Négociations climat Durban Dec.2011 : quasi defaite

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

La 17 eme conférence de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques s’est achevée le 12 Decembre 2011. Le texte adopté est en dessous du minimum acceptable, tout juste sauve t’on un Protocole de Kyoto vidé de ses acteurs principaux et le principe de continuer à travailler sur un nouvel instrument légal...Ce n’est pas la planète qui est en danger, mais l’homme. Et la biodiversité qui le nourri

Durban : quasi défaite des négociations sur le climat

La 17ème conférence de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques s’est achevée le 12 Decembre 2011. Le texte adopté est en dessous du minimum acceptable, tout juste sauve t’on un Protocole de Kyoto vidé de ses acteurs principaux et le principe de continuer à travailler sur un nouvel instrument légal.
"A Durban on s’est mis d’accord pour continuer à discuter en vue d’un accord, en 2015 !"

Pourtant la situation est grave :

Voir la carte des impacts, fruit du travail du National Center for Atmospheric Research (Etats-Unis) et du Hadley Center for Climate Prediction and Research (Grande-Bretagne) .
La température globale de la planète augmentera de 4° à 5°C d’ici cinquante ans si les taux d’émissions actuels se poursuivent.
D’ores et déjà, nous ne pouvons pas revenir en arrière, il nous faudra gérer l’evolution de l’agriculture, les secheresses et tempètes suivant les lieux, le niveau de la mer augmentant, les réfugiés climatiques sur les routes.
Ce n’est pas la planète qui est en danger, mais l’homme. Et la biodiversité qui le nourrit.

Les enjeux de la conférence de Durban définis brièvement par Yannick Jadot :
"Afin de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C, plusieurs aspects sont primordiaux : il faut mettre en place les engagements pris à Cancun l’année dernière, notamment sur la structure d’adaptation aux changements climatiques et le financement pour les pays en développement, et permettre le fonctionnement d’un Fonds vert pour le climat. Autre enjeu majeur : l’avenir du Protocole de Kyoto : y aura-t-il une deuxième période d’engagement après 2012 ? Si oui, selon quel cadre légal ? Ce cadre sera-t-il contraignant ? "

Alors ?
Si les députés Europens Verts /ALE - EELV, dont une partie était présente à Durban, affichaient un un regard nuancé
"L’UE leader d’un accord dont l’essentiel est toutefois reporté à plus tard", telle n’est pas l’opinion de la candidate Eva Joly dont le journal Le point s’est fait l’ Echo .
A noter que certaines ONG sont cependant encore plus sevères.

Eva Joly , candidate Europe Ecologie – Les Verts à l’élection présidentielle :

« C’est un échec collectif des dirigeants mondiaux. A cause leur incapacité à s’accorder depuis Copenhague, nous vivons un moment dramatique, le danger climatique grandit. »

La candidate d’Europe Écologie-Les Verts à l’élection présidentielle, Eva Joly, a qualifié dimanche "d’échec collectif des dirigeants mondiaux" la conférence de Durban sur le climat, qui s’est achevée dans la nuit, appelant à retrouver "l’esprit de Rio". Dans un communiqué, Mme Joly estime que "l’Europe doit renforcer son ambition climatique" et "appelle tous les candidats à la présidentielle à s’engager sur un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre françaises de 30 % d’ici 2020".

"L’incapacité à transcender les intérêts particuliers de certains grands États ou acteurs économiques détruit peu à peu la mobilisation internationale sur le climat", affirme la candidate écologiste. "C’est un échec collectif des dirigeants mondiaux. À cause de leur incapacité à s’accorder depuis Copenhague, nous vivons un moment dramatique, le danger climatique grandit. Certains pays portent une lourde responsabilité, en particulier les États-Unis", écrit Eva Joly. Selon elle, "si l’Union européenne a eu un comportement positif, elle doit résister aux tentations de maquiller ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre en renonçant à ses droits d’émission passés".

"Le processus de négociation ne va pas assez vite pour faire face à l’urgence climatique. Le nier n’est pas la solution et nous condamnerait à la désespérance des peuples. Il est encore temps : la Convention climat de l’ONU est née en 1992 à Rio. En juin, vingt ans après, les dirigeants du monde y ont de nouveau rendez-vous. Après Durban, il faut un sursaut citoyen pour que Rio+20 retrouve l’esprit de Rio", conclut Eva Joly. Les représentants de quelque 190 pays ont adopté dimanche une feuille de route vers un accord pour tous les pays de la planète en 2015 sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, lors de la conférence climat de Durban (Afrique du Sud).

Ce point de vue est moins sévère que celui de certaines ONG.

Le Nouvel Observteur, qui n’est pas un journal gauchiste, écrit :

Un protocole de Kyoto prolongé mais rétréci, des pays en moins

Le protocole de Kyoto, adopté en 1997 et en vigueur depuis 2005, est à ce jour le seul traité international sur le climat. Il fixe des objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) à une quarantaine de pays industrialisés, à l’exception notable des Etats-Unis qui ne l’ont pas ratifié. Il ne s’applique pas non plus aux grands émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil.
Les pays en développement exigeaient de nouveaux engagements de la part des industrialisés à l’issue de la première période d’engagements (2008-2012) au nom de leur responsabilité "historique" dans le réchauffement de la planète.
La décision de Durban prévoit une deuxième période dont la durée (5 ou 8 ans) doit encore être débattue. Mais en l’absence du Canada, de la Russie et du Japon, qui ont refusé de renouveler l’exercice, ces nouveaux engagements contraignants ne s’appliqueront qu’à environ 15% des émissions mondiales.

Une "feuille de route" vers un (possible) accord en 2015

En échange d’une seconde période d’engagements sur Kyoto, l’Union européenne demandait que soit tracée à Durban une "feuille de route" vers un nouveau cadre juridique contraignant qui impliquerait tous les pays. Un accord qui serait signé en 2015 pour une entrée en vigueur à partir de 2020.
Ce cadre a été défini comme "un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale", formulation suffisamment large pour avoir permis un consensus à Durban mais qui devra être précisée d’ici 2015.

Un Fonds vert opérationnel mais vide

La décision rend opérationnel le Fonds vert, mécanisme financier acté à Cancun en 2010, pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Une formulation a été trouvée pour contourner les réserves émises lors de la première semaine de la conférence par les Etats-Unis, sur la "personnalité juridique" de ce mécanisme. Ce Fonds vert doit acheminer des financements à partir de 2013 pour monter en puissance jusqu’en 2020, date à partir de laquelle les pays industrialisés ont promis de verser chaque année 100 milliards de dollars.
La conférence de Durban n’a en revanche pas permis de progrès notable sur la façon d’alimenter de ce fonds pour éviter qu’il reste une "coquille vide".

Davantage de vérifications

L’un des enjeux de Durban était aussi de mettre en oeuvre certaines des décisions de Cancun, notamment sur le sujet de la transparence et de la vérification possible des actions de réduction des différents pays.
Pour les pays développés, le texte adopté offre des pistes pour mieux suivre les actions au fur et à mesure et pas seulement à la fin en vérifiant après coup si l’objectif fixé a été atteint.
L’accord prévoit par ailleurs la mise en place d’un travail préparatoire pour éventuellement faire entrer l’agriculture, à l’origine de 15% des émissions de GES, dans le périmètre de la convention-climat de l’Onu.

Le Nouvel Observateur avec AFP