Films à voir : SKYFALL de F.Ozon et ’Dans la Maison’ de S.Mendes

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

J’ ai beaucoup aimé "dans la Maison" de François Ozon et Skyfal de Sam Mendes

J’ ai beaucoup aimé "dans la Maison" de François Ozon et Skyfal de Sam Mendes

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Sky fall :

Le film démarre comme un james bond classique avec ses violences, son lot d’exploits improbables, rocambolesques ou burlesques.
Pas pour longtemps.
Si james bond reprend du service, l’époque n’est plus la même.
Lui- même a vieilli.
Il est le héros un peu déclinant d’une époque instable, le représentant d’un pays occidental qui se fait damner le pion par l’Asie, dans un monde où les conflits géopolitiques jadis clairement structurés (l’ Ouest contre l’Est) ont cédé le pas à l’initiative violente d’aventuriers, et où les conflits sont plus générationnels et culturels que politiques : les virtuoses des TIC veulent se débarrasser des héros de l’espionnage à "l’ancienne".
Le MI6 est sous le coup d’une double menace, interne et externe.
Cette ambiance crépusculaire sous-jacente oblige le héros à un sursaut : se transformer ou mourir.
Il meurt, d’abord, tenté tenté par la disparition , après avoir été donné pour mort lors d’une mission en Turquie.
Mais l’explosion du MI 6 réveille son patriotisme endormi et il reprend du service. Bien qu’ en mauvais état physique, il reste le seul allié de ’M.’, responsable du MI, fortement contestée par Mallory, le Président du Comité pour le renseignement et la sécurité.
L’on assiste alors à une nouvelle course poursuite, double : contre l’ennemi, et une autre d’ordre plus psycho-philosophique.

Une double quête
Une quête globale acharnée et violente reprend donc, d’où Bond sort vainqueur mais pas indemne : quelle est le poids de la vie, face à la sécurité d’ Etat ? Qu’est ce qui prime en termes de valeurs ?
Les doutes qui se sont emparés de l’occident et de ses héros sont l’un des moteurs du film en même temps que les clins d’oeil aux films passés du personnage mythique de James Bond.
Au passage les invraisemblances ont diminué, le baroque aussi même si l’on rit encore.
La mort, la sienne et celle de chacun, n’est pas gommée, ni vraiment traitée sur le mode de l ’ humour ou de la dérision, elle figure en symboles et images esthétiques : le sang éclate en fleurs rouges sur des tombes et des croix fantomatiques comme sur le seuil d’un nouveau monde.
Les personnages secondaires sont eux aussi intéressant, notamment la vieille directrice du MI 6, M , et l’ennemi terroriste SILVA dont la liberté folle cache à peine l’ancienne souffrance. Deux seconds rôles de nature archétypale , l’une, "M", incarnant la Mère sévère voire injuste ainsi que l’Institution et la Nation dans leurs splendeurs déclinante ; l’autre, Silva, incarnation du fils prodigue de la même Mère symbolique, tourmenté, amoureux déçu et déchu.

Au final, ce que cherche le héros tient en un mot : résurrection.

Comment à partir de cette réalité qui s’impose (le veillissement, les blessures, le déclin, l’expérience et les valeurs anciennes…) du héros et de l’occident, l’homme peut il recréer quelque chose de nouveau, autre chose ?
Et comment, aujourd’hui, revisiter le héros mythique James Bond ?
Pari réussi pour moi.
MO-N. - Le 3.11.12 .

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Dans la Maison de F. OZON

Un prof de Francais classique et assez aigri (Fabrice Luchini) aux relations maritales assoupies (il vit avec Christine Scot-Thomas, gérante d’une galerie d’art), découvre un jeune élève talentueux et pervers.
Devoir après devoir- de Français-, Claude, jeune écrivain plutôt doué, décrit son intrusion dans une famille "ordinaire" de la classe moyenne.
Et le Maitre "plonge", attends avec impatience chaque nouvel épisode, commente avec sa femme chaque nouvel écrit.
Qui manipule qui ?
Evidement, on découvre rapidement ou croit découvrir que la famille normale ne l’est pas. Le couple non plus.
Mais le principal sujet est surtout l’ambiguïté et la richesse de la création artistique.
Au delà de la richesse matérielle, qu’est ce qui reste quand on n’a plus rien ?
Indiscutablement, l’ art et la faculté de créer.

Disons le, on a vraiment plaisir à voir ce film, et l’intrigue psychologique est tellement bien menée que le film continue à faire réfléchir et à alimenter les conversations après la séance.
Enfin sur un plan plus strictement éducatif, ce film me parait très intéressant pour réfléchir à la fonction de l’art, permettre de reconnaitre la forces des émotions , mettre des mots sur ce qui est ressenti, en un mot, dans notre civilisation de l’image et du virtuel, apprendre à distinguer comportements et émotions, les émotions devant être non seulement autorisées mais reconnues là où les comportements sont interdits.

MO-N. - Le 3.11.12 .