QUEL AVENIR POUR L’INDUSTRIE EN R. ALPES ?

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Quel avenir pour la production industrielle en France et en Europe ? L’actualité industrielle en Rhône Alpes (menaces sur le Photovoltaique Bosch à Venissieux, investissements onéreux à ST Micro-Electronics à Crolles) remet avec une grande régularité et acuité cette question sur la scène politique...

[Voir aussi
Crolles 2017 : Appliquer le serieux budgétaire aux entreprises ? La région dit non à l’amendement écologiste. voir].

Quel avenir pour la production industrielle en France et en Europe dans un contexte mondialisé ?


L’actualité industrielle en Rhône Alpes (menaces sur le Photovoltaique Bosch à Venissieux, investissements onéreux à ST Micro-Electronics à Crolles) remet avec une grande régularité et acuité cette question sur la scène politique :


En 2012 Mediapart faisait le tour des dossiers explosifs dans la corbeille de baptême du nouveau gouvernement (dont Fralib, unilever, Air France, Goodyear, Technicolor, la raffinerie Petroplus, et le secteur de la fonderie). voir sur ce site.

Aujourd’hui le site Bosch de Vénissieux de la filière photovoltaïque, est sur le point de fermer ses portes,
après la destruction de plus de 15 000 emplois dans le secteur en France.

Dans les secteurs en pointe, l’ Europe a trop tardé à réagir.

Parmi ces secteurs, certains, c’est vrai, sont plus sophistiqués que d’autres. (1)
Les entreprises de main d’oeuvre sont pénalisées en France et en Europe disait-on, mais tel n’était pas le cas de la recherche développement et ou des industries de pointe.
Las ! Sur ce plan là également, et faute d’une politique européenne volontariste, Européens et Francais se sont font tailler des croupières.
Comme le soulignait Yannick Jadot, Député Européen membre de la commission commerce international et qui se bat depuis des mois, l’ Europe ne se donne pas les moyens de contrer le dumping chinois.
voir l’intervention de Mars dernier

et
voirarticle Enviscope

En ce qui concerne la micro électronique en Isere (pompeusement baptisée "nanotechnologie" à Grenoble- Crolles), l’Europe a vraiment tardé à en faire un axe de développement (cf notre intervention déjà en 2008 voir notre article sur ce site
et aujourd’hui le soutien proposé n’est même plus créateur d’emplois
.

Les modalités d’intervention de la France sur ces secteurs à enjeux sont elles efficientes ?

Dans la guerre économique entre l’ Asie et L’Europe, l’ Asie l’emporte par un soutien étatique sans failles (Cf Taiwann sur la micro électronique : sur ce site ).
Pour autant, la question posée est celle ci : jusqu’où l’argent public, c’est à dire les impôts des citoyens, peut -il combler le gouffre ?

Régulation internationale, lutte contre le dumping d’un côté, et retour sur investissement de l’ autre, telles sont les questions d’efficacité de la dépense que l’on doit poser.

Les avances remboursables sont préférables aux "dons", et à mon sens plus dynamisantes. Et s’il faut investir, alors il convient que les pouvoirs publics ( Etat, collectivités locales) puissent être actionnaires et " n’engraissent" pas des actionnaires extérieurs.
Et c’est là que le bas blesse : pourquoi la France ne fait - elle pas évoluer sa législation en la matière ? A l’ Image des Länder allemands !

Les propositions du candidat Hollande par la voix
d’Alain Rousset, président du conseil régional d’Aquitaine, en charge du pôle industrie dans la campagne de François Hollande, étaient sur ce point pertinentes.

"On espère doter la BPI de 20 milliards d’euros de capitaux propres. (..) Le programme de François Hollande prévoit de doubler le plafond du LDD et d’affecter son produit à l’industrie. [En outre,] il faut régionaliser la distribution des fonds. Le centralisme français dessert l’industrie. En Allemagne, les Länder sont actionnaires des caisses d épargne, qui sont elles-mêmes actionnaires des ETI [ndlr : Entreprises de Taille Intermédiaire]. (..) Les dépôts issus du livret d’épargne industrie seraient centralisés à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). (..)La banque publique pourrait s’appuyer sur le savoir-faire de la CDC, qui a déjà pour mission le financement en fonds propres des PME via sa filiale CDC Entreprises (5,2 milliards d’euros sous gestion au 30 juin 2011). (..) Je ne suis pas sûr qu’il faille tout fusionner. On peut très bien avoir plusieurs structures de financement. Je n’ai pas de reproches à faire à Oséo. Elle a de bonnes actions, mais elle ne peut suppléer au retrait des banques, imposé par Bâle III. "

Et, donc, aujourd’hui ?
Quel rôle de l’ Etat et des régions ?
La question est d’actualité alors que l’on se prépare à investir à nouveau, aujourd’hui sans contreparties, dans la Micro- électronique à Crolles, tout en laissant tomber (?) Venissieux.

MO.N.

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(1)
Pour être claire : ceci ne justifie pas à mon sens un positionnement centré uniquement sur les industries d’avenir, en ce qui concerne le développement économique. L’économie est (devrait être) soumise aux enjeux du développement humain, et, outre que beaucoup de secteurs indispensables tels que l’économie de proximité, l’artisanat et les services
ne relèvent pas de l’innovation industrielle au sens strict, l’économie est plurielle, voir non marchande.
CF articles déjà anciens sur ce site et
sur ce site.