Liaison Grenoble-Sisteron

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Avis du groupe Verts sur le choix du tracé Grenoble-Sisteron.

Le Conseil Régional Rhône Alpes vient de voter une délibération
précisant qu’il ne financerait pas l’A51, et qu’il
privilégie l’ amélioration des nationales existantes ainsi que le fer.
Les raisons essentielles en sont financières et environnementales.
Pour les Verts, il s’agit aussi de questions d’aménagement du territoire et de santé des populations ainsi que de lutte contre l’effet de serre.
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Conseil Régional Rhône-Alpes.
Session de Juillet 05.
Rapport
05.06.595

Liaison Grenoble Sisteron

Avis du groupe Verts

Intervention de Marie-Odile NOVELLI

Vice Présidente du Conseil Régional
(solidarités, logement, politique de la ville, foncier)

Le projet de liaison entre Grenoble et Sisteron , aujourd’hui soumis au
débat public, est un projet important, emblématique et symbolique
à triple titre.

1/ D’abord, il atteste de l’avancée, chaotique mais réelle, de la démocratisation des procédures de décision publique.
(et, certes, Il aura fallu du temps, de la LOTI et de la loi
Bouchardeau à la mise en place de la commission nationale du débat
public... ). Encore peut-on noter que ce débat omet de porter la
réflexion sur l’ensemble de la zone concernée par cette liaison,
qui est plus large , puisque, au-delà de la traversée Nord-Sud, il
s’agit à la fois des déplacements de l’arc alpin, de Genève à
Marseille via le Grésivaudan et de Marseille au Fréjus via
Grenoble, et des déplacements de l’arc Rhin-Méditérranée,
comme l’établit le rapport Brossier, de Mulhouse à
Marseille, et même à l’Italie.

2/ Ensuite, ce projet est emblématique de l’évolution
de la manière dont on appréhende les questions d’aménagement du
territoire.

Quel est le rôle des autoroutes dans le développement équilibré et
durable des territoires traversés ? On est passé d’une vision magique
ou monolithique, où l’autoroute était la solution, le remède a tous les
problèmes supposés de développement, le mal identifié étant
"l’enclavement", a une vision nuancée. Pour autant, l’idée que la
création de voiries qu’on emprunte pour parcourir le plus rapidement
possible de grandes distances n’incite pas a s’arrêter dans le
pays traversé, n’est pas encore une évidence partagée. Mais lorsque les
centres commerciaux des grandes villes ne sont plus qu’à 15 minutes des
villages et bourgs, la concurrence risque fort de jouer dans un
sens défavorable à ces mêmes bourgs !

3/ Enfin, c’est un dossier emblématique de la question des nuisances environnementales liées aux transports.

A l’heure où nos voisins Suisses et Allemands ne veulent plus de
camions dans les Alpes, et s’en sont donné les moyens, où la population
Savoyarde et haut-savoyarde refuse la réouverture et l’extension
de tunnels routiers, ou les habitants des grandes agglomérations,
comme Grenoble, citent la pollution en tête des identifiants de
leur ville, il n’est plus possible d’avancer en aveugle ou en se
bouchant les oreilles.

d’autant que la surmortalité liée aux pollutions causées par les
transports a été mise en évidence par un certain nombre d’études
dont celle d’ ERPURS et de l’institut de veille sanitaire,
qui montre notamment l’existence d’une relation de cause à effet entre
la pollution atmosphérique et la mortalité respiratoire et
cardiovasculaire.

Il ne faut pas oublier, non plus, que les voitures et les camions
sont responsables d’un tiers des Emissions de Gaz a Effet de Serre....
Et qu’enfin, dans l’arbitrage à rendre entre les différents usages
concurrents du foncier, de plus en plus rare et cher, les
autoroutes jouent un rôle car elles consomment une part non négligeable
de la surface agricole (10ha/km2 en moyenne en zone de montagne).

Ce sont toutes ces question qui suscitent, depuis 20 ans que le dossier
de l’A51 est ouvert, la réflexion des associations, des écologistes et
des Verts. Des propositions alternatives ont été faites. j’y reviendrai
brièvement.

Les Verts, lorsqu’ils ont abandonné le "ni droite ni gauche", en ont
fait de la nature de la liaison Grenoble Sisteron une condition
essentielle de leur participation au Gouvernement Jospin. C’est donc
tout naturellement que cette question, incluant le refus de
contribuer en quoi que ce soit au financement de l’ A5, figure dans
le plan de mandature de l’exécutif de R. Alpes, et nous nous en
réjouissons.

