années cinquante (1850 !). Comme le disait Jean Bodin en 1577 « Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens vu qu’il n’y a de richesse, ni force que d’hommes ».et de femmes !
 

Dans la commune de Grenoble, il ne reste donc plus désormais en piste qu’une seule liste, vraiment en phase avec ces défis, une seule liste humaniste et innovante, capable de mettre en œuvre cette transition nécessaire vers un modèle de vie ouvert aux possibles et soutenable dans le temps face aux contraintes. Il faut « voter utile », et le vote utile, c’est, à l’évidence, pour cette liste citoyenne, de gauche humaniste et écologiste arrivée en tête au premier tour.
 

Tout cela comme on dit chez moi en Savoie, est moins grave que si c’était pire ! Mais attention, dans cette commune de Grenoble, avec ces arrangements politiciens des partis traditionnels, on n’a jamais été aussi proche du pire et c’est grave !
 

 
Claude Jacquier
Un siphonné de la cuvette et de la planète, parmi d’autres, de plus en plus nombreux

 
 
Claude Jacquier
Directeur de recherche