Les Rhônalpins, qui ont élu une majorité de gauche et
écologiste, ne comprendraient pas que cette majorité ne fasse pas des
choix clairs, et n’investisse pas son argent dans le transport fret et
voyageur par le rail, y compris dans l’électrification des voies,
notamment celles de l’axe alpin (j’en cite pour preuve le "trou"
d’électrification incompréhensible entre Chambéry et Grenoble) ..

Le rapport qui nous est proposé aujourd’hui suscite donc tout notre
intérêt. Pour autant, ce n’est pas tout à fait un rapport
écologiste. Permettez-moi donc d’y ajouter quelques remarques :

- Le tracé sur lequel il est proposé de procéder à des aménagements
(la RN75 et accessoirement RN85) est le plus simple et le moins
onéreux. Pour autant, il fait l’impasse sur l’aménagement souhaitable
d’autres routes nationales : outre Gap, il faudrait citer aussi la
route de Briançon, depuis Gap et Grenoble.
- La question peut être posée, également, d’un axe
ferroviaire complémentaire au Lyon Turin de Marseille à Turin par
le Mont Genevre. Si PACA s’engageait a améliorer la partie rail, (ce
qui est une nécessité) la réalisation de cet axe -dont le tunnel
du Mont Genevre, estimé a 2 Milliards d’euros-, permettrait a Rhône
Alpes et PACA d’avoir une politique de transports dignes de ce nom. Si
l’on prend en compte le coût global de l’autoroute (A48 , et TNS
grenobloise inclus, soit environ 8 milliards d’euros), c’est faisable.

L’enjeu aujourd’hui, pour notre groupe, mais aussi pour un nombre
croissant d’associations, est de réaliser un vrai transfert modal
sur le rail. Ceci implique le refus de nouvelles voies ou de nouvelles
percées alpines. C’est ce que sous-entendait le protocole transport de
la convention alpine, qui spécifie que ne peut avoir lieu aucune
création engendrant de nouveaux flux. C’est du reste si clair que le
sénat, inquiet, a déposé récemment un amendement excluant de ce
protocole l’A51.

Mais exclure l’ A51 des traversées alpines, c’est une vision
politicienne , ça n’est pas une vision réaliste : on
n’enferme pas les flux, par définition. Ce n’est pas parce qu’on borne
une autoroute (ex, au hasard, St Etienne Lyon) que les camions
partis de St Etienne s’arrêteront à Lyon. Pour cette raison, il faut
avoir conscience que la fonction explicite de l’ A51 est le délestage
du trafic Nord Sud, mais que sa fonction annexe implicite est
transalpine, de la Méditerranée au Fréjus, (et a Mulhouse).

Je n’ ai pas besoin d’insister sur l’effet dévastateur, en terme
de protection de l’environnement, de l’hypothèse de délestage de l’ A7
sur les alpes : chacun sait combien les vallées alpines sont un
lieu spécifique, particulièrement sensible à la
pollution (en raison des faibles possibilités de
dispersion de la pollution, de la présence fréquente
d’inversions thermiques, et de la fragilité des écosystèmes rencontrés.
)

Pour conclure : alors que toute construction routière
a grand gabarit appelle un surcroît de circulation, constatation
jamais démentie par les faits, et que le financement des
autoroutes par l’ Etat devient aléatoire (elles seront financées
par les contraventions des automobilistes surpris en
flagrant délit d’excès de vitesse par les radars de M. Sarkozy) il
convient de choisir soigneusement mais résolument les objets
d’investissement de l’argent public.

La mise en place de véritables alternatives ferroviaires
durables, est un vrai projet de développement pour une région
comme Rhône-Alpes .

Autant il est peu intéressant pour les Rhônalpins d’accueillir à bras
ouverts les camions venus d’Autriche ou d’ Allemagne à destination de
l’Espagne, autant il est ambitieux, utile, indispensable, d’investir à
long terme dans de véritables alternatives modales ferroviaires.
Monsieur le Président, monsieur le vice Président, nous vous souhaitons
de tout coeur de pouvoir faire de Rhône-Alpes une région en
tête dans ce domaine.

Ces quelques remarques et souhaits formulés, notre groupe votera ce rapport. Je vous remercie.

Pour en savoir plus :

Le site de la FNAUT